Enseignement agricole : le CCF en bac STAV, c’est terminé !

Publié le 31/08/2021

Convoquée pour un groupe de travail le 25 août et, dans la foulée, à un CNEA le 30, la Fep-CFDT a appris la disparition de la modalité CCF en bac STAV pour la session 2022. Un corollaire aux mesures prises à l’Éducation nationale par J.-M. Blanquer, sans qu’en soient véritablement mesurées toutes les conséquences au niveau de l’enseignement agricole. Ainsi les équipes vont subir un bouleversement des « règles du jeu » et ce, à la veille de la rentrée.

La Fep-CFDT dénonce la méthode...

Le contrôle en cours de formation (CCF) est une modalité d’évaluation qui doit sa genèse à l’enseignement agricole, dont il constitue une partie de l’ADN et l’une des spécificités. Sa disparition en bac STAV sans que le bilan d’un tel dispositif soit fait, sans pratiquement aucune concertation, et avec un calendrier qui ne laisse aucune place à la réflexion est, disons-le, scandaleuse. Elle constitue une forme de mépris non seulement pour les équipes qui ont élaboré en fin d’année des plans d’évaluation en modalité CCF pour cette filière, mais aussi pour les élèves qui se préparent à un examen dont les règles du jeu évoluent en cours de route. La Covid a sans doute été un élément déclencheur − l’organisation de CCF a été perturbée depuis deux ans − mais une telle décision méritait une expertise plus large prenant en compte l’historique et les spécificités de l’enseignement agricole. Néanmoins, devant certaines inquiétudes, la DGER a bien indiqué en CNEA que cette modalité d’évaluation Contrôle Continu n’est nullement d’actualité pour le bac pro.

Voir la déclaration de la Fep-CFDT

La Fep-CFDT a fortement insisté sur le travail que cette décision allait générer. Il faut en effet repenser dès cette rentrée un dispositif d’évaluation désormais recentré sur deux modalités : 60 % d’épreuves terminales et 40 % de contrôle continu (seule l’EPS fait exception et conserve des CCF). Cette réforme préserve néanmoins l’équilibre entre épreuves terminales et contrôle continu, souvent réclamé par les équipes et revendiqué par la Fep-CFDT.

Des interrogations en nombre

C’est un bouleversement qui soulève de véritables questions sur la place de l’évaluation. Nous avions des évaluations formatives faisant partie de l’apprentissage et des évaluations certificatives, venant valider des capacités. La réforme, impulsée par le ministre de l’Éducation nationale, engendre un changement de paradigme dans l’approche de l’évaluation, sans aucune préparation des équipes et dans un contexte sanitaire où nous aurons sans doute d’autres préoccupations dès demain. Toutes les évaluations doivent-elles contribuer à la délivrance des diplômes ? Quel « contrat » est établi lors de chaque évaluation avec l’élève ? Quel « statut » pour la fraude dans le cas du contrôle continu, qui n’est pas en soi une épreuve, mais qui contribue néanmoins à la délivrance du diplôme ? Quelles mesures et quel accompagnement pour les élèves en situation de handicap : a-t-on pensé aux difficultés d’application des tiers temps dans les emplois du temps serrés, au fait que les lecteurs/scripteurs ne seront pas forcément présents tout le temps, tout comme les AVS… ? Quelles modifications sur la présentation du bulletin scolaire ? Une démarche d’harmonisation de ce dernier sera-t-elle proposée par la DGER ? Quelle note en remplacement du CC quand l’apprenant a été absent ? Un « statut de la note » qu’il faudra donc expliquer aux familles, aux élèves et qui va nécessiter une relecture du dispositif d’évaluation en STAV. Nous avons d’ailleurs à ce titre demandé que des mesures d’accompagnement soient mises en œuvre et que les équipes disposent de temps pour se concerter, par exemple, lors de journées banalisées.

La Fep-CFDT obtient des mesures d'accompagnement

En CNEA, la DGER a répondu favorablement à la dernière demande, soit une ou deux journées banalisées pour les équipes pédagogiques STAV, afin que l’on puisse s’approprier la note de service et caler la mise en œuvre pour les promotions en cours et entrante. Ce point sera inscrit dans la note de service, aucun chef d’établissement ne pourra donc s’y soustraire !

La DGER a validé la proposition de la Fep, concernant la mise en place d’un groupe de travail, permettant de faire des points d’étapes au cours de l’année scolaire pour relever les difficultés rencontrées et tenter d’apporter des réponses aux questions qui vont de toute façon se poser au fur et à mesure de la mise en œuvre.

Nous avons aussi rappelé notre attachement au rôle de coordonnateur, et l’importance de ce dernier qui, dans un système modulaire, est amené à coordonner l’ensemble du dispositif. Son travail va être énergivore, en ce début d’année notamment. Ce rôle doit être réaffirmé et ce travail mieux reconnu ; comme celui des équipes investies dans la délivrance des diplômes, qui doivent en permanence s’adapter à des dispositifs changeants, et variables d’un niveau à l’autre.

Des précisions avant le 15 septembre

Ce cadrage sera-t-il suffisant pour assurer une valeur commune au diplôme ? L’arrêté va être publié très rapidement et certains points demandant l’expertise de l’inspection le seront dans la note de service qui paraîtra avant le 15 septembre. Cette dernière va préciser un certain nombre d’éléments pour les disciplines et les modules ainsi que pour les modalités d’élaboration de la note de contrôle continu. Les coefficients du CC vont être redéfinis, certaines disciplines vont prendre de l’importance dans la délivrance des diplômes, alors que d’autres en perdront. Les enseignements facultatifs vont retrouver un intérêt d’un point de vue purement comptable, en plus de l’intérêt pédagogique ! Quant au poids de l’unité facultative « engagement citoyen » dans le dispositif d’évaluation, il a fait l’objet de nombreuses discussions en CNEA et son coefficient n’est pas connu à ce jour.

En conclusion

Nous déplorons la méthode (dans l’urgence et sans concertation) plus que la légitimité pédagogique de cette décision. La modalité des CCF en STAV aurait mérité un vrai bilan pour une réflexion au sein du Maa. Réforme après réforme, on voit bien que le ministère de l’Agriculture n’a plus la main sur ses propres diplômes et notamment sur l’évaluation. Quel avenir pour l’enseignement agricole ? Cela illustre parfaitement la perte d’autonomie de celui-ci, contraint d’appliquer des réformes décidées ailleurs sans tenir compte de ses spécificités. Faut-il dès lors craindre pour son avenir ?

CNEA : Conseil national de l’enseignement agricole.

CCF : Contrôle continu en cours de formation.

STAV : Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant.

DGER : Direction générale de l’enseignement et de la recherche.

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