Démarrage difficile pour les enseignants alternants

Publié le 28/10/2021

La réforme de la formation initiale des professeurs s’accompagne de premiers dysfonctionnements, alors que les alternants et les alternantes commencent à arriver dans les établissements.

Alors que la Fep-CFDT était opposée à une partie de la réforme, elle n’a pas été consultée par le ministère de l’Éducation nationale et par l’Enseignement catholique dans une prise de décision qui laisse penser qu’il fallait exclure les organisations syndicales représentant les personnels.

Des retours de terrain éloquents

En ce début d’année, la fédération Fep-CFDT a voulu savoir comment les étudiants et les étudiantes vivaient leur formation et leur affectation en établissement. Elle a donc mené une courte enquête auprès des syndicats afin de saisir les réalités territoriales et leur connexion avec les directives nationales.

Alors que 1140 supports avaient été prévus pour accueillir les alternants et alternantes dans les établissements, retirant de ce fait 380 postes de titulaires de la dotation globale des établissements privés sous contrat, c’est un nombre bien inférieur qui a été réellement utilisé. En Aquitaine, 30 supports ont été pourvus sur les 51 prévus. En Picardie, 26 supports n’ont pas trouvé stagiaires. Nous avions dénoncé l’année dernière la suppression de postes induite par l’extraction de ces supports de la dotation horaire. Cette suppression est d’autant plus révoltante que dans beaucoup d’endroits, elle a été faite pour rien !

Des affectations en dépit du bon sens

Partout, comme le secrétariat général de l’Enseignement catholique le demandait, les syndicats ont scrupuleusement été éloignés des « commissions de gestion de l’offre de stage » chargées d’affecter les étudiants et étudiantes. Des équipes dans les établissements nous font part d’irrégularités qui auraient pu être évitées par notre présence dans ces commissions. Affectations dans des établissements très loin des lieux de formation et de vie des entrants dans le métier, entraînant des frais importants, affectation des journées sur des supports où aucun temps de classe n’est prévu sur ces mêmes journées, attribution de stage en responsabilité sur le temps d’enseignement (contrat public) d’un ou d’une chef.fe d’établissement libérant celui-ci ou celle-ci pour exercer sa fonction de direction (contrat privé)… Les situations ubuesques, voire illégales, ne manquent pas.

Rectifier le tir

Le ministère et l’Enseignement catholique doivent prendre les mesures qui s’imposent. Ces deux mois de vécu de la réforme de la formation initiale voulue par monsieur Blanquer nous laissent craindre une année bien compliquée pour les étudiants alternants et pour les étudiantes alternantes. Il est urgent qu’un premier bilan soit réalisé par le ministère. Nous l’avons demandé en CCMMEP.

Le ministère doit rectifier le tir en prenant en considération la parole des organisations syndicales et en remettant de l’ordre dans les académies où les affectations sont litigieuses. Pour éviter que des problèmes se reproduisent l’année prochaine, les organisations syndicales doivent pouvoir partout faire part de leur connaissance du terrain et de leur expertise dans l’affectation des stagiaires. Enfin, il faut modifier le mode de calcul pour la création de supports dédiés aux stagiaires : ils doivent être attribués en surnuméraire et non en piochant dans le vivier d’emploi de l’enseignement privé sous contrat, et cela, trop souvent à perte.