Rentrée 2022 : Communiqué de presse

Publié le 26/08/2022

La Fep-CFDT fait le point sur les dossiers de la rentrée.

Manque de profs ou pas ?

L’enseignement public connaît une pénurie d’enseignants et d’enseignantes en cette rentrée. Dans une moindre proportion, l’enseignement privé sous contrat est également touché. Plusieurs centaines de postes ne sont actuellement pas pourvus. Dans certaines académies ou disciplines, il devient difficile de recruter des maîtres délégués (remplaçants), notamment dans les établissements ruraux. Cela n’est pas étonnant, lorsque l’on sait que ces collègues travaillent souvent sur deux ou trois établissements, qu’ils sont peu payés, et la plupart du temps avec retard.

Cette difficulté montre bien que le sujet principal qu’aura à traiter le nouveau ministre de l’Éducation nationale, c’est la rémunération des enseignants, qu’ils soient remplaçants ou titulaires.

De l’argent… et du temps

Mais l’attractivité du métier ne passe pas que par la rémunération. Le président de la République a évoqué un « pacte » avec des professeurs mieux payés s’ils acceptent de nouvelles missions. La Fep-CFDT pense qu’il faudrait commencer par recenser toutes les missions actuelles, déjà nombreuses, et les valoriser avant d’en ajouter d’autres. Il faut revendiquer du temps pour améliorer les conditions de travail et, par ricochet, la qualité du service rendu. Nous demandons la reconnaissance de toutes les tâches et leur intégration dans les obligations de service.

Une vision du système éducatif incohérente

La Fep-CFDT est en accord avec les valeurs humanistes avancées par le nouveau ministre, mais celles-ci se heurtent à la vision libérale et parfois conservatrice qu’a le président de la République de l’école. On ne peut pas introduire une sensibilisation aux enjeux écologiques, à l’égalité, à la laïcité, aux discriminations et affirmer qu’il faut donner encore davantage de place aux « savoirs fondamentaux ». On ne peut pas, en lycée professionnel, à la fois transmettre un socle de connaissances et de compétences citoyennes à des élèves et continuer à réduire la place des enseignements au profit de plus de temps passé en entreprise. Il faudra faire des choix pour gagner en cohérence, dans l’intérêt des élèves et des personnels.

Quelle est la place de l’enseignement privé ?

On annonce le recours aux listes complémentaires. Cela va-t-il devenir enfin possible dans le privé ? On promet au printemps un concours exceptionnel de titularisation des enseignants contractuels. Sera-t-il ouvert aussi pour les maîtres délégués du privé ?

Pap Ndiaye parle d’« école laïque », mais il ne mentionne pas les établissements privés sous contrat dans les mesures qu’il annonce. Tout cela questionne sur la place, aux yeux du ministère, de l’enseignement privé sous contrat, qui concentre pourtant 20 % des professeurs et des élèves de l’Éducation nationale.

Au ministère de l’Agriculture

Ces problématiques ne sont pas toutes propres à l’Éducation nationale. On les retrouve dans l’enseignement agricole, notamment concernant les niveaux de salaire et le manque d’attractivité du métier. Les 10 priorités communes pour l’année scolaire 2022-2023, publiées dans la note de service du 21 juin, ont du sens. Elles rejoignent majoritairement les préoccupations de la Fep-CFDT : un plan de communication pour favoriser l’orientation et le recrutement des élèves (la fragilité de certains établissements du réseau privé illustre l’urgence du plan), l’accompagnement des jeunes, les projets pour la transition agro-écologique… En revanche, certains objectifs pourront provoquer des crispations, en particulier dans leur mise en œuvre du fait de la possibilité d’annualisation du temps de service des enseignants du privé et des dérives qui en découlent. De même, la Fep-CFDT portera une attention particulière au volet de l’apprentissage, car la « mixité des publics » dans les établissements privés pose problème.

Droit privé : la convention collective enfin signée

La Fep-CFDT a signé le 12 avril dernier la convention collective de la branche de l’Enseignement privé non lucratif. C’est l’aboutissement des travaux d’harmonisation des huit conventions initiales, entrepris il y avait cinq ans. La Fep-CFDT déplore que la convention ne s’applique pas aux salariés des universités catholiques, l’Association des employeurs des universités et instituts catholiques ayant quitté la Confédération des employeurs de l’EPNL.

Enseignement agricole privé : la convention collective signée sous conditions

Ne pas signer, c’était prendre le risque de faire chuter la réglementation au niveau du Code du travail. Cela aurait provoqué le chaos dans les établissements. La Fep-CFDT a donc finalement choisi de signer.

Nous avons obtenu l’évolution du point, des améliorations sur l’évolution de carrière, les jours pour enfant malade, le temps de service des enseignants, l’amplitude journalière et hebdomadaire, la suppression des jours de carence, une recommandation patronale pour conserver temps de travail et salaire des AVS en poste... Les négociations doivent se poursuivre à la rentrée pour améliorer encore certaines dispositions.

La rentrée se fera avec une convention collective, c’est précieux.