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Quel avenir pour l’enseignement agricole dans un contexte de transitions sociétales et écologiques majeures ?

Publié le 12/01/2024

La Fep-CFDT a émis un avis favorable concernant la modification de 6 articles de loi pour la mise en œuvre du Pacte et projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA), lors du Conseil national de l’enseignement agricole (13 décembre) et du Conseil supérieur de l’éducation (8 janvier). L’adoption de cette loi aura une incidence réelle sur la vie et les projets des établissements agricoles.

En Conseil national de l’enseignement agricole (Cnea), la Fep-CFDT a émis un avis favorable sur chacun de ces textes, sauf concernant le dernier pour lequel elle s’est abstenue. Au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), l’ensemble ayant été voté en un seul bloc, son vote a été favorable, comme celui du Sgen-CFDT.

Même si chacun salue le travail de concertation au niveau national et en région qui s’est tenu durant un an, les participants au Cnea, dont la Fep-CFDT, ont souligné qu’ils auraient souhaité avoir, en amont, un groupe de travail autour des textes qui concernent le champ de l’enseignement agricole.

Situation actuelle de l’enseignement agricole

L’adoption de cette loi aura des conséquences positives sur l’enseignement agricole. De 2009 à 2019, celui-ci a perdu 10 % de ses apprenants. Depuis 2019, une inversion de cette tendance est observée avec des effectifs en progression de 1 % par an. C’est largement insuffisant pour assurer la formation des futurs professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Pour répondre aux besoins de ces secteurs, il faudrait 30 % d’apprenants en plus.

Contenu des articles

L’article de nature programmatique fixe le cap sur un temps long. Quatre grands objectifs de politique publique sont posés : augmenter le nombre de personnes formées dans les secteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire ; accroître le niveau de diplôme moyen des futurs actifs ; améliorer la formation tout au long de la vie ; favoriser les innovations et accompagner les transitions (climatiques, agroécologiques, numériques…). Il est prévu, par exemple, que dans le cadre scolaire, chaque enfant puisse bénéficier d’une action de découverte de l’agriculture et de ses enjeux.

Concernant la modification de ses missions, l’enseignement agricole se voit doter d’une sixième, qui a trait au développement des compétences et des connaissances en matière de transitions agroécologiques et climatiques. Ce qui a pour nécessaire conséquence le renforcement du plan Enseigner à produire autrement.

210 classes sont actuellement concernées par de petits effectifs. Dans le dispositif actuel, le fait d’être en dessous d’un seuil expose à la fermeture. Avec le Contrat territorial de consolidation ou de création de formation proposé, un établissement pourra s’engager dans un plan d’actions permettant le maintien de la filière de formation, ainsi que sa redynamisation, via un contrat avec les acteurs professionnels du territoire. Ce dispositif permettra aussi la création de nouvelles filières de formation dans les domaines agricoles et agro-alimentaires, en lien avec des besoins bien identifiés.

Quant au Bachelor Agro (diplôme national) qui sera mis en place, il ne se substitue pas aux licences pro, mais donne la possibilité d’une troisième année post BTS, à l’image de ce qui existe avec les BUT (Bachelor universitaire de technologie). Ce sera l’un des moyens de booster l’attractivité des BTSA (Brevets de techniciens supérieurs agricoles) qui en ont bien besoin. Cette formation pourra être mise en œuvre dans un lycée agricole privé, mais uniquement dans le cadre d’un partenariat avec un établissement supérieur public. Ce qui constitue, de l’avis de la Fep-CFDT, un frein à la mise en place. C’est d’autant plus regrettable qu’il existe cinq établissements agricoles supérieurs privés.

Pour ce qui est des Experts associés, faire plus facilement le pont entre le monde de la recherche et l’enseignement agricole sera en quelque sorte le rôle de ce millier d’experts, missionnés pour intervenir auprès des équipes éducatives afin d’accompagner les changements, y compris sociologiques.

Enfin, France services agriculture sera une sorte de guichet unique, vers lequel un porteur de projet en agriculture pourra se tourner, afin d’obtenir des réponses concernant les sujets relatifs à son installation.

Pour la formation, l’apprenant potentiel se verra adresser à un établissement public agricole qui étudiera avec le porteur de projet la formation la plus adaptée. Bien sûr, chacun pourra ensuite se diriger vers l’établissement de son choix, public ou privé, pour ladite formation. La Fep-CFDT a tout de même indiqué les limites de ce dispositif. En donnant le monopole de « la prescription de formation » aux établissements publics, un biais est introduit. D’autres participants au Cnea se sont exprimés contre ce projet qui dépossède, par exemple, les chambres d’agriculture de l’un de leurs rôles.

Le pacte et le projet de loi en faveur du renouvellement des générations en agriculture devra être global. Au-delà des dispositions législatives, dont six articles de loi en lien avec l’enseignement agricole, il devra prendre en compte des dispositions fiscales et des besoins budgétaires. Certaines dispositions budgétaires figurent déjà dans le Projet de Loi de Finances.

Rappel du contexte

En septembre 2022, le président de la République annonce sa volonté de faire adopter un Pacte et une Loi d’orientation et d’avenir agricoles, dits PLOAA. L’enjeu est double : enrayer la diminution du nombre d’agriculteurs, projetée à - 25 % de 2020 à 2030 et engager les transitions agroécologiques et climatiques des systèmes agricoles et alimentaires.

En décembre 2022, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire lance une grande concertation autour de ce PLOAA. Quatre axes sont alors identifiés : l'orientation et la formation ; la transmission ; l'installation des jeunes agriculteurs ; la transition et l'adaptation face au climat. Ces concertations ont mobilisé 130 organisations, aussi bien au niveau national que régional. 44 000 contributions ont été produites. La Fep-CFDT s’est impliquée pleinement dans ces travaux, en particulier dans les régions.

En juin 2023, les rapports de synthèse des groupes de travail et les propositions sont communiqués au ministre de l’Agriculture.

En décembre 2023, commence la préparation de la loi d’orientation agricole.

Les grands enjeux autour de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

Le premier est l’attractivité des métiers de l’agriculture et le maintien des exploitations. En 2030, 50 % des agriculteurs auront atteint l’âge de la retraite et le taux actuel d’installation en agriculture est insuffisant pour compenser ces départs (13 000 installations agricoles par an contre 21 000 arrêts annuels d’activité).

L’innovation et le développement de nouveaux outils pour mettre en œuvre les transitions agroécologiques et climatiques constituent le second.

 

Pour s’informer sur la globalité du PLOAA, au-delà de ce qui concerne l’enseignement agricole, consulter :

https://agriculture.gouv.fr/dossier-de-presse-pacte-dorientation-pour-le-renouvellement-des-generations-en-agriculture