Exigence des savoirs : Groupe de travail « école » au ministère

Publié le 13/11/2023

A sa demande, la Fep-CFDT a été invitée à une audition en bilatérale sur la réforme du primaire dans le cadre de la mission « exigence des savoirs ». Si la tonalité de l’échange a fort déplu, la Fep a tout de même su faire passer ses revendications.

Lundi 6 novembre après-midi, après plusieurs relances, le ministère convoque la Fep pour le mercredi matin. Conséquence de quoi le pôle « politique éducative » a eu moins d’une journée pour solliciter son réseau pédagogique primaire afin de nourrir ses propositions avec l’avis de collègues. Mais les réponses furent nombreuses, issues de la plupart des académies (outre-mer inclus) et d’établissements de réalités différentes (Instituts médico-éducatifs, réseau catholique, écoles juives).

Des collègues méprisés

Hélas, quelques déconvenues ont été essuyées lors du groupe de travail : malgré la demande d’une réunion en présentiel, celle-ci eut lieu en visio ; l’administration ne comportait que trois personnes au lieu des neuf prévues ; la Fep-CFDT a été confondue avec le Sgen. L’art d’être écouté sans être entendu. Les questions étaient orientées pour tenter, en vain, de faire accepter des manuels labellisés, l’utilité des évaluations nationales, la nécessité de recevoir les élèves en difficulté pendant les vacances, la modification des 108 heures, l’augmentation du nombre d’heures de français et de mathématiques au détriment d’autres matières.

Le plus scandaleux furent les propos de l’Inspecteur général lorsque la Fep-CFDT a évoqué l’épuisement des collègues : « De mon temps on travaillait 27 heures, ma classe avait 36 élèves et je faisais la cantine et l'étude dirigée le soir bénévolement et on ne se plaignait pas. ». Toujours selon lui, les enfants d’il y a 30 ans étaient les mêmes qu’aujourd’hui, l’exigence de la différenciation et la pression des parents étaient aussi les mêmes. Passons sur son mépris envers la CFDT toute entière. La Fep-CFDT a su lui répondre avec fermeté de manière argumentée.

L'organisation pédagogique

 La Fep-CFDT a fait part de son opposition à la surcharge des classes dès la maternelle ainsi qu’aux groupes de niveau. Elle a aussi pointé du doigt le manque de personnel (Agents spécialisés des écoles maternelles (ASEM), Accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), médecins scolaires, infirmières). Enfin, elle a rappelé son attachement aux activités pédagogiques complémentaires (APC) : les petits groupes de 5 élèves maximum sont en effet propices pour les faire progresser, à condition que ce ne soit pas pour l’élève un temps supplémentaire, et que ce temps soit placé dans l’emploi du temps.  C’est pour ces raisons que la Fep a demandé un vrai travail sur les rythmes scolaires, s’opposant aux dispositifs pendant les vacances scolaires car les élèves ont besoin de repos périodiquement. De même, les journées sont trop longues et cela nuit aux apprentissages.

Les contenus d’enseignement

Pour la Fep-CFDT, les programmes sont trop lourds, chargés et denses en général, avec la difficulté consistant à vouloir tout aborder si l’on désire bien les mettre en œuvre. Il faut laisser du temps aux apprentissages. La Fep-CFDT a pris l’exemple de la lourdeur des programmes d’histoire-géographie ne permettant pas aux élèves d’acquérir les repères. De plus, s’il y a difficulté pour asseoir les bases, notamment en français et mathématiques, il ne faut pas négliger les autres matières comme les arts. Les programmes doivent donc davantage répondre aux besoins des élèves, et moins s’éparpiller. Il faut plus de cohérence pour pousser à l’interdisciplinarité. Enfin, la Fep-CFDT a souligné la nécessité de poursuivre l’adaptation des programmes aux territoires d’outre-mer car cela à un sens pour les élèves.

Les pratiques pédagogiques

 Pour la Fep-CFDT, les évaluations nationales sont génératrices de stress chez les élèves et manquent de sens. De plus, la formation qui est considérée comme un enjeu majeur, doit être plus adaptée aux besoins des enseignants, notamment si l’on veut de l’innovation. La Fep-CFDT souhaite davantage de formations continues sur le temps de travail et s’oppose à la réforme de la formation initiale dans le 1er degré.

La Fep-CFDT prône aussi la liberté pédagogique, et se positionne naturellement contre tout manuel unique ou labellisé. Il faut faire confiance aux enseignant.e.s et en leurs méthodes, car ce sont aussi des pédagogues-chercheurs et surtout des professionnels.

La Fep-CFDT rappelle enfin que l’innovation pédagogique demande du temps de réflexion et de préparation. A ce propos, le sous-équipement des écoles en numérique n’est propice ni à l’innovation ni à la prise en compte des élèves à besoins particuliers.

Culture générale

Pour la Fep-CFDT, le développement de la culture générale doit se faire dans les cours déjà existants. C’est dès la maternelle qu’elle doit s’organiser autour du vocabulaire car celui-ci s’appauvrit. Il faut développer une culture générale plurielle et non formatée. C’est pour cela qu’il faut notamment mettre les moyens pour que tous les élèves, y compris des petites écoles rurales, puissent faire des sorties culturelles et avoir du temps hors-classe.