
Programme d’éducation à la sexualité : la CFDT fait entendre sa voix
Une commission spécialisée sur le projet de programme d’éducation à la sexualité s’est tenue récemment. Dans le cadre d’une délégation avec d’autres fédérations de la CFDT, la Fep a pu proposer des avancées significatives.

Réunie le mercredi 20 novembre 2024, cette commission a enfin été étudié le projet de programme d’éducation à la sexualité que le ministre Pap Ndiaye appelait déjà de ses vœux le 23 juin 2023. Les délégations CFDT ont travaillé de concert pour faire entendre leurs voix et proposer des améliorations au texte qui, du reste, offrait déjà de nombreuses avancées et satisfactions.
La CFDT soutient les programmes
La confédération s’est exprimée de la même voix que la Fep-CFDT et la CFDT Éducation, Formation, Recherche Publiques. Elle a soutenu la démarche porteuse de sens et d'enjeux pour toutes les femmes et les hommes de la société.
« Dans un moment où les connaissances accumulées ces dernières années obligent la société et donc l’école à organiser l'éducation de tous et de chacun sur les relations affectives et sexuelles, il nous parait important de rappeler ce que nous ont appris les travaux de la Civise. 160.000 agressions sexuelles chaque année dans le milieu familial. 5,4 millions d'adultes ayant subi des violences dans leur enfance. 25% des hommes de 18-34 ans estiment qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Le programme présenté est ambitieux et on y note de nombreuses et fortes avancées sur la diversité des sexualités, sur l’approche de toutes les différences, sur celle du genre, sur la lutte contre toutes les formes de discrimination et violences, sur la santé sexuelle »
Toutefois, la CFDT rappelle que seuls « 15% des élèves ont reçu les enseignements obligatoires de 2001 tout au long de leur scolarité ». Aussi, plus qu'une communication politique, elle demande des moyens.
« Il faut des moyens pour financer les formations initiale et continue des adultes (enseignants, éducateurs, personnels santé sociaux, vie scolaire).
Il faut des moyens dédiés (HSE, IMP) pour mettre en place ces programmes avec les acteurs associatifs locaux car c'est aussi un projet éducatif de territoire que nous portons au travers de ce sujet ».
Pour la CFDT, il faut donc alléger les programmes mais surtout inscrire les principes d'une éducation citoyenne, qui inclut les dimensions de relation affective et sexuelle, dans les programmes de toutes les disciplines.
Les deux fédérations CFDT de l’éducation proposent des améliorations
Cela fait maintenant un an et demi que la CFDT travaille sur le texte pour l’améliorer. En séance, le 20 décembre 2024, elle a encore proposé cinq axes d’amélioration.
La délégation a voulu tout d’abord insister sur la nécessaire inclusion des programmes dans les projets d’établissements et sur le besoin de développer des travaux interdisciplinaires sur le sujet engageant l’ensemble des personnels afin de donner cohérence et force au texte.
Elle a proposé des ajouts tout au long des quarante pages de programme concernant l’importance du développement de la confiance entre pairs. En effet, alors que le texte mentionne, à de nombreux endroits, les « adultes de confiance », les deux fédérations pensent nécessaire, pour accompagner la construction de futurs adultes qui trouveront leur place de façon équilibrée dans la société et au niveau du groupe, que les enfants et les adolescent·e·s développent des coopérations riches, équitables et équilibrées entre pairs, dans les espaces scolaires. Et cela passe par une confiance réciproque nourrie de la découverte de la richesse et de la diversité des membres du groupe.
Malgré les améliorations, les experts et expertes CFDT présent·e·s lors de la commission ont fait mention de la subsistance de formulations confinant à la binarité et aux assignations de genre dans le texte. Elle a proposé des modifications notamment sur les mentions des changements liés la puberté ou concernant la place de chacun et chacune dans la société afin de lever ces biais. Il et elle ont, par la même occasion, proposé d’introduire davantage de féminisation de termes, convaincu·e·s que l’on ne peut pas lutter contre les inégalités en invisibilisant le genre féminin dans le projet de programme dédié.
Une grande partie du projet de programme est développé du point de vue des potentielles victimes d’inégalités, de violences, d’agressions. Les interventions suivantes ont porté sur les occurrences concernant les réseaux sociaux, les situations d’agression ou encore les pratiques relationnelles, ainsi qu’à interroger le point de vue des agresseurs afin d’agir sur eux, de les sensibiliser, de les conscientiser pour directement réduire les situations et les risques.
Enfin, des termes moralisateurs ponctuaient encore le texte lorsqu’il a été présenté en séance. Les expressions de « sain et moral », de « norme » de « maîtrise de soi » devront, selon la délégation CFDT, être supprimées pour permettre une construction de chacun et chacune dans un environnement bienveillant et non jugeant.
À la suite de la séance, les fédérations ont fait parvenir toutes leurs propositions d’amendements à la Dgesco afin, espèrent-elles, qu’elles soient intégrées au texte en vue du Conseil supérieur de l’éducation qui devrait le voter au plus tard le 12 décembre.
Photo : Tristan BRAMS, Marie-Laurence GENDRINEAU, Alexis GUITTON, Aude PAUL, Damien GILLOT