#8MARS - LUMIÈRE SUR LES ESSENTIELLES

Publié le 08/03/2022

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la CFDT organise un rassemblement place du Panthéon à Paris de 11h30 à 16h pour mettre en lumière les travailleuses essentielles. La Fep y sera représentée.

Témoignages de deux travailleuses essentielles de notre champ professionnel.

Catherine Busin, personnel de service en restauration scolaire

J’exerce ce métier avec fierté car :

  • l’ambiance me plaît ;

  • je me sens pleine d’énergie quand je travaille ;

  • je suis satisfaite des relations que j’entretiens avec les collègues ;

  • voir et servir les collégiens et lycéens me rend heureuse et satisfaite.

Mais je rencontre aussi des difficultés :

  • de la fatigue en fin de journée ;

  • du stress avec la surcharge de travail ;

  • des horaires peu modulables ;

  • le salaire, peu élevé ;

  • lors de l’absence d’un salarié : pas de remplacement prévu, donc du travail en plus !

 

Hélène Moran, personnel de service et entretien

Le monde change, nos jeunes évoluent dans un monde où pour le personnel, le « non » n'existe pas ou très peu… Donc notre métier évolue aussi !!
 

Cela fait 34 ans que je travaille dans mon établissement, j'ai connu 6 directions et 3 changements de poste. J’ai commencé ce travail d’employée de service, très jeune et pleine d’espoir et de dynamisme. Avec des employées très dures au boulot, vaillantes mais peu communicantes ! Un travail d’esclavage, du lundi matin au samedi matin ! Très peu de profs nous adressaient la parole, il y avait comme une barrière entre certaines « classes » d'emplois dans l'établissement. Mais des élèves polis, bien élevés, sanctionnés quand ils n’étaient pas respectueux de notre travail. Une forme de reconnaissance en quelque sorte ! Un enseignement catholique très présent, cela créait un lien, car certaines sœurs étaient dures, mais bienveillantes en même temps ! Cela a duré 10 ans.

Et là commence mon adhésion à la CFDT ! Pourquoi ?
La direction, voulant faire des économies en personnel de ménage, une volontaire était sollicitée pour changer de poste… Étant la plus jeune et en bonne santé, j’ai été désignée pour être « rachetée » par la société de restauration ! Après négociations, j’ai été entièrement associée à cette société, sauf en périodes de vacances !

Je bascule du ménage à la cuisine… L'époque était très différente, nous cuisinions sur site des produits frais et il n’y avait pas de pression pour les coûts de revient. Nous étions proches des élèves et, à ce moment-là, il y avait des mercis, des bonjours, des sourires, car les menus étaient faits pour faire plaisir aux élèves !!! Les années ont passé, avec toujours beaucoup de travail, car les directions étaient très exigeantes, pour leurs repas de direction, les fêtes… mais... j'étais toujours jeune.

Appel d'offres, changement de société, le travail commence à changer et l'esprit des chefs aussi ! Le bonheur des élèves était passé au second plan… Une société de restauration plus exigeante sur le rendement, et surtout une pression sur le personnel. Des maladies professionnelles arrivent, douleurs aux bras, aux cervicales, beaucoup d’absences sans remplacement, de façon à créer une ambiance tendue !

La dernière direction décide, il y a 4 ans, de faire partir de la cuisine tout le personnel OGEC (plonge, service), sauf les 2 aides-cuisinières. Le personnel est très content de quitter cette cuisine ! Et là, commence une très grande pression pour moi. Je navigue entre 2 sites, j'essaie de m'intégrer à l'équipe de la société de restauration : des gens polyvalents, peu investis dans nos établissements, des chefs plus concernés par les chiffres et les ordinateurs que par les élèves !
Des élèves mécontents, des profs qui ne se régalent plus, et une direction sourde à la souffrance malgré plusieurs rencontres avec les chefs et la direction !!!
Résultat, il y a un an, je profite d’un changement de direction pour demander à quitter la cuisine et revenir au ménage... Après différents plannings, variants et lourds, je finis par accepter, à bout de forces, de changer mes horaires. Pendant plus de 20 ans, j'ai travaillé de 6 h à 15 h, et là, la direction m'a imposé de basculer à 11 h - 20 h.

Le personnel de ménage est transparent et là, j’ai vu un travail qui a beaucoup changé !
Certains élèves ne disent plus bonjour, écrivent sur les tables, abîment les murs…
Et autour, des  profs, des éducateurs, toujours pressés, débordés, très pris… ou des parents très exigeants, des enfants qui négocient tout…..

Et là mon métier me pèse de plus en plus !