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LP : des avancées et des points de blocage

Publié le 17/10/2022

L’appel à la mobilisation lancé par la Fep-CFDT pour le 18 octobre a permis des rencontres avec les ministères. Ceux-ci se veulent rassurants, mais la Fep reste vigilante et ne transigera pas sur ses lignes rouges.

Dans la foulée du dépôt par la Fep-CFDT d’un préavis de grève et d’appel à la mobilisation, les réunions et audiences se sont multipliées. Reçue par les cabinets du ministère de l’Agriculture, du ministère de l’Éducation nationale et du ministère du Travail, la Fep a pu noter la tonalité apaisante des propos et la volonté de dialogue social des interlocuteurs et interlocutrices. Mais ceux-ci n’ont pas suffi et des lignes rouges des deux côtés cristallisent les tensions.

Une volonté de dialogue

Il y a de réelles avancées ; sur certains points, les annonces présidentielles ont été précisées. En effet, il ne sera pas question de 5e de pré-orientation en collège mais bien d’une ouverture sur des métiers divers, au-delà d’une limitation à ceux du lycée professionnel. Pas de suppression de postes ou de dotations horaires envisagée, pas d’évolution vers le tout apprentissage ou d’attaque plus importante envers les matières générales. Mais surtout, ce qui change, c’est la reconnaissance d’un besoin d’évaluation des précédentes réformes de la voie professionnelle, ainsi que des PFMP (Périodes de formation en milieu professionnel). C’est aussi la prise en compte des spécificités de l’enseignement privé sous contrat dans le cadre de ce bilan à réaliser et dans les réflexions qui pourraient en découler. Ce sont là des évolutions encourageantes mais qui ne peuvent cacher des dissensions très importantes.

La Fep-CFDT ne transigera pas sur certains points

Alors que le ministère semble souhaiter, quoi qu’il arrive, augmenter le nombre de PFMP sans rester fixé sur la base de 50%, la Fep continue à s’opposer fermement aux dérives que cela impliquerait. Dans des territoires, dans des filières, dans des entreprises, trop de stages sont mal réalisés et ne sont pas formateurs. Trop de structures refusent les élèves en stage, rendant les recherches accompagnées par les enseignant·e·s très compliquées. Trop de professionnels ne jouent pas le jeu de formateurs et de transmetteurs de compétences. Il est impossible de réfléchir à une évolution du nombre de PFMP sans agir sur tout cela.

Alors que le ministère déclare vouloir donner de la latitude aux chef·fe·s d’établissement, dans le cadre de programmes et diplômes qui demeureraient nationaux, pour mener des projets et obtenir des fonds pour leur structure, la Fep-CFDT s’oppose fermement à toute évolution vers plus de libéralisme et d’autonomie des établissements privés sous contrat. À l’heure où la seule instance représentative du personnel présente dans les établissements privés, le CSE, est mise à mal par beaucoup de chef·fe·s d’établissement, qui la considèrent comme une simple chambre d’information ou d’enregistrement, à l’heure où les établissements n’ont pas l’obligation de mettre en place des instances pédagogiques de concertations, à l’heure où les établissements privés ne donnent pas accès à leur conseil d’administration aux représentant·e·s des maîtres, la Fep ne laissera pas le champ libre à des chef·fe·s d’établissement. Cela mènerait assurément à des projets non concertés et non appropriés par les équipes enseignantes et parfois même à un clientélisme inacceptable.

Concernant la gratification des périodes de stage voulue par le ministère et jugée non négociable, il paraît prématuré d’y réfléchir et la Fep-CFDT ne comprend pas bien l’utilité que cela peut avoir par rapport aux maux dont souffre le lycée professionnel. Elle n’y voit que des risques comme l’augmentation des refus des entreprises d’accueillir les élèves en stage, ou encore celui de l’utilisation sans réelle volonté formative, d’une main d’œuvre à bas coût.

C’est notamment pour ces trois points sur lesquels le ministère semble trop peu infléchir sa politique issue des annonces présidentielles, mais aussi à cause des flous qui subsistent comme celui concernant l’annualisation, que la Fep-CFDT continue à appeler à la grève et à la mobilisation le 18 octobre et qu’elle maintiendra la pression autant qu’il le faudra.