
L’autorité à l’école : nouvelle mission impossible du gouvernement
Suite à plusieurs drames dans des établissements scolaires, le Premier ministre, dans son discours du 18 avril 2024, ouvre un plan « autorité ». Il doit être exécuté en huit semaines. Le volet « autorité à l’école » a été lancé le vendredi 3 mai, en présence de la Fep-CFDT et du Sgen-CFDT.

La ministre de l’Éducation nationale a offert, une heure durant, une prestation descendante sans échange avec les syndicats, afin d’exposer le « volet éducatif » qu’elle pilote, lequel vient compléter les volets « justice » et « intérieur ».
Des mesures « choc »
La ministre n’a, une fois de plus, pas le choix de ne pas s’inclure dans le projet autoritaire du Premier ministre usant d’un vocabulaire guerrier d’une République qui « contre-attaque ». Toutefois, elle se veut plus nuancée en précisant qu’il ne faut pas confondre « autorité » et « autoritarisme » et pose ses objectifs : recueillir les analyses afin de chercher ensemble les bons outils et les bonnes pratiques. Les échanges s’articulent donc autour de trois questions : Comment responsabiliser les élèves ? Comment mieux impliquer et responsabiliser les parents ? Comment faire de l’école un lieu encore mieux protégé et qui protège encore mieux ?
La ministre a rappelé les premières mesures générales telles que la possibilité pour un élève d’assister à une audience en comparution immédiate, la création d’une force mobile scolaire dès septembre 2024, la sécurité à l’entrée d’établissements, la pause numérique. Elle a aussi exposé les nouvelles mesures : scolariser tous les collégiens en semaine de 8h à 18h, en commençant par les réseaux d’éducation prioritaire, avoir recours aux internats, faire participer les élèves aux tâches communes, se lever à l’arrivée du professeur, installer des Commissions éducatives en primaire, créer une mesure de responsabilisation à l’école primaire (réparer les dommages matériels occasionnés dans l’école), harmoniser dans toutes les écoles un régime de « punitions scolaires », établir un contrat entre les parents et les établissements scolaires, sanctionner les élèves perturbateurs aux examens et les pénaliser sur Parcoursup, et enfin préserver l’école des violences numériques.
Un manque de concertation dans un calendrier intenable
L’« autorité à l’Ecole » reprend la même méthode que celle du « choc des savoirs ». Il s’agit de tout mettre en place en huit semaines, dans un calendrier intenable et sans dialogue social. Alors que l’actuel casse-tête consiste à mettre en place à la rentrée prochaine la réforme de la classe de terminale des lycées professionnels, ainsi que celle du « choc des savoirs » ; il va falloir en plus appliquer de nouvelles mesures de sécurité qui, comme certaines mesures du choc des savoirs, ne sont pas encore définies.
Concrètement, la date butoir des concertations est fixée le 20 mai. Aussi, les acteurs locaux (Les Dasen (Directeurs académiques des services de l'Éducation nationale), les IPR (Inspecteurs académiques régionaux) et directeurs) ont jusqu’au 8 mai, jour férié, pour rendre leurs avis après des consultations flash. Les remontées des rectorats sont attendues le 13 mai, juste après le grand pont. Reste une semaine pour la consultation des syndicats. Pour la Fep-CFDT, ce sera le vendredi 17 mai, de manière improvisée, en marge d’une consultation sur la formation initiale, en une heure pour les deux sujets, en rassemblant tous les syndicats du privé.