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Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) : un enjeu de société

Publié le 12/04/2024

Le projet de programme d’éducation à la sexualité est paru au début du mois de mars. Il doit encore être amendé et validé par les organisations syndicales et le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) avant que le Conseil économique social et environnemental (CESE) ne propose des préconisations au mois de septembre prochain.

La Fep-CFDT avait porté ses valeurs et sa vision de la place que doit avoir l’éducation à la sexualité à l’école auprès du Conseil supérieur des programmes lors d’une audition au mois d’octobre. Le projet est paru début mars et les textes seront présentés en CSE avant la fin de l’année scolaire pour une mise en application en septembre.

Du côté des avancées : l’inscription d’un minimum de 6 heures obligatoires dans le second degré avec la mention de co-interventions, la progressivité des notions abordées dont certaines sont évoquées très tôt comme le consentement, la différence et la diversité des familles, le dégenrage des métiers et des activités. La Fep-CFDT est aussi satisfaite des ponts faits avec l’enseignement moral et civique et l’éducation aux médias et à l’information.

Encore beaucoup d’incertitudes

Mais beaucoup de points restent à clarifier et méritent des amendements. Par exemple, le rapport au corps est encore trop vu dans un cadre de binarité de genre et d’altérité, les sujets LGBTI sont trop souvent traités par l’entrée phobies et des sujets comme la pornographie ou la sexualité sont abordés trop tard alors que les enfants, par leur accès aux médias et aux réseaux sociaux, y sont confrontés très tôt sans accompagnement éducatif et parental. Et, alors qu’il est fait mention de l’insertion de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dans des projets d’établissement en lien avec les instances de dialogue social et avec les parents, la Fep-CFDT s’inquiète une fois de plus de l’absence d’instances pédagogiques dans de trop nombreux établissements privés sous contrat. La Fep portera au Conseil Supérieur de l’Éducation ce besoin de faire évoluer le texte, pour faire entrer complètement les établissements privés sous contrat dans les dispositifs.

L’Evars, un projet sociétal porté par le CESE

Dans ce projet de programme, nulle part n’est évoquée la question des moyens et des formations. Sans formation des enseignants et enseignantes, mais aussi de tous les publics intervenant auprès des jeunes, sans action concertée avec les familles, sans réflexion d’ensemble sur les freins sociétaux à la mise en place d’une politique publique éducative qui luttera contre les stéréotypes, pour l’éducation à la sexualité ou encore contre les violences faites aux femmes et contre toutes les formes de discriminations, le projet de programme risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.

C’est à cela que s’est engagé le CESE début de l’année scolaire. Depuis plusieurs mois, il auditionne des acteurs sociaux, des professionnels d’éducation, des associations, des institutionnels. La Fep-CFDT a exprimé la nécessité d’implication identique de toutes les structures éducatives, publiques, privées sous contrat mais aussi hors contrat. Elle a affirmé que tous les enfants devaient bénéficier des mêmes lieux d’expression et de réflexion. Les groupes de travail sont tombés d’accord sur la nécessité de sensibiliser et de former tous les acteurs et toutes les actrices agissant pour le développement des enfants, dans le respect obligatoire du droit international et de la Convention internationale des Droits de l’enfant. Cela ne pourra se faire sans une politique publique volontariste, une communication claire et appropriée par toutes et tous, des outils variés à disposition de toutes celles et ceux qui interviennent auprès de ces enfants.

Le CESE rendra son avis le 10 septembre. Alors que les programmes devront être mis en œuvre à la rentrée scolaire prochaine, cet avis arrivera à point nommé pour inviter l’État à engager toute la société pour l’égalité entre les filles et les garçons, l’émancipation de nos enfants et la lutte contre toutes les violences de genre.