
Baromètre Ifop - Fep-CFDT : un malaise profond du moral des enseignants du privé sous contrat
C’est à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée du 12 septembre 2025 que la Fep-CFDT a fait appel à l’Ifop pour présenter un baromètre inédit sur le moral des enseignants des établissements privés sous contrat.

La Fep-CFDT souhaitait avoir des données objectives du terrain dans un contexte d’inquiétudes généralisées des français à l’égard de l’École et des institutions. Les résultats de l’enquête dressent « un tableau plutôt sombre » du climat social des enseignants du privé sous contrat.
Ils confirment aussi ce que les syndicats perçoivent sur le terrain : un malaise profond et structurel. Aussi, la Fep-CFDT se doit de rester sur ses priorités, à savoir améliorer les conditions de travail, la rémunération et la reconnaissance du métier.
Les enseignants valorisent leur métier malgré une forte usure professionnelle
La bonne nouvelle de ce baromètre, c’est qu’une grande majorité des enseignants puisent dans leur travail une source d’épanouissement personnel et sont profondément attachés à leur métier malgré les difficultés. Toutefois, l’enquête dévoile une perte de motivation plus marquée chez les enseignants expérimentés. 1 enseignant sur 10 se déclare satisfait de sa situation professionnelle, 22% en sont très satisfaits (et jusqu’à 32% chez les jeunes), mais 39% d’entre eux disent que leur motivation diminue, près de 50% chez ceux avec plus de dix ans d’ancienneté et 46% chez les 50 ans et plus.
Valérie Ginet souligne à ce sujet que « le fait d’avoir devant soi des élèves engendre un attachement et une empathie qui ne disparaît pas malgré le manque de reconnaissance et des conditions de travail dégradées ». Elle rappelle les revendications de la Fep-CFDT pour aménager les fins de carrière, comme la retraite progressive à 60 ans et le refus de la retraite à 64 ans.
Des conditions de travail qui se dégradent
Les enseignants disposent de ressources jugées satisfaisantes pour trois quarts d’entre eux et se sentent soutenus à 75% par leur direction. Mais ces bons résultats sont à nuancer selon Frédéric Dabi, car 25% se sentent insuffisamment soutenus, ce qui peut avoir des conséquences graves. Le soutien des inspecteurs est encore plus faible selon les sondés, avec une chute de 13 points. De plus, 42% des professeurs estiment ne pas être accompagnés dans l’orientation des élèves et 68% jugent ne pas avoir accès à suffisamment de formation pour accueillir des élèves à besoins particuliers, ce qui génère de la souffrance.
Résultat : 32% seulement jugent disposer de moyens suffisants pour accueillir les élèves en situation de handicap.
Concernant leurs conditions de travail, les enseignants dénoncent un malaise profond qui s’est accentué ces dernières années avec l’apparition de nouvelles tâches annexes, comme l’orientation dès la cinquième, sans formation suffisante ni temps dédié.
- 83% déclarent une augmentation de leur charge de travail.
- 56% se sentent stressés dans leur activité, dont 66 % dans le primaire.
- 73% estiment ne pas avoir le temps de corriger et préparer leurs cours sans empiéter sur leur vie personnelle.
Si 43% des enseignants constatent une augmentation de l’implication des familles, jugée très positivement à 88%, la multiplication des mails brouille la frontière entre vie personnelle et professionnelle. Ainsi, 59% ne parviennent pas à appliquer leur droit à la déconnexion.
Violence, manque de reconnaissance et santé mentale
Ils sont 56% à déclarer avoir subi des violences récentes et 45% à estimer que cela a un impact néfaste sur leur santé mentale. Cela se traduit par un sentiment de perte de respect et de perte de reconnaissance du statut de l’enseignant : 85% estiment que leur métier n’est pas reconnu par la société. Ce sentiment est aggravé lorsque l’enseignant se sent peu soutenu par sa direction.
Ce manque de reconnaissance est d’autant plus important que les enseignants sont globalement insatisfaits de leur rémunération (seuls 30% d’entre eux la trouvent suffisante contre 62% des français) et les enseignants de l’agricole se sentent particulièrement oubliés (72%).
La surcharge de travail, les incivilités, le manque de reconnaissance et de moyens entraînent un manque d’attractivité du métier et 48% des enseignants disent envisager une reconversion.