La Fep-CFDT alerte le ministère sur les dérives dans les formations laïcité de l’Enseignement catholique
Depuis l’arrêté du 16 juillet 2021, l’ensemble des agents et agentes relevant du ministère de l’Éducation nationale doit être formé à la laïcité. Concernant les enseignants et enseignantes des établissements privés sous contrats du réseau de l’Enseignement catholique, les formations sont financées sur fonds publics par Formiris. Jusqu’à ce début d’année scolaire, moins de 5 000 personnes ont été formées.
Notre organisation, vigilante depuis le début des formations
Depuis 2021, la Fep-CFDT dénonce des accommodements avec le texte réglementaire et des dérives dans certaines formations réalisées et ce, jusque dans le fonctionnement même de la mise en œuvre des formations dans l’Enseignement catholique auprès du Secrétariat général et du ministère.
Nous pointons des formations problématiques à plusieurs titres :
- des formations dispensées par des formateurs et formatrices ayant mission d’Église ;
- des formateurs et formatrices peu formés à l’ingénierie de formation ;
- des sessions de formations avec un nombre trop important de participants et une organisation ne permettant pas d’acquérir de compétence formative ;
- une interprétation de la laïcité non conforme à l’arrêté et à la loi de 1905.
Mais, jusque-là, le ministère n’avait pas réagi.
Et dans un contexte où le secrétaire général de l’Enseignement catholique introduit de la confusion sur cette notion en parlant de prière en classe, dans un contexte où des atteintes à la laïcité ont régulièrement cours dans des établissements privés sous contrat, la Fep-CFDT renouvelle son appel à la vigilance.
Une intensification du nombre de formations qui s’accompagne de nouvelles dérives
L’Enseignement catholique, pour tenter de respecter l’obligation de former tous les agents et toutes les agentes à l’horizon 2026, a accentué son action de promotion du dispositif vers les directions d’établissements et les structures de formation de ses réseaux.
En 2025-2026, ce sont près de 50 000 enseignants et enseignantes qui devraient être formés. Cette intensification ne fait que redoubler le risque de dérives.
Nous avons des retours de syndicats territoriaux allant en ce sens. En Alsace, par exemple, de nombreux collègues d’établissements privés sous contrat sont tenus de participer à une journée de formation à la laïcité majoritairement animée par un prêtre remettant en cause le principe de neutralité des agents et agentes, leur demandant même de parler de leur foi dans le cadre de leurs cours. En Loire-Atlantique, on nous rapporte la multiplication de formations descendantes en gros effectifs. Dans la région Pays de la Loire, l’Enseignement catholique a prévu de former 17 000 personnes cette année scolaire. Comment bien former à la laïcité en deux heures ou en une demi-journée ? Comment bien former à la laïcité plus de cent personnes en même temps ?
Des modules de formation à distance équivoques
Les inquiétudes de notre fédération concernent aussi les modules d’autoformation déposés en 2024 par l’Enseignement catholique sur le site de l’Afadec et ouverts à toutes les enseignantes et tous les enseignants qui devraient suivre une formation laïcité. Certains développent une vision partielle et partiale de la laïcité et de la façon dont les établissements privés sous contrat s’y inscrivent. Sans éclairage précis, ces messages peuvent être sujets à des interprétations douteuses et à des dérives.
Un de ces modules concernant les enjeux politiques de la laïcité en France est centré sur l’intervention de l’universitaire Philippe Portier. Outre le fait de survoler la loi de 1905 pour parler de l’inscription de la laïcité dans la société française, il développe largement la place des musulmans en France dans ce module, lui donnant une place disproportionnée. Il y questionne la volonté d’intégration des populations musulmanes depuis 1985 parlant de « tropisme différentialiste » et de « communautarisme ». La présentation mélange des termes créant de la confusion parlant notamment d’« enracinement » de « population islamique ».
Notre fédération a fait part à l’Enseignement catholique de la difficulté liée à l’accès à de tels éléments, de cette façon, sans contrôle et sans explicitation ; elle a aussi interpellé le ministère pour recueillir son avis sur ces documents.
À l’heure où le ministère et le président de Formiris renégocient la convention délivrant les fonds de la formation des enseignants et enseignantes du privé sous contrat, ne faut-il pas exiger le strict respect de la transmission des valeurs de la République ?
Après consultation de notre organe exécutif, nous nous réservons le droit d’évaluer tous les recours possibles contre ces dérives.