
Bac pro agri, vers la suppression de l’épreuve E5 ?
Les membres du Conseil national de l’enseignement agricole (Cnea) se sont réunis en groupe de travail afin d’évoquer la modification des conditions d’admission à l’épreuve de contrôle pour les baccalauréats professionnels. Lors de cette séance, une annonce de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) a stupéfié tout le monde : la suppression de l’épreuve 5 (E5) et son remplacement par un CCF (Contrôle en cours de formation). Proposition inattendue pour tous les participants, alors que certains bacs pros viennent juste d’être rénovés.

La délégation de la Fep-CFDT a une nouvelle fois été conviée, ce jeudi 10 octobre, à participer à un groupe de travail sans envoi préalable de document et autour d’un intitulé flou portant sur « l’épreuve de contrôle ». Depuis 2022, le Code de l'éducation (article D 337-78) précise que les candidats qui ont obtenu une moyenne générale au moins égale à 8 et inférieure à 10 sur 20 ainsi qu'une note moyenne au moins égale à 10 sur 20 aux épreuves professionnelles (soit E5, E6, E7) sont autorisés à se présenter à l'épreuve de contrôle. Actuellement, dans l’enseignement agricole, seules les notes de l’E7 permettent l'accession aux épreuves de contrôle. L’objectif principal du groupe de travail était donc de mettre les formations agricoles en conformité avec le Code de l'éducation.
Une nouvelle condition d’accès à l’épreuve de contrôle
La DGER propose de prendre la moyenne des E5, E6 et E7 comme nouvelle condition d’accès à l’épreuve de contrôle. Une analyse chiffrée a été présentée et permet d’ores et déjà d’envisager une réduction de moitié du nombre de candidats qui pourront se présenter aux épreuves de contrôle ; mais également de réduire de moitié le nombre de candidats qui obtiendraient leur diplôme à l’issue de cette épreuve. La Fep-CFDT a demandé que la moyenne de ces trois épreuves reste coefficientée afin de pénaliser moins d'élèves.
L’E5 passerait CCF
Dans la foulée, Laurent Devilliers, assesseur au doyen de l’Inspection, propose de faire passer l'E5 en CCF alors qu’il s’agit actuellement d'une Épreuve ponctuelle terminale (EPT). Selon l'Inspection, l'intérêt pédagogique de cette proposition est lié au fait que cette épreuve de « choix techniques » est relativement éloignée de l'approche capacitaire. « Finalement, cette épreuve écrite – sauf pour le CGEA où elle est à l’oral – est assez artificielle, au contexte éloigné de la réalité vécue dans le territoire de formation ». Alors que certains bacs professionnels viennent à peine d’être rénovés, cet argument sonne faux et provoque la colère de plusieurs organisations syndicales de l’enseignement public qui quittent la réunion.
Une attitude responsable de la Fep-CFDT
La Fep-CFDT est restée dans le dialogue et a cherché à avoir des informations et des précisions : « A-t-on encore une marge de manœuvre ou tout est déjà acté ? » ; « Pourquoi l’E5 ? » ; « Quelles seront les modalités de ce nouveau CCF E5 alors que les enseignants croulent sous les CCF oraux très chronophages ? » Pour l’inspection, il n’est pas question de remplacer un écrit en EPT par un écrit en CCF, on se dirige donc vers un oral ou une pratique orale. La Fep-CFDT a insisté sur les autres problèmes que cela génèrerait : absence de rémunération des CCF, gestion des absences des enseignants accaparés par leurs CCF, etc... Beaucoup de questions restent encore sans réponse même si le ministère a tenté de rassurer en indiquant qu'il n'y aurait pas de mise en place pour la session de 2025.
Après la réforme de plusieurs spécialités de bacs professionnels, voici qu’une nouvelle proposition de modification profonde du mode d'évaluation des examens est sur la table. Face à la stupéfaction produite par cette annonce, reste à savoir si le ministère reverra sa copie et si non à quelle échéance cette énième modification entrera en vigueur…