Exigence des savoirs : Groupe de travail « collège » au ministère

Publié le 15/11/2023

À sa demande, la Fep-CFDT a été invitée à une audition en bilatérale sur la réforme du collège dans le cadre de la mission « exigence des savoirs ».

C’est à 8 heures, un lundi, que ce groupe de travail a été fixé. Il est visiblement très difficile pour le ministère de planifier toutes ses consultations. L’inspecteur le prouve en parlant de rythme intense… l’écran de la visioconférence aussi : on y voit l’une de ses collègues connectées, encore dans la rue, courant pour ne pas arriver trop en retard… La confusion touche à son comble, lorsque les représentants de la Fep-CFDT sont interrogés sur un questionnaire qui ne leur a pas été envoyé. Heureusement, la richesse des réponses des nombreux collègues (d’établissements sous contrat catholique, juif ou laïc) consultés en amont, a nourri leur expertise et leur a permis de formuler critiques et propositions. Évidemment, comme lors de chaque groupe de travail, la Fep a pointé du doigt les mauvaises conditions de dialogue social.

DNB, formation continue, culture générale et bien-être

Les questions de l’administration ont spécialement porté sur le Diplôme national du brevet. Une interrogation sur l’existence de celui-ci est ainsi perceptible, sur la part de contrôle continu aussi, ainsi que sur le socle de compétences et son évaluation en fin de cycle 4. De nombreux collègues se montrent attachés à l’existence du DNB. Ils souhaitent que cet examen soit davantage valorisé, car trop d’écart est constaté entre le niveau de ce qui est vu durant l’année et celui des sujets d’épreuves finales. Cela entache leur crédibilité. Les élèves eux-mêmes ont fréquemment cette sensation d’épreuves faciles. Pourtant, comme l’a souligné l’administration, les résultats des épreuves écrites sont souvent décevants. Concernant la validation du socle et l’oral du brevet, la Fep-CFDT a noté certains détournements des établissements pour obtenir de bons résultats. Elle demande donc que les rectorats prennent leurs responsabilités et assurent un contrôle.

Concernant la formation continue, il semble que le ministère souhaite la rendre obligatoire, notamment dans les établissements. La Fep-CFDT a alerté sur les réalités propres à l’enseignements privé. Il faut améliorer le recueil des besoins, rendre les formations du public accessibles aux collègues du privé, notamment celles liées aux disciplines. Il est également nécessaire d’évaluer le contenu des formations Formiris.

Pour ce qui est de la culture générale, une baisse du niveau des élèves est constatée, qui représente un frein à leur réflexion et aux apprentissages. C’est un facteur plus discriminent que ceux que constituent le milieu social et le territoire. Pour la Fep-CFDT, la culture générale ne peut devenir une discipline à part entière. Elle est consubstantielle à chaque discipline et à tous les projets. L’administration doit favoriser la mise en œuvre de ces derniers, notamment par des aides financières et la gratuité de l’accès aux lieux culturels. La Fep-CFDT propose aussi un quart d’heure de lecture ou d’écriture en début d’après-midi et la ritualisation des sorties.

Curieusement, certaines questions ministérielles ont porté sur le bien-être. Pour la Fep-CFDT, celui-ci est lié à la réussite ainsi qu’au développement de la culture générale et des projets. Mais le collège a aussi besoin d’infirmières et de prise en charge des familles. En somme, d’une réforme sociale plus profonde.

L'organisation pédagogique

La Fep-CFDT rappelle l’hétérogénéité grandissante des publics en collège et les effectifs trop nombreux par classe. Elle refuse les classes de niveau. Elle propose plutôt : un maximum de 25 élèves par classe et des dédoublements en langue et sciences expérimentales ; la mise en place de soutien avec très peu d’élèves (10 au maximum) et des heures d’aide personnalisée à petits effectifs, pour toutes les classes.

L’inclusion est très lourde à gérer au collège. Trop d’enseignants ont l’impression de ne pas avoir les moyens de bien faire leur travail. Les AESH doivent être plus nombreux et davantage de moyens matériels et de formations sont nécessaires.

Pour toutes ces raisons, la différenciation est difficile au collège. Les collègues éprouvent des difficultés à gérer l’hétérogénéité : ils manquent de temps pour s’occuper des élèves les plus performants et ne se sentent pas assez formés ou équipés pour bien faire progresser ceux qui sont à besoins éducatifs particuliers.

La Fep-CFDT propose donc de prévoir du temps mensuel pour les concertations, reconnu et rémunéré, inclus dont les 18 heures, tout en refusant l’annualisation du temps de travail.

Les contenus d’enseignement

Pour la Fep-CFDT, le temps scolaire n’est pas le temps politique. Avant de changer les programmes, il faut en faire le bilan, afin de permettre une visibilité sur le long terme. Une fois de plus, la Fep a pointé du doigt leur lourdeur qui empêche de les terminer. Il faut créer davantage de lien entre ceux de différentes matières pour faire moins, mais mieux. Les alléger permettrait de dégager du temps pour les projets et l’interdisciplinarité. Des heures pourraient ainsi être dédiées à des dispositifs tels les IDD, TPE, EPI, enseignements d’exploration.

Les EMI, HDA, parcours, EPI… ont du mal à être mis en œuvre malgré la volonté de le faire. C’est surtout de liberté pédagogique dont ont besoin les enseignants pour mettre en place les projets, sans dispositifs de type « usine à gaz ».

Un des enjeux du collège reste l’orthographe, la maîtrise du vocabulaire et de la syntaxe.

Pour la Fep-CFDT, la labellisation des manuels est un non-sens, car elle signifie une entrave à la liberté de choix et à la confiance que l’on doit aux enseignants. Un sujet déjà sensible dans certains établissements sous contrat où une censure s’exerce dans certains CDI ou cours.