La Fep-CFDT demande l’ouverture de la reconnaissance du doctorat

  • Branche Enseignement Privé Indépendant (EPI)

Le 22 octobre 2025, la Fep-CFDT, Fédération de l’enseignement privé, a saisi la Commission paritaire nationale d’interprétation et de conciliation (CPPNIC) de branche EPI pour demander l’ouverture de négociations visant à la reconnaissance du diplôme national de doctorat dans les classifications professionnelles. C'est une avancée majeure.

Cette démarche s’inscrit directement dans le cadre de l’article 29 de la Loi de programmation de la recherche (LPR). Cet article, souvent méconnu, impose aux organisations paritaires liées par une convention de branche d’examiner, avant le 31 décembre 2025, les conditions de reconnaissance du doctorat lors des négociations obligatoires sur les classifications. 

Un cadre légal pour valoriser le doctorat

L’article 29 de la LPR marque une étape importante dans la valorisation des compétences acquises lors d’un doctorat. Il stipule que les branches professionnelles doivent intégrer ce diplôme dans leurs grilles de classification, afin de mieux reconnaître l’expertise et les qualifications des docteurs sur le marché du travail. Jusqu’à présent, de nombreux docteurs se heurtent à une absence de reconnaissance de leur niveau de qualification, malgré des années de recherche et de formation approfondie. Cette situation les place souvent dans des positions professionnelles en deçà de leurs compétences réelles, avec des rémunérations et des perspectives de carrière peu attractives.

Pourquoi cette reconnaissance est-elle cruciale ?

D’abord parce qu’avec l’intégration massive de l’enseignement supérieur avec recherche dans la branche de l’enseignement privé indépendant, les salariés titulaires d’un doctorat sont devenus une part importante du personnel enseignant, mais aussi du personnel administratif et d’encadrement pédagogique. C’est notamment le cas des salariés des écoles de commerce, d’ingénieur, des instituts catholiques.

Ensuite, le doctorat représente un investissement personnel et collectif considérable. Les docteurs développent des compétences transversales – analyse critique, gestion de projet, innovation – qui sont pourtant rarement valorisées en dehors du monde académique. La Fep-CFDT souligne que cette absence de reconnaissance freine l’attractivité des carrières de recherche et limite les opportunités pour les docteurs de s’insérer dans des secteurs variés, comme l’industrie, les services ou le conseil. En demandant l’ouverture de cette négociation, la fédération entend corriger cette injustice et offrir aux docteurs une place légitime dans les classifications professionnelles, à la hauteur de leur qualification.

Un enjeu pour l’attractivité des métiers de la recherche

La Loi de programmation de la recherche a pour ambition de renforcer l’attractivité des métiers scientifiques et de mieux lier la recherche à l’économie et à la société. La reconnaissance du doctorat dans les conventions collectives est un levier essentiel pour atteindre cet objectif. Elle permettrait non seulement de revaloriser les carrières des docteurs, mais aussi d’encourager les jeunes chercheurs à s’engager dans une thèse, en leur offrant des perspectives professionnelles plus claires et plus équitables. Pour la Fep-CFDT, il s’agit aussi de répondre à un enjeu de justice sociale : les docteurs, souvent précaires en début de carrière, méritent une reconnaissance à la mesure de leur engagement et de leur expertise.

Prochaines étapes : vers une négociation ambitieuse

La demande de la Fep-CFDT intervient à un moment clé, alors que les branches professionnelles doivent se conformer à l’échéance de 2025 fixée par la loi. Les négociations à venir devront aborder plusieurs questions : comment intégrer le doctorat dans les grilles de salaire ? Comment garantir que les docteurs accèdent à des postes correspondant à leur niveau de qualification ? Comment éviter que cette reconnaissance ne reste symbolique, sans impact concret sur les conditions de travail ?

La balle est désormais dans le camp des partenaires sociaux. Leur capacité à trouver un accord déterminera si le doctorat sera enfin reconnu comme un atout majeur pour les entreprises et les organisations, et non comme un simple diplôme académique. Pour la Fep-CFDT, cette négociation est une opportunité historique de transformer la place des docteurs dans le monde professionnel, et de faire du doctorat un véritable tremplin vers des carrières diversifiées et valorisantes.

En conclusion La démarche de la Fep-CFDT s’inscrit dans une dynamique plus large de revalorisation de la recherche et de ses acteurs. Elle rappelle que la reconnaissance du doctorat n’est pas seulement une question de statut, mais aussi un levier pour dynamiser l’innovation et la compétitivité des entreprises. À l’heure où la France cherche à renforcer son attractivité scientifique, cette initiative est importante pour les docteurs, et plus largement pour l’ensemble du système de recherche.

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