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Non au choc des savoirs, non à une École du tri

Publié le 07/12/2023

Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé le 5 décembre ses mesures censées élever le niveau des élèves. La Fep-CFDT s’oppose à cette vision conservatrice de l’École qui ne règlera pas la baisse du niveau et accentuera les inégalités sociales.

Non à l’école du tri et à la stigmatisation des élèves en difficulté

La Fep-CFDT est totalement opposée aux classes de niveau au collège. La recherche scientifique montre que l’hétérogénéité profite aux plus faibles sans amoindrir l’apprentissage des autres. La Fep s’interroge sur l’avenir du modèle républicain. Quelle société veut-on si on n’apprend pas à vivre ensemble quel que soit le niveau scolaire ? Comment peut-on se résoudre à ce que des enfants de 12 ans soient classés en fonction de leurs résultats ? Cette stigmatisation aggrave les inégalités sociales. 

Non au DNB à l’ancienne

Le ministre propose un retour en arrière en remettant la note sur le devant de la scène. Le contrôle continu du DNB ne sera plus basé sur les compétences, mais sur la moyenne chiffrée de toutes les disciplines. Les épreuves terminales représenteront non plus 40%, mais 60% du total de la note.  Enfin, pour passer en seconde, il faudra obligatoirement obtenir le brevet, sous peine de voir son orientation compromise, ce qui stigmatisera une nouvelle fois les mêmes élèves.

Non aux méthodes et outils imposés

Quelle incohérence entre le discours et les mesures proposées ! Le ministre insiste sur le rôle essentiel et incontournable des enseignants pour améliorer le niveau des élèves. En même temps il muselle toute liberté pédagogique qui autorise la créativité et l’innovation des enseignants.  Les objectifs annuels, des choix de pédagogie explicites et des méthodes, comme celle de Singapour, seront imposés. Pire, « les manuels scolaires seront labellisés et rendus obligatoires » dès la rentrée 2024, laissant croire que les enseignants sont incapables de choisir avec discernement le manuel ou les outils les plus adaptés à leurs élèves. Les enseignants ne doivent pas devenir de simples exécutants.

Non à la précipitation pour transformer le système éducatif

Le temps de l’Éducation n’est pas celui de la précipitation et de l’ego d’un ministre qui souhaite laisser une trace. Comment repenser le système éducatif en huit semaines ? Il faut du temps, de la réflexion, du travail, de la co-construction avec les acteurs du terrain. Lors des groupes de travail, la Fep avait pourtant fait des propositions. L’avenir de nos enfants mérite mieux qu’une gestion à la petite semaine. Pour la Fep-CFDT, la seule manière d’élever le niveau et « de permettre à l'École d’offrir une ascension scolaire à tous les enfants de la République » est de faire un effort massif d’investissement financier et humain sur du long terme. Augmenter le nombre de professeurs et baisser le nombre d’élèves par classe auraient été une première étape. Le ministre le reconnaît lui-même lorsqu’il constate que les moyens déployés en primaire ont permis des progrès pour les élèves.