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La Fep-CFDT retoque la ministre au Conseil supérieur de l’éducation

Publié le 31/01/2024

C’est au Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 31 janvier 2024, que la Fep-CFDT s’est adressée à la ministre Amélie Oudéa-Castéra sur le choc de ses propos et sur le choc des savoirs. Elle a aussi évoqué l'enseignement privé ainsi que les réformes.

C’est d’un ton calme, avec le sourire, en cherchant le regard de son auditoire, que la ministre a ouvert cette séance plénière. Les organisations syndicales, dont la Fep et le SGEN, se sont exprimées d’une manière franche et directe.

Une ministre dans la continuité de son prédécesseur

Après avoir déclaré que l’école publique sera sa priorité, la ministre a prôné un dialogue social qu’elle veut « franc et fructueux ». Elle a aussi exposé sa feuille de route, en trois axes, dans la lignée de son prédécesseur, devenu chef du gouvernement, Gabriel Attal. D’abord, elle veut remettre de l’ « exigence à tous les étages » à travers le renforcement de l’autorité de l’enseignement et le choc des savoirs qu’elle a soutenu sans borne. Ensuite, elle s’est montrée attachée à l’attractivité du métier, dont la refonte de la formation initiale. Enfin, elle souhaite l’« école de l’épanouissement républicain », dans laquelle on doit s’opposer fortement au harcèlement. Elle veut faire vivre le principe de laïcité partout, dans tous les établissements publics et privés. Elle soutient la généralisation du SNU (Service national universel) d’ici 2026, la découverte des métiers, la mise en place du stage de seconde, la mixité sociale et scolaire, la généralisation du périscolaire de 8 h à 18 h. Elle conclut en déclarant que le temps des annonces est fini, qu’elle est dans le temps de la construction, et reste attentive au dialogue.

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Amélie Oudéa-Castéra au Conseil Supérieur de l'Education

La Fep-CFDT s’exprime contre les propos de la ministre et contre le choc des savoirs

« Madame la ministre, la Fep-CFDT, premier syndicat de l’enseignement privé, s’exprime aujourd’hui sur le choc de vos propos et sur le choc des savoirs.

Sur le choc de vos propos d’une part. On ne va pas revenir en détail sur Stan’ qui ne représente pas l’ensemble des établissements sous contrat, confessionnels ou non, ruraux ou urbains. La Fep-CFDT dénonce toutefois vos propos blessants portés à l’encontre des enseignants du public avec lesquels nous sommes solidaires. L’enseignement privé sous contrat fait partie du service public d’éducation, et cette affaire met en lumière ce que l’on réclame de façon constante : davantage de contrôle dans l’utilisation des fonds publics donnés aux établissements ou pour les formations ; davantage de contrôle concernant le respect des contrats d’association ; davantage de contrôle du respect des valeurs de la République. Il est urgent que l’État en ait la volonté et s’en donne les moyens. Il en va du respect de la constitution, des valeurs de la République et de la laïcité pour lesquels la Fep-CFDT, premier syndicat du privé, ne transigera pas. Et pour le dire d’une manière plus claire et directe : pas un centime d’argent public, madame la ministre, ne doit financer des activités ne relevant pas du service public d’éducation ; pas un centime d’argent public, madame la ministre, ne doit financer des formations « caractère propre » ou à connotation confessionnelle. Et si pour la Fep-CFDT l’enseignement catholique n’est ni notre employeur ni un partenaire social privilégié, il doit en être de même pour vous.

Sur le choc des savoirs d’autre part. Un choc tout court. Comment peut-on à ce point porter atteinte à la liberté pédagogique en imposant des méthodes et en labellisant les manuels ? Comment ose-t-on transformer les enseignants – des cadres A – en simple exécutant ? Cela heurte de plein fouet le cœur de nos métiers, celui de l'innovation et de l'adaptation aux besoins constants de nos élèves. Ce choc est juste la conséquence d'un défaut de dialogue social réel et efficace avec tous les personnels. Car au fond, qui doit être le chef d'orchestre à l'Éducation nationale ? Qui doit mener la danse ? Les acteurs de terrain ou la valse des ministres ? Car, madame la ministre, d'année en année, de mois en mois, les ministres passent, mais les personnels et la CFDT restent ».

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Judith VOLCOT et Damien GILLOT

La ministre parle du privé et du choc des savoirs

Beaucoup d’organisations syndicales du public n’ont pas été tendres avec le privé sous contrat ou le choc des savoirs. Le SGEN-CFDT reprend des critiques sur les réformes, d’une manière précise et argumentée, en adéquation avec la ligne Fep : annonces présidentielles sans effet, doublement des heures d’EMC (Enseignement moral et civique) sans heures allouées, groupes de niveau qui vont détruire le collège unique. « Ces mesures vont dégrader les conditions de travail des personnels et augmenter leur charge de travail car c’est aux personnels qu’il revient de mettre en œuvre des mesures mal ficelées, mal pensées, incohérentes, sans les moyens nécessaires et contraires aux valeurs que nous portons » (Lire (Lien en accès restreint) la déclaration en intégralité)

En réponse aux déclarations, la ministre parle du privé. Elle est déterminée à inscrire le privé dans l’alignement du public, en renforçant le contrôle sur la pédagogie, l’adhésion pleine et entière aux valeurs de la République et la laïcité dans le cadre de la loi Debré. Elle sera d’une intransigeance totale. Elle accentuera aussi les contrôles sur le hors contrat, contrôles qui ont triplé récemment. La ministre précise à nouveau quelques points sur le choc des savoirs. Le choix des manuels sera libre, même si certains seront labellisés par le ministère de l’Education nationale. Quant à l’EMC, les textes qui nous ont été soumis, identifient 30 minutes inclus dans les heures d’enseignement d’histoire-géographie, et la possibilité d’ajouter jusqu’à 18h d’EMC sous la forme de projets. Concernant la « tenue unique », il s’agit pour l’instant d’une expérimentation sur un an. Au sujet de la Marseillaise, il n’y a pour elle aucune polémique à avoir car le Code de l’éducation prévoit déjà son apprentissage dès le cycle 2. Elle affirme son soutien à la réforme du lycée professionnel, et se réjouit de l’augmentation de 11 % (sic) de la rémunération des enseignants.

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