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Attractivité de l'enseignement agricole : séduire ou convaincre ?

Publié le 18/12/2023

Un groupe de travail sur l’attractivité était organisé par le Masa (1), le 12 décembre dernier, dans un temps très contraint alors que le sujet nécessiterait un temps de débat plus long, tant les problématiques et les portes d’entrées sont vastes et complexes. La Fep-CFDT a bien rappelé qu’entre les intentions et la réalité sur le terrain, il y a un fossé… ou plutôt un gouffre, notamment pour l’enseignement privé.

Les intentions du MASA sont louables pour attirer de « nouveaux talents », la communication en mode téléréalité est bien rodée mais qu’en est-il réellement dans les faits ? Oui l’enseignement et plus largement la fonction publique souffrent d’un déficit d’attractivité dont les raisons sont bien identifiées (déficit d’image et de connaissance des métiers, mécanisme des concours, rémunérations insuffisantes, déroulement de carrière peu favorable…) Mais le problème ne s’arrête pas là puisque de plus en plus d’enseignants (et plus largement de fonctionnaires) jettent l’éponge. Les raisons sont nombreuses et la Fep-CFDT a eu l’occasion d’évoquer ces problématiques lors d’un entretien avec le CGAAER(2) qui mène une mission afin d’identifier les leviers susceptibles d’accroître l’attractivité des métiers et services du Masa et plus spécifiquement une mission visant à développer l’intérêt porté aux métiers de l’enseignement technique agricole.

Mais, le problème de recrutement serait peut-être moins prégnant si le ministère savait déjà retenir ses agents et les traiter correctement. A cette problématique-là, le ministère apporte peu de réponses car ne nous voilons pas la face, c’est l’Elysée qui à la main… Car oui, le salaire est bien un gros caillou dans la chaussure de l’attractivité de la fonction publique et les palliatifs sous forme de primes ne font que cacher la misère et n’apportent aucune solution durable.

Démissions rapides, problèmes de salaires, manque d’effectifs, conditions de travail désastreuses, public exigeant et difficile, manque de sens, charge de travail intenable : les compétences s’en vont… Par ailleurs, l’annualisation du temps de travail dans le privé conduit à une surcharge de travail de moins en moins tenable la Fep-CFDT est intervenue pour indiquer qu’il faudrait convaincre plutôt que de séduire. Rappelons qu’il n’y a peu d’évolution de carrière possible pour les agents de l’enseignement agricole privé. La hors classe, la classe exceptionnelle sont des grades que bien des agents n’atteindront jamais et font figure de leurres. Nous avons insisté sur le fait que la gestion RH désastreuse pousse les agents parfois vers la sortie mais plus généralement vers le découragement. Une gestion RH dont nous rendrons public les dysfonctionnements prochainement. Le ministère de l’Agriculture doit travailler sur la rémunération, la carrière mais aussi sur la formation tout au long de vie pour permettre aux enseignants de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques avec l’évolution des publics.

Mais, sur un sujet aussi sensible et vaste que l’attractivité de la fonction publique pour l’ensemble des organisations syndicales, il fallait s’attendre à ce que les interventions partent dans tous les sens et que l’heure tourne… Pourtant l’attractivité du métier mériterait que l’on débatte plus longuement en ciblant davantage les différentes axes (recrutements, conditions de travail, qualité de vie au travail…)

(1) Masa : ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

(2) CGAAER : Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux