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La CFDT revendique la mixité sociale dans l'enseignement privé

Publié le 24/03/2023

Depuis la circulaire de rentrée, le thème de la mixité revient régulièrement sans que le moindre groupe de travail se soit tenu, et alors que bruissent des annonces imminentes... Au ministère de l’Éducation nationale, la Fep-CFDT et le Sgen-CFDT ont fait des propositions pour agir sur cette ségrégation sociale.

Mi-mars, les représentants des deux fédérations Éducation de la CFDT ont été reçues par la conseillère Culture, mémoire et discours du ministère et celle en charge des ressources humaines, de la santé scolaire, du sport et de l’enfance. La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT ont rappelé leur attachement à la mixité sociale à l’école, convaincus que c’est de toutes les différences, dont la diversité sociale, que les élèves peuvent apprendre et devenir des citoyennes et des citoyens éclairés. Pour la CFDT, mixité sociale et mixité scolaire vont de pair. Les élèves familiers de la culture scolaire qui aident leurs camarades en difficulté tirent aussi parti pour eux-mêmes de cette activité.

Dans une déclaration commune au Conseil supérieur de l’éducation (ICI), en novembre dernier, nos syndicats ont fait des propositions pour agir sur cette ségrégation sociale.

Les pistes évoquées par le ministre, dans la presse ou devant les sénateurs début mars, sont positives : la sectorisation, les sections d'excellence, les collèges multi-secteurs ou encore l'implication du privé. Mais l'école seule ne pourra rien sans ses personnels qui garantiront cette mixité au quotidien.

Carte scolaire et bassin de formation

Parmi les 10 % des secteurs scolaires ayant le taux de pauvreté le plus élevé, un sur cinq borde un secteur dont le taux de pauvreté est trois fois plus faible. Ces frontières de la carte scolaire pourraient donc être redessinées pour rééquilibrer la composition sociale entre les secteurs scolaires. La CFDT a rappelé que seuls des projets éducatifs de territoire peuvent permettre davantage de solidarité entre les établissements, et propose de moduler les dotations des établissements d’un bassin de formation, publics comme privés, en fonction de l’écart par rapport à l’IPS moyen du territoire.

Pour des discussions entre experts et partenaires de l'école

Les conseils départementaux ne pourront agir seuls sur ce dossier en actionnant l’unique levier de la carte scolaire. Pour porter ses fruits à long terme, la démarche devra être menée conjointement avec l’ensemble des acteurs : ville et métropole au titre du contrat de ville, Éducation nationale, enseignement privé, enseignants, parents d’élèves, institutions et associations du monde éducatif et social, élèves eux-mêmes. Dans l’enseignement privé, une volonté des décideurs nationaux et locaux doit s’affirmer.

La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT ont interrogé les conseillères du ministre sur la méthodologie et le calendrier, mais également sur l'engagement des autres partenaires de l'école dans cet objectif de mixité scolaire. Si l'on nous a assuré que les objectifs étaient partagés par les collectivités territoriales ou discutés en interministériel, nous n'avons pas obtenu de réponses sur un calendrier ou une méthode qui permettrait de les co-construire avec les partenaires de l'école et les familles.

Prendre en compte la diversité des territoires

Que ce soit dans le privé ou le public, les difficultés de mise en place d’une nouvelle sectorisation seront accrues dans les zones rurales. Et si l'enseignement privé souhaite y prendre toute sa part, la Fep-CFDT interpelle le ministère sur l'implantation d'annexes dans les quartiers populaires qui ne seraient pas porteuses de mixité réelle entre les élèves au quotidien. De la même manière, pour le Sgen-CFDT, il ne faut pas reproduire une forme de ségrégation à l’intérieur des établissements par le jeu des options ou des filières sélectives.

Renforcer les moyens et la formation des personnels

La mixité ne se décrète pas, mais s’accompagne d’un travail de pédagogie adaptée et différenciée. Lors de la sectorisation parisienne 1er acte, il s'agissait de mixité sociale mais non scolaire : les élèves étaient certes boursiers, mais parfaitement adaptés aux exigences scolaires et maîtrisaient les attendus de l’école.
La sectorisation acte 2 dans les lycées, ou les expériences de collèges multi-secteurs, ont bien montré que cela pouvait être plus complexe, si cela ne s’accompagnait pas de formation des enseignants et des équipes éducatives, mais également de moyens − en dotation horaire d'enseignement et en moyens d'encadrement − pour des projets pédagogiques adaptés.