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Le ministère n’entend pas

Publié le 19/06/2023

Nouveaux programmes de sciences et de technologie et allocation pour les élèves des lycées professionnels : les textes présentés lors du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 15 juin ont suscité un rejet quasi unanime. Mais le ministère est resté sourd aux questionnements des personnels et c’est sans ciller qu’il les mettra en application.

Parmi les sujets abordés lors de cette réunion du Conseil supérieur de l’éducation, les suites de la disparition de la technologie en classe de 6e.

Le premier degré hérite du programme de technologie

La suppression de la technologie en 6e se règle pour le ministère par le transfert du programme lourd et ambitieux de cette discipline au cours moyen. Outre la surcharge de travail que cela va entraîner pour les enseignants et enseignantes du premier degré se posent aussi d’autres problèmes. À la rentrée prochaine en effet, les professeur·e·s des écoles auront à enseigner cette matière et à faire expérimenter les élèves sans formation adaptée ni matériel, dans la plupart des établissements. Par ailleurs, celles et ceux qui entrent en 6e en 2023 seront privés de cet enseignement et ne découvriront la discipline qu’en 5e. C’est donc unanimement que les organisations syndicales et la FCPE (association de parents d’élèves du public) se sont opposées au texte. Seule l’Apel (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre), de façon surprenante, a voté pour.

Auparavant, comme les syndicats du privé sous contrat n’avaient pas été consultés en amont de cette réunion, la Fep-CFDT avait lu en séance une compilation des témoignages, défavorables au texte, recueillis auprès d’adhérents et adhérentes.

Stages en entreprises : un travail de fond est indispensable

Concernant le lycée professionnel, beaucoup d’organisations syndicales pensent qu’il faut évidemment le rendre attractif et faciliter et reconnaître l’investissement des lycéens et lycéennes. Mais proposer seulement une allocation basée sur l’assiduité en stage n’est pas une solution suffisante. Un travail de fond sur la valeur formative des PFMP (Périodes de formation en milieu professionnel), l’accompagnement par les entreprises et leur engagement dans la démarche permettant l’accès à la vie active est nécessaire.

De plus, les inquiétudes sont nombreuses quant à la mise en œuvre de l’allocation et à la surcharge de travail induite : information des élèves, saisie de leurs coordonnées bancaires, validation des périodes de PFMP effectuées…

La Fep-CFDT a profité de cette séance pour rappeler son rejet du Pacte LP, qui va créer deux « types » de profs et opposer les équipes éducatives et les établissements scolaires. Elle a également souligné le caractère non transposable de certaines mesures au privé sous contrat et les conséquences catastrophiques que cela pourra avoir pour les collègues qui exercent dans les lycées où les chef·fe·s d’établissement décident sans partage ou avec très peu de dialogue social.

Stratégie numérique : un texte présenté post-publication…

La Fep-CFDT et 13 autres membres du CSE ont refusé de voter un texte paru… en janvier. Très théorique, l’objet de celui-ci est de mettre en cohérence les outils et les pratiques, et d’aborder la prise en charge citoyenne du numérique. Le texte paraît déconnecté de la pratique de terrain à l’heure où l’éducation aux médias et à l’information n’a qu’une place périphérique dans les enseignements, écrasés par la lourdeur des programmes. Il n’y est, par exemple, pas question des conséquences du numérique sur les publics fragiles. Et l’on peut se questionner sur la prise en charge future de tels sujets, quand on supprime la technologie en 6e. Cette matière qui permettait justement d’aborder les dangers des réseaux sociaux, la protection des données et la préservation de la vie privée avant le cycle 4. Par ailleurs, peu de place est faite dans ce texte à la question de l’inclusion scolaire et la formation des personnels n’y est pas abordée.