
La réforme du lycée pro dégrade les conditions de travail
Jeudi 1er octobre 2025 se tenait le Conseil supérieur de l’éducation. Parmi les nombreux sujets abordés, plusieurs concernaient la réforme du lycée professionnel. Mise en place à la rentrée 2023, cette réforme connaît chaque année des ajustements qui aggravent la situation. La Fep-CFDT, qui s’y était opposée et avait agi par des boycotts et des grèves, est restée sur la même ligne politique, luttant contre la surcharge de travail des collègues. AvenirPro et le parcours en Y de quatre semaines ne répondent pas aux enjeux de la voie professionnelle.

AvenirPro : un nouveau dispositif insatisfaisant
Jusqu’alors, il existait Ambition emploi. Il s’agit d’un parcours s’adressant aux lycéens ayant achevé le lycée professionnel, sans solution de poursuite d'études ou d'emploi pour la rentrée, qu’ils aient obtenu ou non, leur diplôme. L’élève bénéficie d’un accompagnement personnalisé de 4 mois maximum dans son lycée ou dans une structure d'accueil locale. Il est accompagné vers une formation initiale complémentaire ou vers une insertion professionnelle.
Le nouveau dispositif AvenirPro prévu pour la rentrée 2025, prévoit deux phases :
- avant l’examen : une phase de préparation à l’insertion professionnelle des élèves au cours de leur dernière année de formation, fondée sur des interventions de conseillers de France Travail ou des missions locales auprès des jeunes, en concertation avec les équipes pédagogiques ;
-après l’examen : une seconde phase, dénommée AvenirPro+, qui reprend le parcours Ambition emploi.
La CFDT a soulevé plusieurs interrogations quant à sa mise en œuvre. En effet, si France Travail ou la Mission Locale doivent intervenir auprès des élèves, ils ne sont pas nécessairement disponibles sur les heures de soutien au parcours. De plus, qui doit prend contact avec eux et organiser les rencontres ? Est-ce encore du travail supplémentaire pour les professeurs principaux ? De plus, il n’y a pas eu de bilan du dispositif Ambition emploi et le ministère est dans l’incapacité de suivre l’insertion des cohortes. Les relations sont floues entre France Travail et le ministère. Il n’y a pas de moyens alloués. Comme cela aggrave les conditions de travail, la CFDT n’a pas soutenu ce projet.
Une modification du parcours en Y qui ne résout rien
Le ministère a décidé d’ajuster l’organisation du parcours différencié de classe de terminale à compter de la rentrée scolaire 2025. Le « parcours différencié » devient un « parcours personnalisé ». Ainsi, le nombre de semaines d’enseignement en classe de terminale passe de 22 semaines à 24 semaines, à compter de la rentrée scolaire 2025. Ces deux semaines supplémentaires ont vocation à permettre aux professeurs de disposer de plus de temps pour aider les élèves à mieux réussir l’examen. Les épreuves terminales du baccalauréat sont désormais décalées à la toute fin du mois de mai et au début du mois de juin. Le parcours de fin d’année de terminale passe de 6 à 4 semaines.
Concrètement, l’ajout de ces deux semaines de cours représente 62 heures d’enseignement, réparties sur les différents champs disciplinaires (enseignements professionnels et généraux, ainsi que soutien au parcours), sans changer les volumes hebdomadaires des élèves. Le volume horaire moyen hebdomadaire/élève pour la classe de terminale demeure donc à 31 heures. Les organisations horaires pour les classes de seconde et de première sont inchangées.
Une fois de plus, la CFDT déplore l’absence de réel bilan du parcours différencié de l’année dernière, qui a pourtant largement montré ses limites. Les conditions de travail dans les lycées professionnels ne cessent de se dégrader. Le parcours en Y, désormais limité à 4 semaines, n’apporte aucune amélioration concrète pour les élèves, comme pour les équipes. Aussi, la CFDT a réaffirmé son opposition à la réforme du lycée professionnel de 2024 en votant contre les ajustements proposés.