Du texte à la réalité de terrain : L’inclusion scolaire
Lorsque nous lisons l’article sur le site education.gouv.fr sur “La scolarisation des élèves en situation de handicap”, nous pensons que l’état met tout en œuvre pour que ces enfants et ces jeunes puissent suivre une scolarité quasi normale, cependant la réalité est tout autre.
Cette différence entre texte et terrain vient du manque de moyens mis en œuvre par l'État. En effet, contrairement aux annonces gouvernementales, les moyens financiers et humains sont largement insuffisants.
Vers plus de mutualisation
Les académies ont peu de moyens financiers et reprochent aux MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées) de notifier à tour de bras sans tenir compte des réalités de terrain. Les académies souhaiteraient plus de propositions d’accompagnement mutualisées plutôt que “individualisées”. En effet, les demandes mutualisées correspondent à moins de 9 heures d'accompagnement et permettent à l’Accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) de suivre plusieurs élèves au cours d’une même semaine et dans un même établissement. En revanche, lorsqu’il s’agit d'accompagnement individualisé, ce temps consacré un élève unique peut varier, allant parfois jusqu’à vingt heures pour les moins autonomes. Dès lors, l’on comprend pourquoi l'État fait pression pour qu’il n’y ait plus d’élèves avec un accompagnement individualisé au regard de la pénurie d’AESH.
Les MDPH surchargées
Au niveau des MDPH, les demandes sont telles qu'elles sont dans l’incapacité de fournir un Projet personnalisé de scolarisation (PPS). Or, cette tâche incombe théoriquement aux équipes pluridisciplinaires de la MDPH, qui ont la charge de leur rédaction. Il s’agit d’un outil pour l’élaboration et l’accompagnement du parcours des élèves en situation de handicap. A partir du PPS, les Commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapés (CDAPH) déterminent le temps d’accompagnement et/ou les aides financières à apporter à la famille. Tout ceci demande du temps, des mois d’attentes et de souffrance pour tout élève qui aurait besoin d’une aide humaine. Les MDPH se contentent donc de déterminer le degré d'autonomie d'un élève pour calculer son temps d'accompagnement d’après le Guide d’EVAluation des besoins de compensation en matière de Scolarisation (GEVA-Sco), complété par les équipes éducatives. Le manque de PPS laisse souvent les établissements scolaires dans un grand désarroi face à ces élèves qu’ils ignorent parfois comment accompagner.
GEVA-Sco, une rédaction complexe
Lorsqu’ils complètent et rédigent ce GEVA-Sco, les collègues font preuve de beaucoup de bienveillance, ainsi que cela leur est demandé. Ils ont ainsi tendance à surévaluer les compétences des élèves et à sous-évaluer leurs besoins. Au final, ceci diminue les chances des élèves en situation de handicap d'avoir un temps d'accompagnement adapté. Les notations pour les compétences scolaires et d’autonomie sont évaluées au travers de lettres de A à D. Lorsque les notations A ou B déterminent un bon niveau d’autonomie, les notations C et D entraînent un accompagnement. C’est le nombre de C et de D qui déclenchera l’attribution d’un accompagnement mutualisé ou individualisé. Les commentaires accompagnant la notation d’un C ou d’un D sont très importants également. Beaucoup d’enseignants les négligent, par méconnaissance du système, alors qu’ils servent de support de décision aux CDAPH.
A quand une prise en compte du terrain ?
A quand un système qui saura s’adapter aux réalités de terrain ? Le nombre toujours plus grand d’élèves en situation de handicap et le manque d’accompagnants ne favorisent pas leur inclusion. La revalorisation des AESH est un échec puisqu’elle n’a pas permis de répondre aux besoins grandissants. Revoyez votre copie…
Et pourquoi ne pas chercher également des solutions dans une meilleure formation des enseignants, une limitation du nombre d’élèves dans les classes accueillant un élève en situation de handicap, moins de lourdeur dans le processus permettant qu’un élève puisse être accompagné, des inclusions partielles ou progressives pour les élèves fatigables ou ayant besoin d’un sas de décompression…