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Enseignement agricole : comment accéder aux catégories 2 et 4

Publié le 14/02/2024

Si enseigner est le dénominateur commun des agents de droit public, leurs statuts les différencient d’un point de vue règlementaire d’une part, et en termes de parcours professionnel d'autre part. Si être classé en catégorie 2 ou 4 constitue l’assurance d’une carrière identique à celle de nos collègues du privé Éducation nationale, y parvenir peut s’avérer compliqué. Des possibilités existent toutefois…Explications.

Une voie directe

L’accès le plus direct à l’échelle de rémunération des Professeurs certifiés de l’enseignement agricole (PCEA) ou des Professeurs de lycée professionnels agricoles (PLPA) est le concours externe de l’enseignement agricole privé. Depuis la réforme de 2022, ce mode de recrutement est généralement accessible aux candidats détenteurs d’un Master 2 (la voie A) pour les disciplines générales et aux titulaires d’une L3 pour certaines disciplines fixées par décret (la voie B). Certains candidats peuvent être dispensés de ces conditions : les pères et mères de famille de trois enfants ou encore les sportifs de haut niveau par exemple. Aucune expérience dans l’enseignement n’est requise…A l’issue des épreuves les lauréats sont nommés stagiaires. A ce titre, ils suivant une formation d’une ou deux années à l’École Nationale Supérieure de Formation Agricole (ENSFEA) de Toulouse. Mais bien que s’apparentant à la voie classique d’accès prévue par le décret 89-406, cette formule n’est pas la norme, loin s’en faut. En effet, le ministère n’offre que 20 postes par an depuis plusieurs années. C’est pourquoi la grande majorité des enseignants est contractualisée à chaque rentrée en catégorie 3, soit environ 200 par an. Ce corps a la particularité de n’offrir aucune perspective puisque l’échelon sommital est atteint en 15 ans et que la carrière ne se déroule que sur un seul grade.

Deux accès par la valorisation de l’expérience

Alors quelles solutions sont-elles offertes à ces professeurs pour sortir de cette catégorie 3 et donc améliorer leur carrière ?

Tout d’abord, la voie du concours interne. Accessible à chaque collègue ayant accompli trois années de service public pour au moins un mi-temps, il repose sur la reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (RAEP). L’épreuve d’admissibilité consiste en la rédaction d’un dossier, l’épreuve d’admission en un oral d’une heure environ. Les lauréats sont nommés stagiaires sur le poste qu’ils occupent ou que l’administration leur propose le cas échéant. Ce stage d’une durée d’une année scolaire alterne périodes de formation (Neuf semaines) à l’Ifeap et exercice professionnel. A l’issue du stage, un jury statue sur l’obtention de la qualification pédagogique. En cas de réussite, les promus sont nommés en catégorie 2 ou 4. Leur reclassement prend alors en compte l’ensemble de la carrière en catégorie 3. C’est-à-dire que l’ancienneté totale de service reportée sur la grille des certifiés ou des PLP détermine le nouvel échelon. Chaque année ce sont 47 postes qui sont proposés. Malheureusement depuis quelques années, seulement un tiers de ces postes sont pourvus…

Ensuite par les listes d’aptitude pérennes, inscrites dans le décret 89-406 (article 21). Ce mode de promotion est réservé aux collègues ayant une expérience de dix ans de service public d’enseignement dont cinq dans l’enseignement agricole. Les candidatures sont examinées et classées par l’administration et vérifiées par la Commission consultative mixte. Les candidats admis sont alors nommés stagiaires pour l’année suivante. Ils doivent alors réaliser un dossier évalué par un inspecteur.  Le reclassement s’effectue dans les mêmes conditions que pour les concours internes, à savoir par un recalcul complet de carrière. Le nombre de postes offerts lors d’une année scolaire dépend du nombre de lauréats de concours l’année précédente (Un neuvième des lauréats). Au vu des taux de couvertures très bas des concours, ce nombre est souvent réduit au minimum, à savoir un poste pour chaque catégorie.

Le cas particulier de l’EPS

Pour les collègues enseignant l’Éducation Physique et Sportive, la difficulté est encore plus grande. En effet, aucun concours n’est proposé que ce soit en externe ou en interne. Dès lors, la seule possibilité reste la liste d’aptitude spécifique (article 21.1 du décret 89-406). Les modalités sont identiques à celles des autres disciplines, à savoir un dossier. En revanche, le reclassement, moins avantageux, s’effectue en attribuant aux stagiaires un indice égal ou immédiatement supérieur à celui qu’ils détenaient dans leur ancienne grille…Le nombre maximal de postes est fixé par une programmation triennale.

Les listes exceptionnelles

On le voit bien, ces mesures pérennes n’arrivent pas à enrayer l’augmentation structurelle du nombre de collègues classés en catégorie 3. Ce constat n’est pas nouveau. En réponse à ce phénomène, pressé par les différentes actions de la Fep-CFDT, le ministère a construit plusieurs campagnes de requalification (2008-2010, 2013-2015, 2020-2022). Basées soit sur une inspection, soit sur un dossier, elles ont permis de reclasser plus de 1500 collègues. Pourtant, parce qu’elles n’étaient assorties d’aucune autre mesure, elles n’ont pas permis de régler le problème à la racine. Il faudra travailler à la construction d’autres solutions. La Fep-CFDT y est prête…