
Un nouveau master pour les métiers de l’enseignement et de l'éducation - M2E
Un groupe de travail s’est réuni au ministère de l’Éducation nationale afin de travailler au nouveau master qui remplacera l’actuel Meef (Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation). La Fep-CFDT était présente et a été force de proposition

Après la licence « Professorat des écoles », le ministère de l’Éducation nationale, en lien avec celui de l’enseignement supérieur, envisage l’ouverture d’un master « Métiers de l’enseignement et de l’éducation » (M2E). Celle-ci impliquera le suivi d’une une formation pour tous les nouveaux lauréats.
Cette formation sera ouverte aux titulaires d’une licence sans expérience professionnelle préalable et durera deux ans. Des ajustements sont prévus pour prendre en compte le parcours antérieur des lauréats : une adaptation du M1, une entrée directe en M2. Un DIU (Diplôme inter-universitaire) sera aussi proposé pour certains profils notamment pour les personnes dispensées de la licence (pères et mères de 3 enfants, sportifs de haut niveau) ou d’un autre master dont la mention est trop éloignée de ce qui est proposé. En effet, 300 ECTS sont requis pour obtenir un diplôme national de master (180 ECTS pour la licence et 120 pour le M1 et M2).
Structure de la formation
La formation s’organise selon quatre axes :
~ Conception et mise en œuvre des apprentissages ;
~ adaptation à la diversité des élèves et des contextes ;
~ inscription de l’acte d’enseigner dans le cadre du service public d’éducation ;
~ initiation à la recherche et engagement dans une dynamique de développement professionnel continu.
Le cadrage réserve une marge horaire entre 5 % et 10 % pour adapter la formation au contexte local et au projet d’établissement ; par exemple si un important public allophone est accueilli sur le territoire ou dans le cas spécifique d’apprentissage de langues régionales.
La formation comporte 62% de savoirs disciplinaires, et des périodes de stage permettant une entrée progressive dans le métier. Une période d’observation et de pratique accompagnée sur un tiers du temps en M1, un stage en responsabilité à mi-temps en M2. Seul le stage en M2 est évalué (20 ECTS)
La maquette de la formation

La répartition du volume horaire entre les deux années du master se compose de 530 h en M1 et 250 h en M2. La maquette sera adaptée pour les lauréats ayant validé la licence « Professorat des écoles » avec un volume de 700 h en allégeant le M1. Elle pourrait également être adaptée pour d’autres profils.
La répartition horaire du bloc 1

La Fep-CFDT pointe une mise en place précipitée
La Fep regrette dans un premier temps un dialogue social sur le sujet bien décevant : non seulement les documents préparatoires ont été donnés au dernier moment, mais elle s’est aussi trouvée devant le « fait accompli » sans réelle marge de manœuvre. Ce qui ne l’a pas empêché d’être, comme toujours, force de proposition.
Si la Fep-CFDT souligne que les stages en classe doivent permettre au stagiaire d’apprendre le métier, elle fait remarquer que toutes les facettes du métier ne peuvent pas être y être vues. Aussi, il faut s’assurer qu’elles sont toutes étudiées dans l’ensemble des cours.
La Fep-CFDT s’est questionnée aussi sur le DIU pour ceux ne pouvant avoir le master. Ce diplôme, de cadrage, n’a pas à être soumis à une accréditation. Les cours seront en grande partie les mêmes que le master M2E.
Concernant la marge horaire de 5 à 10 %, la Fep-CFDT s’est inquiétée d’éventuelles dérives notamment liées au caractère propre. L’administration s’est montrée rassurante car toutes les maquettes doivent avoir un avis rectoral y compris sur cette marge, car c’est une formation statutaire – liée à l’obtention d’un concours – contrairement au master Meef. Par contre, en M1, les instituts seront libres de déterminer si les stages seront filés ou massés.
La Fep-CFDT a également questionné sur les débouchées du master et notamment sur le mémoire de recherche qui doit exister et ouvrir à un éventuel doctorat. Pour le ministère, il s’agira à travers le mémoire de travailler sur un objet professionnel en lien avec le métier et la recherche. Ce sera une vraie approche réflexive de ce qu’on a pu observer dans sa pratique, en le croisant avec une petite initiation à la recherche, pour avoir une approche scientifique sur l’analyse réflexive. Cela induit l’apport d’outils pour la recherche et l’acquisition d’un regard critique essentiel sur son métier.
La Fep-CFDT pointe d’autres problématiques à venir. En effet, les M1 et M2 doivent se faire sur le même lieu, ce qui peut engendrer des problèmes liés à la mutation et nuire à l’attractivité. Cela induit aussi que les stages doivent être proches des instituts de formation, ce qui n’est pas sans impact sur l’ensemble des mutations des titulaires.
En outre, si le M1 n’est pas validé, le stagiaire se voit dans l’obligation de redoubler sans possibilité de passer en M2 avec les enseignements non validés (comme cela se fait dans un cursus universitaire classique). Le stagiaire pourra, en parallèle de son redoublement, être suppléant par exemple, situation particulièrement interpellante pour la Fep.
Enfin, il reste encore des questionnements sur l’obligation de 4 ans de servicecar à ce jour il semble que le stagiaire ne doive rien s’il démissionne avant la titularisation. Affaire à suivre.
Photo : Damien Gillot, Nadia Claes-Beck (élue CCMMEP), Almamy Diakité