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La Fep-CFDT critique le programme d’enseignement moral et civique

Publié le 13/03/2024

Jeudi 7 mars 2024, la Fep-CFDT et le Sgen-CFDT se sont rendus pour une multilatérale à la Dgesco (Direction générale de l’enseignement scolaire) afin de donner leur avis sur le projet de programme d’EMC (Enseignement moral et civique), du CP à la Terminale, voie professionnelle incluse.

Pour les deux fédérations CFDT, si le contenu des programmes semble intéressant, la manière dont ils sont présentés et dont ils seront mis en œuvre ne convient pas. Le nombre d’heures, malgré les annonces, manque cruellement.

Une vue d’ensemble qui questionne la liberté pédagogique

À première vue, le retour d’un programme par niveau et non par cycle peut sembler rassurant pour certains collègues, beaucoup pratiquant déjà ce type de progression. Toutefois, cela risque d’être ardu à mettre en œuvre dans les classes du primaire multi-niveaux, notamment par la perte du côté spiralaire des programmes. D’ailleurs, l’entrée par compétences disparaît : il n’est fait mention que de celles du socle actuel, le nouveau socle à venir étant négligé.

En filigrane, il apparaît que la liberté pédagogique y est en danger. Les syndicats ont demandé que les situations d’apprentissage ne soient qu’optionnelles, nullement obligatoires. De même, le vivre ensemble est écorné spécialement par l’existence du SNU (Service national universel) qui l’externalise en dehors de l’École. Enfin, les programme du secondaire évoquent des « textes à lire » : sont-ils obligatoires ? sont-ils à lire en intégralité ? sont-ils à proposer en version imprimée puisqu’il est déconseillé de lire trop longtemps sur des écrans ? comment sera géré le niveau trop élevé de ces œuvres par rapport à celui des élèves ? Pour le ministère, ces éléments devront être reprécisés et en tout état de cause seront maintenus car ils découlent d’un souhait présidentiel : tous les élèves doivent lire chaque semaine un texte de dimension patrimoniale. Au-delà de la nécessité que ces textes soient travaillés un minimum en amont, cela montre que la Dgesco applique des annonces hors-sol d’un président qui, visiblement, ne connait rien au niveau des élèves et aux réalités pédagogiques.

Des horaires insuffisants

Les deux fédérations CFDT rappellent aussi que le doublement des heures en cycle 4 est un leurre. En effet, les modifications de l’arrêté de 2015 du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) mentionne « jusqu’à 18 heures » pour des projets sans dotation supplémentaire. De plus, au collège, l’EMC doit être enseignée par des professeurs d’histoire-géographie. Or, les horaires doivent être inclus avec l’histoire-géographie pour permettre, par cohérence pédagogique, de travailler la matière sur plusieurs séances d’affilée et non une séance par quinzaine. Enfin, la Fep et le Sgen ont pointé l’insuffisance d’heures en lycée professionnel qui n’est pas à 36 semaines en raison des PFMP (Période de formation en milieu professionnel), alors que les élèves ont, eux aussi, un besoin de formation citoyenne.

Des programmes en demi-teinte

Les programmes proposent aussi de traiter de questions intéressantes, comme l’opinion et le complotisme, même si cela demande des formations solides. On peut se réjouir que l’EDD (Éducation au développement durable) ou l’EMI (Éducation aux médias et à l’information) soient régulièrement citées. Les fédérations ont toutefois insisté sur le fait que ce sont des éducations transversales qui doivent être traitées par ailleurs, notamment en sciences ou au CDI par les professeurs documentalistes. Il reste donc des soucis d’adaptation des contenus pour les élèves et des liens avec l’histoire-géographie à retravailler. En effet, il a été relevé une définition de la laïcité trop complexe proposée aux 6e, ou une confusion entre les notions de « valeur » et de « principe ».

Des incertitudes concernant le DNB (Diplôme national du brevet) et le baccalauréat

Même si les programmes et les examens sont toujours deux sujets distincts qui répondent à deux temporalités différentes, la CFDT a toutefois questionné l’administration.

Concernant le DNB : le programme sera-t-il cantonné à celui de la 3e ou à tout le cycle 4 ? Cet enseignement existera-t-il toujours, surtout si les heures d’enseignement deviennent distinctes des heures d’histoire-géographie ? L’épreuve changera-t-elle ?

Concernant le baccalauréat : la Fep a interrogé spécialement l’administration au sujet des candidats libres. Ceux-ci sont issus de l’ « école à la maison » (IEF (Instruction en famille) ou à distance) ou d’établissements secondaires hors contrat. Comme un zéro n’est pas éliminatoire, certains élèves, pour des raisons religieuses ou politiques, refusent de travailler l’épreuve en préférant avoir une note abyssale et se rattraper sur d’autres épreuves. Que compte faire le ministère pour éviter ces pratiques séparatistes ?  L’administration n’a su que répondre.