École primaire : il est temps d’agir

  • Enseignants du primaire - Sous contrat Éducation nationale

Au mois de mai, la Cour des comptes publie un rapport sur l’école primaire. Son constat est sans appel : une école primaire en échec. Pour la Fep-CFDT, les observations formulées de ce rapport ne sont pas nouvelles. À chaque effet d’annonce, la Fep-CFDT propose des mesures concrètes pour redonner à l’école la place qu’elle mérite.

Ce rapport fait le constat que l’école peine à réduire les inégalités sociales, territoriales et de genre. Les évaluations nationales montrent une baisse du niveau, notamment en français et en mathématiques, deux matières où le temps d’enseignement est pourtant le plus conséquent. L'organisation scolaire, qu’il s’agisse du temps scolaire ou du rythme scolaire, reste inadaptée aux besoins des élèves. Malgré un budget de 54 milliards d’euros consacré au primaire, une meilleure répartition des ressources et un suivi des investissements s’imposent.

Des recommandations insuffisantes

La Cour des comptes formule six recommandations portant notamment sur la mobilité des enseignants, le statut de direction à temps plein quel que soit le nombre d’élèves, la formation initiale et continue, l’usage du numérique pour le bien-être et les apprentissages, la signature de conventions triennales entre les collectivités et l’Éducation nationale, ainsi que le regroupement pédagogique ou d’écoles.
Toutefois, ces recommandations sont peu adaptées aux écoles privées et, à elles seules, ne permettront pas de lutter efficacement contre l’échec scolaire. Par ailleurs, certaines préconisations proposées par ce rapport, portées depuis longtemps par la Fep-CFDT, auraient mérité d’être retenues comme recommandations à part entière. Il s’agit notamment de la refonte de la formation initiale et continue, de l’attractivité du métier, de la continuité entre le primaire et le collège, de la révision des rythmes scolaires, de l’accueil des tout-petits, de la prise en compte du bien-être des élèves, ainsi que l’engagement des établissements privés pour la mixité sociale.

Les propositions de la Fep-CFDT

Les réformes récentes, comme le Choc des savoirs n’ont pas permis d’améliorer le niveau le niveau des élèves. La Fep-CFDT propose donc des mesures concrètes, qui combinées, pourraient limiter l’échec scolaire :

•    Stabilité des réformes

Trop de réformes en trop peu de temps. Il faut laisser le temps au temps.  Chaque réforme doit être élaborée avec l’ensemble des acteurs : enseignants, pédagogues, syndicats, inspecteurs, ministère. Chaque réforme devrait être précédée d’une évaluation approfondie et intégrée dans un dialogue social renforcé.

•    L’attractivité du métier

Le métier souffre d’un manque d’attractivité lié aux salaires, aux conditions de travail et à une image souvent négative véhiculée par les médias et les politiques. Les professeurs des écoles, qui déclarent 44 heures de travail hebdomadaire, sont parmi les moins rémunérés. Il est essentiel d’améliorer les salaires, renforcer les moyens, notamment en maternelle, repenser le temps de travail devant et hors élèves et améliorer la formation des chefs d’établissement.

•    Formation initiale et continue

Il y a la nécessité d’une formation initiale suffisante pour appréhender le métier d’enseignant car celui-ci évolue constamment. La formation continue doit être obligatoire, de qualité et dispensée sur le temps scolaire. Elle ne doit pas se limiter au numérique, mais inclure par exemple les pratiques pédagogiques, l’évaluation, l’orientation, la gestion des émotions et l’adaptation aux réformes. La Fep-CFDT demande une offre de formation élargie et accessible.

•    Bien-être et santé à l’école

La question du bien-être, de la santé à l’école et de la transition écologique doit enfin être placée au cœur des priorités. Il est nécessaire de repenser les espaces de vie scolaire en les rendant accessibles, adaptés aux bruits ainsi qu’aux enjeux climatiques. L’école doit devenir un lieu inclusif, durable et accueillant, dès la maternelle. La baisse démographique offre une opportunité à saisir pour réduire les effectifs, adapter les locaux, réviser les rythmes scolaires et favoriser un climat serein d’apprentissage. Le rapport de la Cour des comptes sous-estime les enjeux de santé scolaire, qui devraient pourtant être renforcés par un accompagnement accru des élèves en difficulté. Pour ce il faut plus d’enseignants spécialisés, un accès facilité aux professionnels de santé (ergothérapeutes, orthophonistes, psychologues), des visites médicales obligatoires sur temps scolaire en grande section et au CP.

Redonner du sens à l'école primaire

Améliorer le niveau des élèves ne se fera pas en multipliant les évaluations ou en renforçant les outils de pilotage. Il faut redonner du sens, du temps et du pouvoir d’agir aux enseignants, créer des environnements de travail favorables à l’épanouissement de tous et faire de l’école primaire un levier réel d’égalité.
Cela suppose également de repenser l’allocation des moyens financiers : investir d’abord dans la maternelle, puis dans l’élémentaire, avant le secondaire. Car c’est dès le plus jeune âge que se construisent les bases de la réussite scolaire.

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