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Enquête de rentrée : profs en souffrance...

Publié le 18/11/2021

Le tableau est sombre pour les collègues qui ont répondu à l’enquête menée par la Fep-CFDT en septembre. Leur regard sur la politique éducative n’est pas plus réjouissant.

Les commentaires qui accompagnent les réponses insistent sur une qualité de vie au travail dégradée. L'épanouissement et le bien-être ne sont en aucun cas évoqués. Ce sont des interrogations et des inquiétudes qui sont principalement formulées, illustrées par l’emploi d’un lexique péjoratif. « Méprisé », « découragé », « inquiète », « pas de reconnaissance », « fatiguée », « sous pression », « déconsidéré », « épuisée », « peu de bienveillance », « boule au ventre » évoquent des conditions de travail difficiles. Seulement 21% des personnes ayant répondu se disaient « confiant·es » à la rentrée.

Conditions de travail

On explique ce ressenti négatif et l’image d’un métier peu valorisé par les classes surchargées, le manque de moyens matériels et humains, les deux heures supplémentaires qui peuvent être imposées aux maîtres – 52 % se prononcent contre les heures supplémentaires en général −, mais surtout par la situation sanitaire et la mise en place des réformes.

Impact des réformes sur le quotidien

Le jugement porté sur les réformes des lycées dans les réponses est plus que sévère : 9 % les approuvent quand 72 % y sont défavorables. Les enseignant·es déplorent essentiellement la surcharge de travail que leur mise en œuvre engendre. Non seulement les heures de présence dans l’établissement se multiplient (réunions entre collègues, avec les parents, avec l’inspecteur…), mais le temps de travail à la maison est considérable (grilles d’évaluation, préparation de doubles sujets en vue de l’EAF, programmes plus chargés…). Le décalage, selon certains ou certaines, entre les exigences des référentiels et la réalité du terrain compliquent le travail des maîtres.

Empilement de contraintes

La mise en place du contrôle continu est source d’inquiétude. On pointe également des programmes trop lourds qui entraînent une « course » permanente pour espérer parvenir à les boucler et accentuent la difficulté de proposer une pédagogie adaptée et efficiente. Beaucoup ont le sentiment d’être méprisé·es, tant leur engagement au service des élèves n’est pas pris au sérieux ni considéré à sa juste mesure. D’ailleurs, l’absence de consultation préalable aux réformes est vue comme une preuve de ce mépris, tout comme les annonces tardives du ministère. Celles et ceux qui enseignent dans la voie professionnelle regrettent les contraintes plus importantes engendrées par la réforme (co-intervention, chef-d’œuvre, emplois du temps, salles…), l’instauration du contrôle continu ainsi que la perte d’heures d’enseignement professionnel et général au profit du chef-d’œuvre.

Dans l’ensemble, quelle que soit la voie, générale ou professionnelle, la réforme du baccalauréat est jugée contre-productive pour les élèves.

Défaut de moyens pour l’inclusion

Quelques collègues abordent la question de l’école inclusive et du travail supplémentaire qu’elle entraîne. Certain·es pointent la difficulté qu’il y a à devoir gérer des élèves avec un handicap, ou en grande difficulté, dans une classe souvent surchargée. On déplore le manque de moyens humains − AESH ou enseignant·es spécialisé·es −, en temps ou en formation. Plusieurs évoquent les soucis liés à l’orientation d’élèves qui poursuivent leur cursus, alors qu’ils ont des lacunes, ou d’élèves en situation de décrochage.

De très fortes attentes

Pour que les choses s’améliorent, une grande majorité des collègues demandent en priorité une augmentation du pouvoir d’achat et une revalorisation du métier.  Le Grenelle n’a pas convaincu à 55 %. On réclame le dégel du point d’indice ; de nouvelles grilles indiciaires pour une revalorisation des salaires, durant toute la carrière ; un accès à la classe exceptionnelle au plus grand nombre (avec, pour le vivier 1, la prise en compte de missions telles que celles de « professeur·e principa·le » ou d’« enseignant·e en lycée »). L'inégalité salariale entre le privé et le public est également évoquée, tout comme la faible rémunération des HSA. Les mesures prises depuis, si elles ne sont pas négligeables, sont loin d’être suffisantes : les 15 € de remboursement partiel de la complémentaire santé et la prime de 100 €, dite « prime d’inflation » ne rattraperont pas des années de baisse de pouvoir d’achat.

Des revendications nombreuses

Si les revendications salariales arrivent en tête, un nombre important de collègues souhaitent voir les obligations réglementaires de service (ORS) baisser afin d’exercer le métier de façon plus sereine, une augmentation des moyens humains et une diminution des effectifs dans les classes. La politique concernant l’emploi est jugée défavorable à 77 %.

Dans le cadre de l’école inclusive, un meilleur accompagnement des équipes face aux difficultés des élèves est souhaité.

Enfin, certains considèrent que la formation initiale n’est pas suffisante et doit être repensée pour permettre aux jeunes d’être mieux préparés au métier.

33 % des répondant·es qualifiaient la rentrée de « morose » et 17 % la trouvaient « déprimante ». 2 mois et demi plus tard, faute de mesures d’envergure, ces taux n’ont assurément pas baissé.