Agir sur les stéréotypes de genre au lycée professionnel

Publié le 31/01/2022

Un rapport sur la présence des biais de genre en LP a été a commandé par J.-M. Blanquer à la déléguée à l’égalité entre les filles et les garçons. Il s’agit d’identifier les représentations genrées que les élèves et le système scolaire ont des métiers, de façon à les modifier.

Comme cela a été le cas pour le lycée général et technologique en fin d’année dernière, le ministre de l’Éducation nationale a commandé à Claude Roiron, déléguée ministérielle à l’égalité entre les filles et les garçons, un rapport sur la présence des biais de genre en lycée professionnel. Là où, dans la première commande, il était question d’agir sur les parcours genrés d’orientation, ici, il s’agit d’identifier les représentations genrées que les élèves et le système scolaire ont des métiers, de façon à les modifier.

Enquête auprès de 600 000 lycéens et lycéennes

Le groupe de travail mis en place est une émanation du comité de suivi de la transformation de la voie professionnelle. Il est coordonné par Jean-Marc Huart, recteur de l’académie Nancy-Metz. Son activité débutera par la diffusion d’un questionnaire auprès de 115 lycées professionnels représentant des territoires et des filières ciblé·e·s.

Huit académies ont été choisies pour la diffusion de l’enquête : Nancy-Metz, Nantes, Lille, Limoges, Grenoble, Montpellier, la Réunion ainsi que Clermont-Ferrand (qui est pilote sur les questions du genre). Les filières cibles seront, entre autres, l’aéronautique, Agora, la biochimie-industrie, les filières commerce-vente, santé- social, aide à la personne et aux collectivités, beauté et bien-être ou encore habillement textile et cuir.

Ces questionnaires, préparés par le chercheur Pascal Huguet en association avec la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) toucheront ainsi 600 000 lycéens et lycéennes de CAP et de bac pro entre le 7 février et le 4 mars.

La Fep-CFDT a regretté que des établissements relevant du ministère de l’Agriculture ne soient pas associés à ce travail d’enquête. Saisissant le message, Claude Roiron a signalé qu’elle allait se rapprocher du ministère en question pour voir ce qu’il était encore possible de faire ensemble.

La Fep-CFDT veut prendre part aux auditions

En parallèle de la diffusion et de l’analyse du questionnaire, qui fera l’objet d’une restitution au groupe de travail entre février et mars, des auditions de personnes qualifiées et d’associations auront lieu. Les régions, en charge de la carte de la formation professionnelle, seront reçues par Claude Roiron et Jean-Marc Huart. De plus, le centre Hubertine Auclert, l’observatoire de l’égalité, les branches identifiées comme étant en lien avec les filières choisies ou encore les Opco (Opérateurs de compétences) seront aussi auditionnés. La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT profiteront de ce cycle d’auditions pour transmettre leur contribution afin d’enrichir le débat et le rapport en construction.

C’est sur tout un système qu’il faut agir

Françoise Vouillot a clos les échanges en donnant des pistes, des leviers d’action tiré·e·s de ses recherches. Pour elle, c’est bien l’orientation sexuée qui mène les filles et les garçons à des voies différentes, hiérarchisées et rémunérées à des niveaux différents. Aujourd’hui, il vaut mieux avoir un CAP « maçon » qu’un CAP « petite enfance ». Pour légitimer le fait de réserver certains métiers aux hommes et d’autres aux femmes, la société et l’école vont chercher des stéréotypes bien ancrés dans nos consciences. C’est sur le système même qu’il faut agir selon elle, système dans lequel la domination masculine est omniprésente.

La Fep-CFDT estime que cloisonner les travaux par niveau d’étude ne permettra d’agir qu’en surface sur les biais genrés. Elle a donc demandé qu’un travail soit fait à l’échelle de l’ensemble du système scolaire. Ceci afin de prendre des mesures fortes, tant en termes de formation des personnels et de suivi des élèves, que d’actions sur les programmes et les modèles d’identification des élèves. Le rapport concernant le lycée professionnel sera rendu à la fin du mois de mars.