
Pléthore de programmes au Conseil supérieur de l'éducation
90 nouveaux programmes ont été présentés au Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Ils comportent des améliorations notables de la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco) issues des demandes des syndicats. Si la CFDT s’est opposée aux programmes de mathématiques et de français du cycle 3, elle a donné un avis favorable concernant les langues vivantes étrangères au collège et au lycée.

Lors des premières discussions de janvier, la CFDT avait reproché, en plus du défaut de dialogue social, des programmes trop lourds, la place énorme laissée aux exemples de réussites, les listes d’ouvrages à lire, les points de vigilance, l’organisation précise du déroulement des enseignements, considérant que ces points relèvent davantage des documents d’accompagnement.
Ces éléments portent atteinte à la liberté pédagogique des professeur.e.s des écoles, pour ne pas dire infantilisent les collègues, en oubliant leurs compétences d’ingénierie et d’adaptation à la diversité des leurs classes et de leurs élèves (Lire notre article).
Les programmes de mathématiques et de français cycle 3, c’est toujours non
Les textes ensuite proposés en commissions spécialisées au mois de mars avaient très peu évolué, suscitant des remarques vives des syndicats. Puis, le jeudi 27 mars, lors du CSE, l'administration a présenté en séance une version beaucoup plus allégée. En effet, elle a supprimé la colonne des exemples de réussite dans les deux matières, ainsi que les listes des œuvres et des prolongements artistiques en français, déplaçant ces informations dans les documents d'accompagnement. La disparition de ces injonctions est donc une bonne chose pour la liberté pédagogique.
Mais il reste encore, hélas, des éléments inacceptables qui portent atteinte à la liberté pédagogique et à l'expertise des enseignants. En effet, les « points de vigilance » infantilisant les collègues n’ont toujours pas été retirés. De plus, en français, l'organisation quotidienne, hebdomadaire et annuelle de ce que les élèves doivent faire est une négation de leur diversité et contraint fortement les enseignants. Enfin, le délai jusqu’à la date prévue de mise en application est trop court : 2025 pour les rentrées en CM1 et 6ème et 2026 pour les CM2. Il reste moins de trois mois pour former tous les enseignat.e.s dans un contexte de coupes budgétaires pour la formation !
Aussi, pour toutes ces raisons, la CFDT, comme la plupart des organisations syndicales, a donné un avis négatif. La CFDT Éducation Formation, Recherche Publiques a même centré sa déclaration liminaire sur ces programmes.
De nouveaux programmes de langues vivantes étrangères
Ces programmes s’appliqueront dès la rentrée 2025 pour les 6e et les secondes, rentrée 2026 pour les 5ème, les premières et les terminales, rentrée 2027 pour les 4ème et enfin à la rentrée 2028 pour les 3ème . Les langues concernées sont l’allemand, l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, l’hébreu, l’italien, le japonais, le néerlandais, le polonais, le portugais et le russe. Un cadre commun pour les langues à faible diffusion a aussi été présenté. Comme pour les autres matières, les premières versions de ces programmes étaient trop lourdes, injonctives, portant atteinte à la liberté pédagogique des enseignants. Dans leur nouvelle mouture, les objets d’étude ne sont plus obligatoires, il s’agit désormais de propositions. Les enseignants peuvent donc les choisir en dehors de la liste proposée. Les syndicats ayant été écoutés par les Dgesco, ils ont majoritairement donné un avis favorable.
Il est enfin à noter que les nouveaux programmes de langues vivantes régionales seront bientôt présentés.
Mayotte, Parcoursup et Bétharram
Plusieurs textes ont été présentés pour aménager le Diplôme national du brevet, le Bac ainsi que le BTS à Mayotte, faisant suite au cyclone Chido.
Comme chaque année, la liste des formations privées incluses dans Parcoursup (343 pages) a été présentée. Si l’existence du supérieur privé est légitimée par la loi du 12 juillet 1875, les deux fédérations CFDT de l’Éducation appellent toutefois à une plus grande vigilance et surtout un plus grand contrôle par l’administration de ces établissements.
Enfin, actualité oblige, la Fep-CFDT a consacré sa déclaration liminaire au scandale de Bétharram (Lire ici).
Photographie : Marie-Laurence Gendrineau et Damien Gillot