Désintérêt ou insatisfaction ? Les résultats de l’enquête de rentrée 2022

Publié le 05/10/2022

Suite à l’envoi de la lettre aux enseignant.e.s par le président de la République, la Fep-CFDT a diffusé un questionnaire pour connaître l’avis des collègues. Près de 300 personnes ont participé. Leurs réponses laissent entrevoir une profonde défiance.

Demi-journée avenir et transformation du lycée professionnel : tout reste à construire

Interrogé∙e∙s sur la mise en place d’une demi-journée avenir, plus de 58 % des enseignant∙e∙s se sont déclaré∙e∙s insatisfait∙e∙s (dont presque 35% de très insatisfait∙e∙s). Il en va de même pour la transformation du lycée professionnel qui ne satisfait que 10% des personnes ayant répondu.

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Cependant, on constate, pour ces deux premiers items, qu’une importante proportion de personnes ayant participé à l’enquête ne se prononce pas sur ces deux annonces (32 % pour la demi-journée et 39 % pour le lycée professionnel). Le manque de clarté dans les intentions maintiendrait-il un flou qui rendrait difficile un positionnement des enseignant∙e∙s ?

Revalorisation : insatisfaction générale

A contrario, concernant la proposition de revalorisation des enseignant∙e∙s, les répondant∙e∙s se prononcent plus largement et le taux d’insatisfaction culmine à 89 %, dont 65 % de très insatisfait∙e∙s). En se focalisant sur une augmentation salariale, l’annonce du chef de l’État passe sous silence tous les autres aspects d’une nécessaire revalorisation du métier, qui est attendue sur le terrain.

Un pacte qui ne convainc pas

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D’ailleurs, la deuxième question vient conforter cette analyse. Seuls 10 % des collègues ayant répondu se déclarent prêts à s’engager dans le pacte proposé par le chef de l’Etat – des missions supplémentaires contre une rémunération, et 25 % hésitent. L’argument salarial n’est pas suffisant pour inciter les enseignant∙e∙s à s’investir davantage, alors même qu’ils déplorent déjà, à une large majorité, dans des enquêtes précédentes, la surcharge de travail (lien vers bilan de l’enquête de rentrée 2021 : Profs en souffrance).

Refondation… à voir

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Enfin, pour la dernière question, 50 % ne sont pas prêts à s’engager dans le chantier de refondation de l’école en bâtissant un projet dans leur établissement, mais pour l’essentiel en raison d’un manque de temps, ce qui rejoint l’analyse précédente. Par contre, les plus de 35 % souhaitant s’engager, conditionnent pour la plupart leur implication à celles de leurs collègues et/ou de l’établissement. Le besoin de soutien et d’accompagnement des collègues transparaît ici en filigrane.

L'avis de la Fep-CFDT : le moins que l'on puisse dire, c'est que le président de la République n'a pas convaincu les enseignant.e.s ayant répondu à l'enquête. Il faudra plus que des mots pour retisser le lien entre les professeurs malmenés et l'Etat qui les emploie : du dialogue, des rémunérations à la hauteur de leur engagement et une réelle amélioration de leurs conditions de travail.