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Formation des nouveaux professeurs dans l'agricole

Publié le 07/07/2023

La Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) avait convié le mercredi 21 juin les représentants des organisations syndicales ainsi que des opérateurs de formations (Ifeap et Unrep) à dresser un bilan de la formation Tutac privé « Appui à la prise de poste » (APP) après trois promotions de stagiaires...

Enquête contre enquête...

Pour l’occasion, à la fois l’Unrep et l’Ifeap, à qui l’État a délégué la formation de ses employés, avaient réalisé des enquêtes s’attachant à valider en priorité l’opérationnalité des sessions APP. Sans véritable surprise, elles affichent des taux très élevés d’atteinte d’objectifs de formation ou d’assiduité. Sans en minimiser l’intérêt, celles-ci ne peuvent servir qu’à une mesure partielle de l’efficacité de ce dispositif. Surtout si, comme l’a souligné la Fep, aucune session supplémentaire n’est organisée pour pallier les absences ou organiser une remédiation en cas de nécessité. Et ce, dans le cadre d’une formation, rappelons-le, obligatoire pour tous les entrants. L’Ifeap a d’ailleurs reconnu le caractère perfectible du Tutac Privé et de sa mise en œuvre.

De son côté la Fep a aussi enquêté auprès des collègues mais avec pour objectif d’en vérifier la pertinence et l’utilité.

Des résultats qui interrogent

En premier lieu, la modalité de formation entièrement en distanciel est montrée du doigt. La majorité des répondants regrettent l’absence de présentiel, ce qui ne favorise pas les échanges et les partages d’expérience tant pendant les sessions que pendant les temps de pause. Dans le même esprit 80% des collègues interrogés déplorent l’absence de regroupement disciplinaires. Les modules sont complètement généralistes et peu à même de répondre à tous les besoins exprimés par les enseignants. Il ressort en effet que seulement la moitié des répondants ont trouvé la formation complète. Et une majorité l’estiment trop courte par rapport à l’ambition affichée. Globalement, les stagiaires dressent un bilan très mitigé des cinq modules qui composent l’APP qui n’obtiennent que des notes très moyennes. En résumé, plutôt qu’un vrai sas d’entrée dans le métier, ce dispositif APP s’apparente plus à une préparation à l’inspection. Ceci interroge d’autant plus que l’Ifeap dispose dans son catalogue d’un module autonome qui poursuit cet objectif. Tout comme l’Unrep qui a bien mesuré le risque de glissement et accole le sien à la 2ème session du Tutac Privé.

Des pistes d’amélioration évidentes

Dès lors, quel nouveau visage cette formation doit-elle présenter pour satisfaire les demandes des entrants dans l’enseignement agricole privé ? La réponse est dans doute à chercher du côté des pratiques de l’enseignement public. Car même si le principe de l’APP est directement inspiré du Tutac Public, sa mise en œuvre diffère largement. La Fep l’a rappelé et milite, y compris lors de ce GT, pour une organisation et des contenus similaires, comme un nouvel épisode dans la recherche de l’équité public/privé. A savoir, entre autres, des sessions en présentiel, une rencontre avec les représentants administratifs et pédagogiques de notre employeur et des rassemblements disciplinaires ou par groupes de disciplines pour garantir des apports beaucoup plus concrets. Mais aussi pour une prise en compte des profils des entrants afin de définir des parcours individualisés.

Administration et opérateurs à l’écoute

Attentive aux échanges, la DGER a bien identifié la nécessité de faire évoluer cette formation APP. Elle a ainsi proposé d’ouvrir aux entrants du privé les webinaires de l’Inspection de l’Enseignement agricole ainsi que la plateforme Meteor donnant accès aux modules de formation continue du ministère de l’Agriculture. De son côté, l’Ifeap envisage le recours au présentiel mais dans un calendrier moins favorable que celui souhaité par la Fep...On le voit bien, la marge de progression est encore grande. Et l’enjeu est double. Tout d’abord, permettre aux néo-enseignants de gagner la confiance nécessaire à l’exercice du métier. Mais aussi créer une certaine appétence pour la formation professionnelle continue...