Un Cnea plein de projets et d’ambitions

  • Conseil National de l’Enseignement Agricole (CNEA)

Le Conseil national de l’Enseignement agricole (Cnea) du 20 mai était consacré à la déclinaison de la Loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture (Losarga). Une loi riche de dix programmes plus ambitieux les uns que les autres pour lesquels le ministère a détaillé les objectifs et la mise en œuvre. Mais la première partie de ce Cnea a permis d’échanger autour d’un texte sur « Comment aborder les questions socialement vives et organiser l’intervention d’acteurs extérieurs dans les établissements d’Enseignement agricole ? ». Un texte qui a fait réagir la Fep-CFDT puisqu’il fait abstraction des questions religieuses dans l’Enseignement privé.

L’ordre du jour du Cnea du 20 mai dernier portait essentiellement sur la mise en œuvre de la « Loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture » (Losarga) mais un texte sur « Comment aborder les questions socialement vives et organiser l’intervention d’acteurs extérieurs dans les établissements d’Enseignement agricole ? » s’est rajouté en dernière minute.

L’Enseignement agricole a pour vocation de former et d’éduquer les jeunes en se fondant sur des situations concrètes reflétant la réalité du terrain et en permettant aux apprenants de développer une pensée critique constructive. Dès lors, l’organisation de séquences pédagogiques sur des questions socialement vives et/ou associant des intervenants extérieurs (professions, associations…) est normale et souhaitable. Mais, l’Enseignement agricole est confronté à une augmentation du nombre de situations qui suscitent des interrogations sur les droits et devoirs de chacun dans le cadre de l’École. Ces situations concernent des sujets tels que :

- les recours à des interventions extérieures ou des ressources produites par des tiers dans les formations,

- l’exercice de la liberté pédagogique,

- la mise à disposition de locaux par les établissements,

- le rôle des administrateurs,

- l’accueil des élus et la neutralité de l’École.

Benoît Bonaimé, directeur général de l’Enseignement et de la recherche (DGER) a rappelé que « l’Enseignement agricole a fait des valeurs de la République et du respect des principes généraux de l’éducation, une de ses deux priorités pour l’année 2024-2025 ». Il a donc été proposé aux membres du Cnea, qui représentent au niveau national toutes les parties prenantes de l’Enseignement, d’ouvrir un chantier qu’il conviendra de structurer collectivement afin de se réapproprier le cadre actuel et le cas échéant, d’identifier les outils existants ou à développer, afin que l’École respecte les principes du Code de l’éducation. Les établissements d’Enseignement agricole se doivent d’être un lieu neutre où les différents points de vue peuvent s’exprimer sans qu’il s’agisse de faire du prosélytisme. Il convient également de veiller à un principe d’équilibre entre les points de vue et donc entre les différents acteurs.

Le document proposé rappelle quelques principes et recommandations autour de 4 fiches :

- favoriser la didactique des questions à enjeux de société,

- recourir à des intervenants extérieurs,

- organiser des actions de partenariat en veillant à la neutralité commerciale,

- organiser l’utilisation des locaux des EPLEFPA par des tiers.

S’ajoute également, le « Guide des administrateurs des EPLEFPA », un document qui a fait réagir les représentants de la Fep-CFDT qui ont interrogé l’administration pour savoir si ce texte s’appliquait aux conseils d’administration des établissements privés. Les représentants de la Fep sont également intervenus pour souligner que le texte rappelait peu le cadre légal sur les questions religieuses dans les établissements privés et sur la liberté de conscience. Nous avons redonné des exemples de terrains où la pastorale se déroule sur des heures de cours, où les élèves ont des notes de pastorale dans le bulletin et où des enseignants sont obligés d’accompagner leurs élèves sur des temps de célébrations religieuses… La Fep-CFDT a défendu un texte global qui s’adresse à toutes les familles de l’Enseignement agricole et où l’enseignement privé n’est pas résumé à un simple petit encadré.

Ce texte, qui est encore un document de travail, devra être amendé et retravaillé avec les remarques des uns et des autres, pour une sortie prévue à la rentrée scolaire 2025. La CFDT ne manquera pas de faire des propositions constructives pour l’Enseignement privé catholique.

 

Une Losarga très ambitieuse pour l’Enseignement agricole

La deuxième partie de ce Cnea a ensuite été consacrée à la proposition de cadre pour la mise en œuvre des dispositions de la Loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture via 10 programmes d’actions :

1.      Programme de déploiement du Bachelor Agro

2.      Programme national d’orientation et de découverte des métiers

3.      Programme établissements de l’Enseignement agricole techniques de demain

4.      Programme national transition agroécologique : « Enseigner à produire autrement »

5.      Programme compétences de demain

6.      Programme carte scolaire de demain dans l’Enseignement agricole technique

7.      Programme de recherche transition et souveraineté

8.      Programme de développement de l’égalité femme-homme au sein des formations de l’Enseignement agricole technique et des métiers agricoles

9.      Programme de renforcement des métiers de la santé animale

10.     Mesures d’amélioration des instances, de l’accompagnement des personnels et de simplification

Pour chaque programme, le ministère a détaillé les objectifs, les mesures et le calendrier. Tous ces programmes concourent aux grands objectifs programmatiques :

- accroître le nombre de personnes formées aux métiers de l’agriculture (+30% d’apprenants, +75% de vétérinaires, +30% d’ingénieurs)

- augmenter significativement le niveau de diplôme moyen des nouveaux actifs.

Des objectifs très ambitieux pour lesquels les moyens restent encore obscurs et incertains, même si le DGER a affirmé continuer de défendre une augmentation des moyens dans une hypothèse d’augmentation des effectifs. La Fep-CFDT sera également vigilante sur le fait que ces projets « agricoles » ne viennent pas entraver la pérennité des filières « services aux personnes et aux territoires » comme le DGER s’y est engagé.

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