Pass Culture : des mesures qui ne passent pas

  • Système éducatif et réformes

Fin janvier 2025, la Fep-CFDT a pris connaissance du projet de gel des fonds alloués de la part collective du Pass Culture. De plus, il serait aussi envisagé de supprimer la part individuelle pour les jeunes n’ayant pas 17 ans. La Fep-CFDT réagit face à ce mépris du travail des collègues mais aussi face à la mise en danger de l’émancipation des élèves.

Pass Culture et projets scolaires

La part collective du Pass Culture reçue par nos établissements permet le financement concret de visites de musées, rencontres, ateliers, spectacles vivants… offrant à tous les élèves de s’ouvrir au monde, de sortir, de se nourrir intellectuellement. Ces sorties s'inscrivent généralement dans des projets annuels anticipés et préparés l’année précédente. Geler les alloués revient à stopper brutalement des actions et projets engagés, qui motivent pourtant les élèves. Cela casse une dynamique d’apprentissage. C’est un mépris du travail des collègues, mais aussi de leur engagement dans le parcours d’éducation artistique et culturelle. Ce parcours est pourtant essentiel, s’inscrivant pleinement dans des projets interdisciplinaires centrés sur des compétences transversales, mettant souvent les élèves en valeur. C’est aussi une pratique épanouissante et valorisante pour les enseignant∙e∙s.

 

Pass Culture et consommation individuelle

Le rapport de la Cour des comptes de décembre 2024 sur le premier bilan du Pass Culture, montre que l’utilisation de la part individuelle progresse et est de plus en plus utilisée à mesure que l’élève grandit. Ainsi, si 48 % des jeunes de 15 ans se sont inscrits, c’est 84 % d’entre eux entre 18 et 20 ans.

Mais ces chiffres cachent des inégalités et des disparités. Le Pass Culture n’a que partiellement réussi à toucher les jeunes les moins familiers des pratiques culturelles. Seuls 68 % des jeunes issus des classes populaires et dont les parents sont peu ou pas diplômés, ouvriers ou employés, ont activé leur Pass.

Le livre est le bien culturel le plus consommé, mais c'est aussi le cas pour les places de cinéma et de concert. Les autres formes de spectacle vivant par exemple, ne trouvent pas de nouveau public. Enfin, si rien ne garantit la qualité des biens culturels consommés, l’étude montre aussi qu’il y a un impact limité sur les pratiques culturelles des jeunes sur la durée.

 

La nécessité d’une politique culturelle émancipatrice

Que ce soit à l’école ou en dehors, la culture reste un moteur fort d’émancipation de la jeunesse. L’idéal serait que le jeune, quelle que soit son origine sociale et culturelle, puisse avoir des pratiques culturelles régulières, variées, qualitatives, différentes de son milieu d’origine. Mais le jeune ne peut pas consommer ce qu’il ne connaît pas. C’est à la culture de venir vers lui. C’est en ce sens que l’École est, une fois de plus, le meilleur vecteur d’émancipation.

Cela veut dire que le monde de la culture ne doit pas subir de coupes budgétaires, encore moins subir le contrecoup de la non-suppression des 4 000 postes d’enseignant∙e∙s. Il faut donner les moyens à la culture d’aller vers la jeunesse dans les quartiers, sur tous les territoires y compris ruraux et dans toutes les écoles, en travaillant étroitement avec les équipes pédagogiques.

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