Enquête Mixité des publics

Publié le 24/06/2020

L’enquête nationale sur la mixité des publics, réalisée par la Fep-CFDT lors du 1er semestre, permet de dresser un premier bilan.

60 % des lycées professionnels ayant répondu à l’enquête sont dotés d’un CFA* ou d’une UFA** et 75 % d’entre eux n’accueillent pas d’apprentis au sein d’une classe en formation initiale. Dans les établissements qui ont introduit la mixité des publics, le ratio apprentis/élèves est inférieur à 10 % dans 61 % des établissements, mais peut atteindre 30 % dans certains autres.

Enquête mixité des publics G1 (2)

 

Concertation ou pas

La mise en place du projet a fait l’objet d’une concertation préalable des instances pour 63 %. L’intérêt financier, la pérennité des filières ou sections, l’attractivité de la filière « apprentissage », la diversification de l’offre et le respect de la loi sont autant d’arguments avancés lors de ces concertations.

Enquête mixité des publics G2

L’enquête indique que 53 % des équipes n’ont pas été parties prenantes dans la conception des projets et que les enseignants n’ont pas eu le choix d’accueillir des apprentis dans leur classe dans 94 % des établissements. 56 % des enseignants accueillant un public mixte ont signé un contrat de travail de droit privé.

Les professeurs se considèrent comme insuffisamment informés sur les implications inhérentes à l’accueil des apprentis au sein de leur classe concernant leur statut, leur responsabilité à l’égard des apprenants et l’organisation pédagogique. Aussi, 94 % soulignent qu’ils n’ont pas été formés à l’accueil des apprenants en mixité de publics, alors que 53 % reconnaissent avoir repéré des besoins pédagogiques particuliers.

Difficultés au quotidien

79 % des établissements ont rencontré des difficultés dans la mise en œuvre de la mixité : pratiques pédagogiques complexifiées, hétérogénéité accrue des publics, exercice de deux métiers différents, calendrier des épreuves certificatives difficile à respecter, mise à disposition des cours non suivis par les apprentis, opposition farouche de certains enseignants, fort absentéisme de certains apprentis, équipement informatique des élèves insuffisant, nécessité d’être plus disponible pour les réunions et la concertation, informatisation du livret de compétences…

Si dans quelques académies des ressources pédagogiques ont bien été mises à disposition, 88 % des enseignants constatent que rien n’a été fait dans leur propre académie ou région.

Seule la moitié des établissements a prévu des bilans d’étape avec des fréquences variables (trimestriels, semestriels ou annuels).

Points positifs

Si la mixité des publics rencontre des oppositions, 56 % des établissements reconnaissent que cette pratique apporte néanmoins des effets positifs : pérennisation des effectifs pour 64 %, enrichissement réciproque des publics pour 55 %, adaptation des pratiques pédagogiques pour 36 %, émulation entre publics différents, redynamisation du travail en équipe pour 18 %.

Il semble cependant un peu tôt pour tirer des conclusions. Les enseignants ont besoin de temps pour s’adapter à ces nouvelles pratiques qui leur sont imposées et qui devraient encore se développer l’an prochain dans des établissements qui présentent la mixité des publics comme la dernière chance. 64 % des personnes indiquent que leur établissement envisage des formations mixtes et que cette perspective inquiète certains enseignants, conscients des difficultés qui les attendent (durées de formation et congés différents, emplois du temps complexes, pédagogie différenciée, évolution du statut enseignant / formateur, surcharge de travail. Ces professeurs craignent également un désengagement de l’État.

Le 7 octobre prochain, la Fep-CFDT organisera un colloque sur la voie professionnelle à Paris et en visioconférence.

* Centre de formation d’apprentis.

** Unité de formation par apprentissage.