Maths au lycée : la Fep-CFDT entendue par le ministre

Publié le 29/03/2022

Sous la pression, Jean-Michel Blanquer avait chargé un comité de recueillir les avis des organisations syndicales concernant la place des mathématiques en lycée. Menées au pas de course, ces consultations ont abouti à un rapport rendu lundi 21 mars.

Si la Fep-CFDT a dénoncé, comme les autres organisations syndicales, des concertations menées dans la précipitation, elle a tout de même trouvé judicieux de répondre positivement à la sollicitation du ministère. Les enseignants et enseignantes militants et militantes de la Fep ont été contacté·e·s afin qu’une contribution puisse être transmise. À la lecture du rapport du comité de consultation, force est de constater que les propositions d’urgence de la Fep ont été retenues. Le ministre, contraint à une obligation de réserve liée à la campagne électorale, ne s’est pas exprimé publiquement, mais a laissé fuiter sa volonté de suivre le rapport.

Remettre des mathématiques dans le tronc commun

Constatant l’érosion des compétences des élèves dans la pratique quotidienne et usuelle de la matière, la première urgence est de rétablir un bloc horaire dédié aux mathématiques dans le tronc commun de première générale et technologique. Le ministre a retenu cette proposition et annoncé l’ajout d’1 H 30 dans ce tronc commun, portant à 3 h 30 un bloc « d’enseignement scientifique et mathématiques ». Hélas, le budget de l’Éducation nationale 2022 étant voté, cela se fera à moyens constants, rendant impossible la mobilisation de nouvelles enseignantes et de nouveaux enseignants, et obligatoire le recours aux HSA. Lors de la concertation, la Fep-CFDT avait insisté pour que les élèves qui choisissent la spécialité mathématiques dans leur triplette de première n’aient pas à suivre cette heure et demie supplémentaire, cela a aussi été retenu par le ministre.

Ouverture plus large de l’option « mathématiques complémentaires »

Par manque de personnels, le ministre n’a pas pu proposer l’introduction dans le tronc commun de cette heure et demie de mathématiques en classe de terminale. C’est la problématique générale du manque d’attractivité du métier qui entre en collision avec les imperfections nombreuses de cette réforme. Pour permettre la poursuite de l’étude de la matière jusqu’à la fin du lycée, le ministre a accédé à une autre des propositions de la Fep-CFDT: l’ouverture à tous et toutes les élèves de l’option maths complémentaires.

Les organisations syndicales ayant alerté sur le renforcement des biais genrés que pouvait entraîner cette mesure, le ministre a demandé au Conseil supérieur des programmes de veiller à introduire une réflexion sur le genre dans les futurs programmes, afin de « lutter contre les stéréotypes parfois véhiculés sur la discipline et qui pourraient contribuer à en écarter les filles. »

Des programmes à revoir

Si le CSP est sollicité, à la demande des organisations syndicales, pour revoir plus globalement le programme de maths de seconde, jugé trop ambitieux, c’est une réflexion d’ensemble qui devra être menée à partir de la rentrée 2022. Ce calendrier contraint ne permet pas, hélas, d’avoir une réflexion systémique sur l’enseignement des mathématiques. La Fep-CFDT ne peut que regretter le manque d’anticipation du ministère qui va, une fois de plus, obliger des collègues à prendre connaissance de nouveaux programmes dans un délai très court.

Comme le Sgen-CFDT, la Fep pense qu’il est impératif de « réformer la réforme en prenant le temps de la co-construction » qui avait manqué en 2018.