
Copie à revoir pour les programmes de langues vivantes du primaire
C’est sans aucune évaluation des anciens programmes, sans consultation des représentants des personnels, sans aucun dialogue social en amont, que le Conseil supérieur des programmes a sorti les projets de nouveaux programmes de langues vivantes étrangères et régionales pour les cycles 2 et 3. La Fep-CFDT a été consultée en septembre 2025. Elle a contesté la méthode et a rappelé qu’elle n’était pas demandeuse de nouveaux programmes, liés au Choc des savoirs. Le consensus général des organisations syndicales présentes est que les programmes sont trop ambitieux par rapport aux réalités du terrain et aux moyens disponibles. La copie est à revoir.

Concernant les langues régionales
Pour la Fep-CFDT, il est dommage que le programme soit calqué de près à celui des langues étrangères. Il aurait été préférable que l'enseignement en langues régionales soit complètement différencié. Le projet est certes ambitieux, mais les supports, contrairement à l'anglais par exemple, font cruellement défaut, comme nous l’avons souligné pour les programmes du secondaire. Il est regrettable aussi que les inspecteurs n’aient pas pris la peine d’informer les collègues de ces nouveaux programmes. Il aurait été souhaitable qu'un questionnaire soit envoyé dans les écoles concernées, afin de pointer les attentes et les manques. Et surtout, il aurait fallu mettre un gros budget sur la table plutôt que des supports parfois très compliqués à trouver.
Concernant l’ensemble du programme
Les programmes de langues vivantes étrangères et régionales pour les cycles 2 et 3 présentent plusieurs points positifs, axés sur une approche plus moderne et une intégration progressive. L’approche communicative et culturelle est intéressante : une priorité donnée à l'oral, un ancrage culturel, une approche actionnelle à travers des projets, la semaine des langues pour permettre aux élèves ayant d'autres langues à la maison, de les présenter à leurs camarades.
Toutefois, le consensus général des organisations syndicales est que les programmes sont trop ambitieux par rapport aux réalités du terrain et aux moyens disponibles.
Concernant l'écrit, le niveau attendu en fin de CM2 est jugé trop élevé, d'autant que de nombreux élèves rencontrent déjà des difficultés en français. Cela soulève aussi le risque que les élèves n'arrivent pas tous en 6e avec le même bagage.
Les programmes sont trop longs et détaillés : on passe de 5 à plus de 50 pages. Ils manquent de compétences lexicales et grammaticales clairement définies. L'anglais est surreprésenté, alors que d'autres langues sont plus pertinentes dans certaines régions. Les "points de vigilance" et des exemples devraient figurer dans des documents d'accompagnement plutôt que dans le programme en lui-même : cela porte atteinte à la liberté pédagogique. La mise en place de ces programmes exige des moyens supplémentaires, mais elle est confrontée à des restrictions budgétaires.
Les enseignants ont besoin de temps pour que les équipes intègrent ces nouveaux programmes d’autant qu’ils ont encore besoin de formation pour maîtriser les langues et leur enseignement.
Proposer de véritables outils clé en main aurait facilité la tâche pour les enseignants qui débutent ou qui souhaitent même faire de l'initiation dans les classes. Sans expérience et sans maîtrise totale de la langue, c'est mission impossible.
Il y a un décalage entre l'ambition ministérielle (les programmes) et les réalités pratiques : compétences des enseignants, effectifs, moyens, prise en compte des élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP). Les propositions des syndicats se concentrent principalement sur le renforcement des ressources humaines, la formation et l'adaptation des outils.
Aussi, la CFDT espère que le ministère tiendra compte des critiques apportées pour améliorer le texte, dans l’intérêt des élèves.