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La Fep-CFDT contre la réforme de la formation continue des enseignants

Publié le 18/10/2023

Le président de la République, suivi de son ministre, impose une réforme de la formation continue des enseignants de droit public. Si un point sur ces annonces est nécessaire, c’est aussi l’occasion d’exposer la position politique de la Fep-CFDT.

Lundi 24 juillet, le Président relance le sujet en annonçant aux journaux télévisés de 13h de TF1 et France 2, en direct de Nouméa, qu’il y aura « un professeur devant chaque classe » à la rentrée, grâce à « une série de petites révolutions ». Cela passera notamment par la réforme de la formation. Le ministre persiste et signe : pour lutter contre l’absentéisme, il faut placer 100 % des formations continues hors du temps de face-à-face avec les élèves. Pour lui, c’est une opportunité car les enseignants ne sont pas assez formés, alors qu’ils sont demandeurs. Il s’agit non pas de formation pendant les vacances, mais hors temps scolaire, incluant des « modules sécables, en hybride, sur site, avec [ses] collègues », pendant des heures vacantes en journée, le soir… Il prétend que cela correspond aux demandes des collègues. Dans sa grande mansuétude, il désire prendre le temps de la réforme : « cela va se mettre en place de manière progressive : 30 % de la formation continue hors temps de face-à-face en cette rentrée [2023], 50 % au 1er janvier [2024] et 100 % à la rentrée prochaine [2024], ce qui laisse le temps aux EAFC (Ecole académique de la formation continue), à Canopé et autres d’adapter l’offre »[1] (sic).

Le positionnement de la Fep-CFDT

Comme exprimé dans sa résolution de 2021, la Fep est attachée à la formation continue tout au long de sa vie. Celle-ci est même essentielle dans le métier, si évidemment elle est de qualité et répond aux besoins des collègues. Elle doit être un choix, et non refusée surtout en cas de changement de programme. Elle ne peut pas être imposée sur un temps hors des obligations de service ; aussi, la Fep-CFDT est-elle contre cette réforme de la formation continue.

L’argument de réformer la formation continue au prétexte que cela engendrerait de l’absentéisme est fallacieux. En effet, selon Le Monde du 29 mai 2023, « sur les 15 millions d’heures non remplacées, seules 10 % sont le fait de formations continues, plus de la moitié étant due à des arrêts maladie ou des congés maternité, et un tiers à « l’indisponibilité des locaux ou des enseignants » (organisation d’examens, problèmes de sécurité…) ». De plus, la formation pendant les vacances n’est pas un souhait des collègues, même rémunérés. La réforme Blanquer à ce sujet est un échec, faute d’inscriptions. Il ne peut être envisagé de mettre des formations les samedis ou pendant les vacances car c’est non seulement un temps durant lequel les enseignants travaillent déjà (copies, préparations, autoformations…) et qui plus est, ils ont le droit à la déconnexion. Il faut donc que la formation reste pendant le temps scolaire, entre 8h et 18h, d’autant plus qu’il s’agit de temps de travail.

La réforme parle de formation « en dehors du temps scolaire », ce qui suppose aussi pendant les demi-journées de libre, entre les cours, ou les soirs. On sait que les formations morcelées, sous forme de capsule, en distanciel synchrone ou asynchrone, sont beaucoup moins efficaces que des formations sur au moins une journée en présentiel, permettant à l’enseignant de s’y consacrer pleinement et d’échanger correctement avec ses pairs. En outre, ces temps seraient en plus des cours, et non à leur place : c’est une fois de plus du travail supplémentaire non rémunéré, qui mettrait en surcharge les collègues.

La liste de contre-arguments à la réforme est longue. Elle est faite dans la précipitation car demande de revoir le plan de formation en méprisant le travail déjà réalisé. Il va commencer à être difficile de trouver des formateurs formés pour assure ces formations hors-temps scolaire. Sans compter la démotivation accrue des collègues de s’inscrire à des formations dans ces conditions, alors que se former est un besoin.

Ainsi, par cette réforme, l’exécutif porte atteinte au droit à la formation. Ce qui semble un premier pas vers la refonte des ORS (Obligations règlementaires de service des enseignants), donc vers l’annualisation, surtout si les formations deviennent obligatoires.

 

[1] Mercredi 11 octobre 2023, devant le Sénat.