La stratégie nationale « Autisme et TND » : bilan et perspectives

  • Inclusion et handicap

La stratégie nationale « Autisme/TND » (Trouble du neuro-développement) lancée en 2018 devait être reconduite d’après Elisabeth Borne.  Qu’en sera-t-il maintenant avec notre nouveau ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray ?

 

Quelle est donc cette stratégie et qui sont ces élèves atteints de TND ?

Les TND (Troubles du neuro-développement) regroupent le trouble du spectre de l’autisme mais également les troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie), les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité, les troubles moteurs (dyspraxie mais aussi tics…), le handicap intellectuel, l’épilepsie…

D’après le bilan de cette stratégie nationale, le taux des personnes atteintes par ces TND a triplé depuis 2017. Mais qu’est-ce qui a bien pu être mis en place dans cette stratégie « Autisme et TND » pour que nous puissions avoir une telle augmentation de la prévalence en l’espace de 6 ans ?

La prévalence, c’est le nombre de personnes atteintes à un instant donné, dans une population donnée. L’estimation des enfants nés avec un TND est passée de 5% en 2017 à un taux compris entre 12 et 15% aujourd’hui en fonction des lieux. Les TSA (Trouble du spectre autistique) seraient, dans le même temps, quant à lui, passé de 1 à 1,8%. Les autres affections comme les troubles dys et les troubles de l’attention auraient, eux, fortement augmentés.

Pourquoi ?

Le bilan ne se penche pas sur les raisons de cette augmentation. Pourtant celle-ci pourrait être liée à de nombreuses origines comme le fait d’être plus dépistés, l’utilisation des écrans dès le plus jeune âge, l’augmentation de rejet de perturbateurs endocriniens, les changements d’éducation. Les effets de l’alcool ou d’autres substances sur le fœtus entraînent eux aussi des problèmes sur le développement de l’enfant. Bien d’autres origines, qu’il serait bon de déterminer, permettraient d’endiguer cette augmentation plutôt que d’en pallier les effets.

Le précédent plan était axé sur le développement des recherches sur ces affections, l’inclusion scolaire et sociale, la qualité des interventions et la formation des professionnels, l’aide aux familles et le dépistage précoce.

Pourtant, les parents rencontrent toujours beaucoup de difficultés pour trouver un orthophoniste, un psychomotricien ou un psychoneurologue pour faire un bilan. Lorsqu’il s’agit d’un bilan pour vérifier l’attention, c’est plusieurs années qu’il faut attendre dans certains hôpitaux spécialisés. Et que dire des suivis ? Les élèves qui en auraient besoin sont souvent sur liste d’attente. Quand on sait qu’une prise en charge précoce de ces troubles peut rendre les enfants plus autonomes et leur permettrait, pour certains, de réussir leurs examens avec un simple « quart temps », il y a de quoi s’interroger sur la décision du ministère de la santé de ne pas augmenter le nombre de ces praticiens.

Un accompagnement des familles a été effectué au travers d’une plateforme pour les enfants, d’abord de moins de 6 ans, puis après 2020, pour les enfants de 7 à 12 ans. Une aide financière a également été mise en place mais combien ont pu en profiter ? Il y a eu certainement un manque de communication. Comme le souligne le bilan, de nombreuses familles avec un enfant porteur de TSA ou de TND, vivent dans des conditions de vie particulièrement difficiles : familles monoparentales où la mère doit travailler et est en situation de précarité.

Un point crucial a été pointé par les spécialistes comme étant à être amélioré dans le bilan de cette stratégie nationale « Autisme et TND », c’est l’orientation des adolescents et des jeunes autistes qui ne trouvent pas de structures adaptées.

En primaire cela ne poserait pas de problème… ! Les classes de maternelle à trente élèves avec un petit bout de chou qui tape ou qui crie toute la journée et dont l’AESH n’est présente (quand il y en a une), que de 10h à 10h30, deux fois par semaine !  Eh oui, car, dans l’établissement il y a d’autres élèves ayant besoin d’elle et qu’elle est toute seule.

Le problème posé par ces jeunes atteints du trouble autistique se manifeste à tous les niveaux à cause du manque de moyen d’accompagnement. Effectivement ce trouble peut plus ou moins le toucher, lui permettant de s’intégrer plus ou moins facilement en classe. L’orientation proposée à ceux qui n’arrivent pas à s’intégrer est l’Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) mais encore faut-il qu’ils aient les moyens de suivre cette scolarisation. Certains d’entre eux n’arrivent pas à y entrer et ont besoin de structures leur permettant de continuer à apprendre à s’intégrer au-delà de l’âge de fin de scolarisation.

La proposition pour le nouveau plan est de mieux accompagner les familles en s’appuyant sur des enquêtes et de poursuivre le travail déjà commencé. Pour cela, le gouvernement va débloquer un peu plus de moyens, il avait mis 550 millions dans ce projet mais il ne va pas en dégager trois fois plus pour le nouveau.

Dépister c’est bien, mais permettre à chaque enfant de recevoir le suivi et l’accompagnement dont il a besoin, c’est mieux. La Fep-CFDT réclame moins d’élèves par classe pour mieux suivre la scolarité de ces élèves à besoins très particuliers, avec des AESH pour les accompagner, des professionnels pour les suivre à l’extérieur et une formation adaptée pour mieux les amener à progresser.

 

Pour en savoir plus :

https://handicap.gouv.fr/la-strategie-nationale-autisme-et-troubles-du-neuro-developpement

https://informations.handicap.fr/a-strategie-autisme-tnd-reconduite-reponses-2023-33745.php

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