maternelle version Blanquer [suite]

Publié le 13/04/2021

La Fep-CFDT a décortiqué la note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de l’école maternelle, fruit d’un travail mené par le Conseil supérieur des programmes (CSP). Pour y voir plus clair, voici un comparatif entre le programme en vigueur depuis 2015 et celui proposé par le CSP.

Vers une école pré-élémentaire

S’appuyant sur le fait que l’école est maintenant obligatoire à 3 ans, cette Note d’analyse et de propositions sur le programme de l’école maternelle souhaite que les apprentissages des élèves se concentrent uniquement sur les fondamentaux : lire, écrire et compter. L’objectif unique est le suivant : « bien préparer les élèves aux évaluations de début du CP », au détriment des arts, de l’EPS, de l’espace, du temps. Pour rappel, 97 % des élèves de 3 ans étaient scolarisés avant l’abaissement de la scolarité obligatoire à 3 ans.

Ainsi, dans les programmes de 2015, cinq domaines d’apprentissage étaient regroupés de cette manière:

  • Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions
  • Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique
  • Agir, s’exprimer, comprendre à travers les arts artistiques
  • Construire les premiers outils pour structurer sa pensée
  • Explorer le monde

Dans la note d’analyse de décembre, il n’est question que des domaines du langage, des nombres et des sciences. C’est un changement capital. On ne parle plus d'école maternelle dans la note du CSP mais plutôt d'école pré-élementaire : la maternelle tend à devenir une école préparatoire au CP et à la réussite aux évaluations nationales.

Une logique d'apprentissage non partagée

Cette note, qui révèle une méconnaissance des élèves de 3 à 6 ans, va creuser drastiquement les différences entre les enfants. Combien d’élèves allons-nous laisser sur le bord de la route dans l’objectif unique de réussir les diverses enquêtes Pisa et autres ? Si la note développe l’importance du jeu à l’école maternelle, c’est surtout pour préciser que des « moments réflexifs sont indispensables avant, pendant et après la pratique d’un jeu ». En fait, les activités ludiques sont mises au service de la nécessité pour l’élève de maternelle d’entrer dans les apprentissages en visant l’écriture, la lecture, les mathématiques et les sciences.

Comment l’objectif des apprentissages peut-il s’opérationnaliser sans nuire au bien-être de l’enfant ?

Viviane Bouysse, inspectrice générale honoraire et spécialiste de l’école maternelle, s’interroge sur une école qui serait uniquement centrée sur les apprentissages scolaires comme en école élémentaire : « Comment l’objectif des apprentissages peut-il s’opérationnaliser sans nuire au bien-être de l’enfant ? ». Elle rappelle les deux logiques existantes :

  • La logique descendante, c’est-à-dire partir de l’exigence qui s’applique à l’enfant de CP et que l’on redescend vers la GS, la MS et la PS.
  • La logique des programmes de 2015 : qu’est-ce qu’un enfant qui arrive à l’école maternelle ? Comment, en prenant compte ce qu’il est, ce qu’il peut, ce qu’il sait, ce qu’il peut faire, on s’organise pour le rapprocher des objectifs optimaux de la fin de la grande section ?

Cette note opte pour la logique 1, alors que la communauté éducative prône la logique 2 et le maintien des programmes de 2015. C’est une rupture avec ce qu’est la maternelle et avec son histoire. Un jeune enfant a besoin de temps pour s’adapter à la vie en société, pour s’ouvrir aux apprentissages, pour grandir.

Voir le comparatif réalisé par la Fep-CFDT

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