
Réforme de la formation initiale : audience au ministère
Le 11 avril 2025, la Fep-CFDT a été conviée au ministère pour évoquer la réforme de la formation initiale des professeurs de l’éducation nationale. Une réforme précipitée, sans réelle concertation, qui reprend quasi intégralement celle de juillet 2024. Elle s’appliquera dès la rentrée scolaire 2025.

Un dialogue de sourds
Vendredi 28 mars 2025, Elisabeth Borne et François Bayrou ont exposé la réforme aux médias avant les syndicats. Pourtant, la ministre s’était engagée lors de notre rencontre en février dernier à prévenir d’abord les syndicats (lire notre article). De plus, elle a diffusé dans la foulée un dossier de presse sur le site du ministère de l’Éducation nationale.
Ce n’est que le 11 avril 2025 que la réforme - qui avait été suspendue - a été présentée aux syndicats du privé, soit huit jours après celle du public— avec un texte quasiment identique à 2024 et sans aucune marge de manœuvre puisque le décret ne va pas tarder à être publié sans repasser en CCMMEP
On assiste à un vrai dialogue de sourds : retour à la case départ et consultation après les médias.
La réforme : ce qui va changer
Il s’agit une fois encore d’une réforme qui modifie la place du concours. À partir de la rentrée 2025, les candidats pourront se présenter au concours dès la L3 (avant M2). Une fois le concours obtenu, deux années de formation suivront :
- Une première année avec un contrat provisoire d’élève rémunéré (indice 366) soit 1400 euros net par mois
- Une deuxième année en tant que stagiaire (échelon 1), indice 395 soit 1800 euros net par mois
Pour cette année de « transition », deux concours (ancien et nouveau formats) coexisteront. Les lauréats entreront alors dans un nouveau parcours. Les masters MEEF disparaîtront.
Pour les professeurs des écoles, une nouvelle licence pluridisciplinaire – Licence Professorat des Ecoles dite LPE - sera accessible juste après le bac, avec une admissibilité automatique en L3 pour le concours. Il s’agira de rester vigilant pour que cette licence ait la même valeur qu’une autre licence universitaire.
Des groupes de travail seront mis en place pour présenter les maquettes de cette licence, les sujets zéro et l’organisation générale de la formation. La Fep-CFDT participera à l’ensemble de ces concertations pour lesquelles des « ajustements » seront possibles, nous dit-on.
Les revendications de la Fep-CFDT
Le 8 Juillet 2024, nos élus Fep-CFDT au comité consultatif ministériel des maîtres de l'enseignement privé – le CCMMEP - avaient déjà obtenu un vrai statut d’élève avec une rémunération en M1 de 1400 € au lieu d’une gratification de 900 €. C’est après des communiqués de presse pour demander le retrait de la réforme et un boycott du CCMMEP que la Fep-CFDT avait été entendue sur ses principales lignes rouges.
Elle réaffirme aujourd’hui la nécessité d’une formation équivalente pour les enseignants du public et du privé. Pour elle, une réforme de cette envergure doit se construire avec l’ensemble des acteurs concernés. Elle ne devrait donc pas s’appliquer dès la rentrée 2025 : il faut prendre le temps du dialogue social. De plus, les maquettes de la nouvelle licence et du nouveau Master ne seront pas validées avant mai 2025. Ainsi, la mise en œuvre précipitée à la rentrée 2025 va nécessairement malmener les formateurs, et les centres de formation comme les Isfec.
Enfin, cette réforme, à elle seule, ne répondra pas à l’attractivité du métier : on attend toujours des mesures concrètes pour les rémunérations, le déroulé et l’évolution de carrière ainsi que la QVCT.

Photo des secrétaires nationaux de la Fep-CFDT de gauche à droite : Carole Berlemont, Valérie Ginet, Jessica Bertrand (élues CCMMEP) et Damien Gillot (responsable Formation).