
Formation initiale : une nouvelle licence « professorat des écoles »
Le 12 mai 2025, la Fep-CFDT a assisté à un deuxième groupe de travail sur la formation initiale. Il traitait spécifiquement de la licence de professeur des écoles. Si le ministère a rappelé que c'est dans le cadre de l'attractivité des métiers que cette réforme a été pensée, la Fep-CFDT a soulevé un certain nombre d’incohérences.

La licence « professorat des écoles » se veut une formation complète sur trois ans, avec un volume horaire d’au moins 1 570 heures et 10 semaines de stage. Elle est structurée autour de quatre blocs principaux, auxquels s’ajoute un bloc d’adaptation territoriale.
Bloc 1 – Savoirs pour enseigner à l’école primaire (1 110 h, 125 ECTS) : renforcement disciplinaire (français, mathématiques, sciences…). Ce bloc représente 70 % de la formation et prépare notamment aux épreuves disciplinaires du CRPE (Concours de recrutement de professeur des écoles).
Bloc 2 – Analyse des contextes d’enseignement-apprentissage (120 h, 15 ECTS) : processus d’apprentissage, diversité des élèves, gestion de classe.
Bloc 3 – Cadre institutionnel du métier (120 h, 15 ECTS) : valeurs républicaines, fonctionnement du système éducatif, droits et devoirs du fonctionnaire. Il comprend aussi une préparation à la seconde épreuve orale d’admission du CRPE.
Bloc 4 – Projet professionnel (120 h, 15 ECTS) : stages, travail en équipe, outils numériques, découverte d’autres métiers éducatifs.
Des enseignements complémentaires pourront être proposés selon les besoins identifiés localement, comme les langues régionales.
Les organismes de formation privés (catholiques ou non) qui souhaitent ouvrir cette licence doivent le faire savoir d’ici juin. Ils devront obligatoirement obtenir une convention avec une université publique pour garantir l’accréditation de la licence. Le nombre de places annoncées est de 5 000 pour le public et 500 pour le privé (chiffre non arrêté), correspondant au nombre de postes ouverts aux concours. L’administration donnera donc son aval pour des ouvertures.
Les étudiants inscrits en L3 dans une licence agréée pourraient être dispensés des épreuves écrites du CRPE à partir de 2028, sous réserve de la validation des crédits du bloc 1 (notamment en mathématiques et en français), sans compensation : c’est ce qu’on appelle le fast-track.
Les titulaires de cette licence qui n’auraient pas obtenu le concours pourront accéder à un master en tant que non-lauréats.
Les mesures transitoires
Une période transitoire s’étalera sur les années universitaires 2025-2026, 2026-2027 et 2027-2028, pendant laquelle deux types de concours coexisteront dans le premier et le second degré :
Un concours à bac +3 ;
un concours à bac +5 (maintenu uniquement pour l’agrégation).
Une réflexion est en cours concernant la tenue ou non des concours le même jour. Pour certaines disciplines, seul le concours bac +3 subsisterait.
Durant cette période, plusieurs profils seront concernés :
Les lauréats d’une L3 seront élèves en contrat provisoire pendant un an, puis stagiaires la seconde année ;
les lauréats d’un M1, en fonction de leur parcours universitaire et professionnel, seront soit stagiaires à 50 %, soit élèves stagiaires ;
les lauréats d’un M2 seront stagiaires à 50 % ou 100 %, selon leur parcours.
Pour en savoir davantage sur la réforme de la formation initiale, lire notre article.
La Fep-CFDT pointe des incohérences
La Fep-CFDT a souligné l’absence de prise en compte des épreuves du concours dans la réflexion. Elle attend toujours les sujets zéro, qu’elle a nouveau réclamés.
Le fait que les étudiants de la licence puissent bénéficier du fast-track, c'est-à-dire de la validation en contrôle continu de l'admissibilité du concours, pose le problème de la rupture d'égalité entre les candidats. Cette inégalité est accentuée par les places limitées d'accès à la licence, mais aussi par l'autorisation préalable de sa mise en place dans les universités et par le filtrage de Parcoursup. Les effets pervers du fast-track sont nombreux. Par exemple, certains étudiants pourraient suivre leur formation dans une académie et passer le concours dans une autre, ce qui créerait des inégalités d’accès car il n’y aura pas d’harmonie des notes données en contrôle continu dans toutes les universités.
La licence de professeur des écoles a été présentée comme une préparation au métier de professeur des écoles, et non comme une préparation au concours. Il s’agirait d’un continuum sur cinq ans. Toutefois, cette licence ne mène qu’à un seul métier, alors que l’esprit d’une licence serait l’ouverture de perspectives vers d’autres métiers de l’enseignement ou de l’éducation. La Fep-CFDT reste vigilante quant aux passerelles possibles en licence, en particulier en L2, pour les étudiants souhaitant s’orienter différemment.
La coexistence des deux concours bac +5 et bac +3 risque d’engendrer des répercussions sur l'emploi. La Fep-CFDT a demandé une projection des postes sur au moins les trois ans à venir.
La question de la tenue ou non des deux concours le même jour reste en suspens. La Fep-CFDT a rappelé l’importance de disposer de moyens humains suffisants dans l’administration pour faire face à l’organisation des doubles épreuves, soucieuse d’un personnel administratif déjà en surcharge.
Photo : Jessica Bertrand (élue au CCMMEP) et Damien Gillot (responsable formation)