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Non aux groupes de niveaux

Publié le 25/03/2024

Le « Choc des savoirs » impose des groupes de niveaux au collège en français et en mathématiques. La Fep-CFDT s’oppose à cette mesure de tri des élèves, dont la recherche met en cause la pertinence.

L’arrêté du 15 mars 2024 maintient la mise en place des groupes de niveaux « sur tout l’horaire » de français et de mathématiques au collège : en 6e et en 5e, dès la rentrée 2024, et en 4e et en 3e à la rentrée 2025.

Constitution des groupes

La mise en place du dispositif signifie qu’un tiers des cours au collège ne seront pas dispensés en classe entière. La constitution des groupes devra s’appuyer sur toutes les évaluations et nécessitera une concertation entre le chef d’établissement et les enseignants. Ils devront être évolutifs : leur composition sera réexaminée au cours de l’année en fonction des progrès, des besoins, des chapitres. Il est précisé que l’on pourra créer autant de groupes que de divisions, ce qui signifie qu’on ne sera pas tenu de créer plus de groupes que de classes. Quant au nombre d’élèves par groupe, c’est l’établissement qui le gèrera librement, même si la note de service précise que « les groupes qui comportent un nombre important d’élèves en difficulté sont en effectifs réduits, le nombre d’une quinzaine d’élèves pouvant, à cet égard, constituer un objectif pertinent ». Les élèves de Segpa pourront être associés à ce dispositif.

Le texte final permet toutefois une dérogation : « Les élèves peuvent être, pour une ou plusieurs périodes, une à dix semaines dans l'année, regroupés conformément à leur classe de référence pour ces enseignements [de français et de mathématiques]».

Quelle pertinence ?

Selon la recherche, mettre en place des groupes de niveaux dans la durée, pour toutes les heures d’une matière, ne fonctionne pas. De plus, lors du brassage obligatoire des groupes, les élèves ne seront pas tous parvenus au même endroit du programme, ni au même niveau. Cela ne fonctionne que pour des besoin ponctuels, si l’élève est dans une classe hétérogène la plupart du temps.

En revanche, il peut être pertinent de discuter sur le degré d’hétérogénéité des classes ou sur le nombre d’élèves à besoins spécifiques à gérer par un enseignant.

Un casse-tête pratique

Pour la mise en œuvre, et c’est ce à quoi invitent les textes, il faudra placer toutes les heures de français et de mathématiques en barrette, afin de pouvoir faire changer les élèves de groupe dans l’année. Concrètement, cela risque d’être un casse-tête pour la constitution des emplois du temps et l’organisation en général. Faute d’heures supplémentaires, il y aura autant de groupes de niveaux, et aussi chargés, que de groupes classe, sauf à rogner sur les cours optionnels, comme le latin ou les demi-groupes qui existaient encore (en langues, en sciences…). De même, ce dispositif ne permettra plus à un enseignant de français ou de mathématiques d’avoir plusieurs classes de 6e, par exemple, ce qui va accroître sa charge de travail.

Par ailleurs, si les textes précisent que les enseignants de ces deux matières pourront toujours être professeur principal, cela semble impossible dans la pratique, puisque les élèves seront mélangés. De plus, les projets de classe interdisciplinaires, ou dans ces deux matières, seront difficiles à mettre en place.

Pour aller plus loin :

- Article "Labellisation et méthodes imposées" : ICI

- Vidéo Fep/SGEN "Labellisation et méthodes imposées" : ICI

- Article "DNB et Classe prépa seconde" : ICI

- Vidéo Fep/SGEN "DNB et Classe prépa seconde" : ICI

- Article "Groupes de niveaux" : ICI

- Vidéo Fep/SGEN "groupes de niveaux" : ICI