
Le handicap au cœur de la rentrée 2024
L’État a décidé de modifier sa politique concernant l’inclusion scolaire. Alors que durant de nombreuses années, c’étaient aux enseignants dans les établissements scolaires de gérer les élèves en situation de handicap, désormais l’État propose que les professionnels de santé entrent également à l’école. Plusieurs dispositifs ont vu le jour et ont été testés avant généralisation.

L’ INE
L’identifiant national élève se généralise. Il ne concernait que les élèves qui entraient dans le système scolaire, désormais il concerne également ceux qui entrent dans les structures médico-sociales.
Les Pas
Les pôles d’appui à la scolarité remplacent les Pial ou pôles inclusifs d’accompagnement localisés. Les objectifs de ce passage aux Pas sont l’amélioration de la coordination entre les différents acteurs de l’éducation et du médico-social et un élargissement du public cible. Ce sont désormais tous les élèves rencontrant une difficulté scolaire, quelle qu’en soit la nature, qui pourront bénéficier de l’accompagnement du Pas. Il y a également une extension des champs d’action notamment vers le conseil auprès des familles et enseignants et l’orientation.
Les Emas ou Emams
Les équipes mobiles d’appui médico-social peuvent intervenir auprès des établissements scolaires afin de favoriser l’inclusion des enfants en situation de handicap. Elles proposent leur soutien aux élèves, aux familles et aux équipes éducatives. Leurs rôles sont d’évaluer les besoins, d’intervenir auprès des différents acteurs et de construire le travail en réseau.
Les Dar
L’objectif du dispositif d’autorégulation est d’aider près d’une dizaine d’élèves porteurs de troubles du neurodéveloppement comme les élèves présentant des troubles du spectre autistique (TSA), des troubles de l’attention (TDA/H) ou des Dys dans leur inclusion au sein d’un établissement scolaire en milieu ordinaire. L’équipe devra comprendre, en plus des enseignants de l’établissement, un enseignant spécialisé et des professionnels issus du secteur médico-social (orthophoniste, psychologue…) et devra accompagner ces élèves vers une plus grande autonomie notamment en ce qui concerne la régulation de leurs émotions. Ils devront construire un programme adapté à chaque élève. Le Dar permet une alternance entre temps de classe traditionnelle et temps d’autorégulation pour des temps de pédagogie adaptée et de décompression dans une salle spécifique.
Les IME au sein des établissements scolaires
Les instituts médico-éducatifs qui accueillent des enfants et adolescents en situation de handicap et leur proposent des soins et un enseignement adaptés vont peu à peu s’implanter dans des structures scolaires. L’objectif est de favoriser l’inclusion de ces élèves dans le milieu scolaire ordinaire, de renforcer la coordination entre les différents acteurs que sont les enseignants, les personnels soignants, les éducateurs spécialisés et les familles et d’individualiser les parcours. Cette intégration des IME dans les écoles peut prendre plusieurs formes : la création d’unité d’enseignement dans l’établissement scolaire, l’accompagnement individualisé par un éducateur spécialisé dans la classe ou la création d’un partenariat entre l’IME et un établissement scolaire du secteur.
Enjeux et limites
Tous ces nouveaux dispositifs ont pour objectif de faciliter l’inclusion scolaire des élèves porteurs de handicap et en difficultés scolaires. Cependant, ils vont demander de nombreux moyens aussi bien humains que financiers alors que les secteurs de l’enseignement et du médico-social sont en crise. En effet, il est de plus en plus difficile de trouver des professionnels dans ces deux secteurs d’activité. D’ailleurs certaines structures déjà existantes, comme les Rased, mêlant les deux secteurs, sont déjà en manque de personnel. Il y a également une pénurie d’infirmiers dans les établissements scolaires.
Il y a plusieurs autres enjeux à prendre en compte pour réussir à entrer dans cette nouvelle version de l’inclusion scolaire.
La formation des différents acteurs est un enjeu primordial pour réussir à coordonner les différents partenaires médico-sociaux et enseignants. Dans le public, des formations rassemblant ces différents professionnels sont prévues. Elles seront orchestrées par les Ars. Il est difficile de s’entendre entre professionnels lorsque le vocabulaire n’est pas le même. L’ adaptation des locaux est lui aussi essentiel à l’introduction de structures spécialisées dans les établissements scolaires. L’intervention des professionnels de l’enseignement et du médico-social dans les Emas, Dar ou IME demande des locaux adaptés.
La réussite de la version 2.0 de l’inclusion scolaire devra passer par une bonne évaluation des besoins des élèves et des établissements mais également de celui des dispositifs en test. La formation des différents acteurs est, elle aussi, essentielle.