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Agents de catégorie 3 : requalification et revalorisation à l’heure du bilan

Publié le 12/06/2023

A la demande de la Fep-CFDT, un groupe de travail au format CCM (Commission consultative mixte) s’est réuni le mercredi 7 juin 2023 avec pour objet le bilan des plans de requalification et de revalorisation des agents de catégorie 3 ainsi que le reclassement des lauréats de concours. Un résultat mitigé...

Cette réunion, pilotée par le Service des ressources humaines (SRH) du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (Masa) a permis de confirmer chiffres à l’appui ce que nous avions déjà constaté, à savoir le succès relatif des listes d’aptitudes exceptionnelles (LAE). Si le budget de 1 million d’euros sur trois ans (2020 à 2022) voté par l’Assemblée nationale aurait dû permettre de requalifier 1254 agents, seuls 674 l’ont été avec une dernière promotion famélique (69 promotions !). Il est d’ailleurs à noter que le nombre de postulants n’a cessé de baisser tout au long de la campagne. Et que, chose peu commune, un nombre important de démissions en cours de stage a pu être observé. Certes un correctif prenant en compte des dossiers non étudiés jusque-là va être publié mais nous pouvons d’ores et déjà dire qu’il sera loin de rendre ces résultats satisfaisants...Et que l’objectif originel ne sera pas atteint.

Des causes multiples

Alors comment expliquer cette désaffection alors que le plan précédent avait rencontré un succès qui avait permis de réduire considérablement les effectifs de la catégorie3 ? Les raisons, que nous avons développées en séance, sont multiples mais force est de constater que la concurrence déloyale que constitue l’alignement sur la grille des ACEN est un paramètre nouveau dont l’impact est à considérer sérieusement. En effet, pourquoi s’engager dans un parcours de requalification alors que le gain espéré est faible dans le meilleur des cas ou tout simplement inexistant ? Et dans ce cas les avantages en termes de carrière que procurent les « statuts » de catégorie 2 et 4 ne sont pas la priorité des agents, même si on peut le regretter...Par ailleurs, le calendrier extrêmement contraint et les nouvelles modalités que les candidats de la première session ont subis n’a pas permis de créer une dynamique suffisante pour garantir le succès. Pire même, ils ont agi comme un frein pour les autres candidats potentiels notamment en agitant le spectre de l’échec pour des enseignants en poste depuis des années. On peut aussi ajouter des conditions d’ancienneté trop exigeantes, que nous avons plusieurs fois tenté d’assouplir, mais en vain. Ou encore un manque d’accompagnement et de formation à la maîtrise des attendus de cet exercice qu’est l’analyse de pratique.

Et maintenant ?

La conséquence de ce bilan contrasté (n’oublions quand même pas les 674 collègues promus qui vont pouvoir bénéficier d’une carrière plus avantageuse) est que la question des catégories 3 reste entière. La cohorte atteint aujourd’hui des niveaux comparables à ceux de 2019. En effet, aux 674 promus on peut opposer 513 recrutements sur titres sur la période. En clair le plan n’a pas servi l’objectif visé. Et même renforcé le risque de voir des enseignants valoriser leurs compétences dans d’autres champs professionnels eu égard, entres autres, aux conditions de rémunération. Notamment les collègues expérimentés, les « milieux de carrière » laissés à quai lors de la revalorisation salariale, suscitant de l’incompréhension et de la frustration chez eux...Dès lors, quelle politique et quelles stratégies faut-il mettre en œuvre pour garantir un statut attractif à tous les enseignants, nouveaux et confirmés ? Comment inverser la tendance et faire du recrutement en catégorie 3 l’exception ou un passage transitoire ? Et non la seule perspective de la quasi-totalité des entrants...C’est ce à quoi nous devrons collectivement réfléchir. Les enjeux sont grands pour l’enseignement agricole car, à l’heure où faire remonter les effectifs élèves est une priorité, il ne faudrait pas oublier qu’il est aussi indispensable de mettre des enseignants formés et reconnus en face d’eux.