Laïcité et valeurs de la République : l’enseignement catholique se met au diapason des demandes ministérielles

Publié le 15/09/2021

Un arrêté relatif à la formation obligatoire des personnels enseignants et d’éducation concernant la laïcité et les valeurs de la République est paru au Journal Officiel ce 12 septembre. Un objectif : tous doivent être formés d’ici environ cinq ans à ces thématiques, clairement identifiées depuis 2013 sous la compétence Transmettre les valeurs de la République¹.

Concernant l’entrée dans le métier, « Tous les étudiants engagés dans un master MEEF » devront recevoir une formation d’« au moins 36 heures réparties sur les deux années de master ». Quant à la formation continue, elle s’appuiera « notamment sur les équipes académiques valeurs de la République » et s’adressera à tous les personnels.

C’est un texte bien flou qui est promulgué là. Il ne précise en effet rien quant à la mise en œuvre du dispositif de formation dans les établissements privés sous contrat. On considère donc que c’est à l’enseignement privé que revient la charge d’organiser ces deux volets de formation.

 

Groupe de travail paritaire au Sgec

 

De son côté, le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec) s’organise. Un groupe de travail paritaire s’est récemment constitué en ce sens. Il a vocation à construire le cadrage de l’offre de formation. À brève échéance, 200 formateurs et formatrices seront mobilisé·e·s pour former l’ensemble des personnels des établissements privés catholiques sous contrat. Il s’agira de permettre que les acteurs et actrices de terrain soient parfaitement au fait des dimensions historiques et juridiques de la laïcité, et de sa définition même.

 

Enseignement catholique et laïcité

 

Dans ce groupe de travail, même si les représentants et représentantes de l’Enseignement catholique insistent sur l’importance du caractère propre, ils et elles n’en oublient pas pour autant la liberté de conscience de chacun et chacune ; et tiennent à ce que l’on rappelle le statut d’agent de la fonction publique des enseignants et enseignantes et l’obligation de neutralité qu’ils et elles doivent tenir dans le cadre de la classe.

Pour les membres du groupe, il est essentiel de bien connaître le rapport entre caractère propre et statut public pour construire un dialogue et une ouverture. La formation devra interroger cet espace de dialogue et de coexistence entre enseignement catholique et laïcité. L’étude de nombreux cas pratiques permettra aux sessionnaires de s’approprier les notions. Enfin, dans le contexte de l’après Samuel Paty, et face aussi aux montées des réactions identitaires, fondamentalistes, et parfois séparatistes, il s’agira de former les personnels à adopter la posture qui convient à chaque situation.

 

Ce qu’en pense la Fep-CFDT

 

La Fep-CFDT accueille de manière positive le travail de ce groupe paritaire, présidé par le Secrétariat général de l’enseignement catholique. Même s’il reste des zones à éclaircir − comme le choix des formateurs et formatrices et l’utilisation des budgets de formation au regard de la diversité des personnels de droit privé et de droit public à former −, un consensus sur une laïcité ouverte, de dialogue et de respect de la parole de toutes et tous semble s’être dégagé de cette première rencontre. Loin de la volonté d’empiéter sur le statut d’agents de l’État des enseignant·e·s.

Mais les mandatés et madatées Formiris Fep-CFDT devront être vigilant·e·s quant au bon respect de la lettre de cadrage dans les territoires. Pour la formation initiale, le manque de parité dans les Isfec, où il n’y a pas de représentants et de représentantes des maîtres, crée une opacité susceptible, hélas, de laisser libre cours à des interprétations qui pourraient s’éloigner des préconisations de l’arrêté. Et quid de ces formations dans les autres réseaux confessionnels ?

 

1 Référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation.