Enseignement agricole : "pour 6 briques, t'as plein de boulot !"

Publié le 10/05/2023 (mis à jour le 01/06/2023)

Le sujet de la revalorisation du métier d’enseignant arrive au ministère de l'Agriculture (MASA). La direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) s’y est engagée : la mise en oeuvre se fera dès la rentrée 2023 sur le même pas de temps que pour les collègues de l’Éducation nationale.

Lors du groupe de travail issu du CCM, qui s’est déroulé le 4 mai dernier, les membres de la DGER ont rappelé les objectifs de la revalorisation : d'un côté, mieux rémunérer les enseignants notamment en début de carrière (mesures dites « Socle ») et proposer par ailleurs des missions complémentaires pour mieux accompagner les élèves et répondre aux grands enjeux du système éducatif (mesures dites « Pacte »).

La partie socle = des mesures de revalorisations qui restent insuffisantes

Cette partie englobe toutes les mesures de revalorisations salariales avec :

  1. Amélioration de la rémunération de tous les enseignants avec une augmentation de l’ISOE part fixe de 1213,56 à 2550€ brut/an et une augmentation de la part variable (cela n’a pas été confirmé mais il s’agirait ici d’aligner toutes les primes de professeur principal sur la prime la plus élevée).
  2. Amélioration de la rémunération en début de carrière avec l’élargissement de la prime d’attractivité aux stagiaires et sa revalorisation au titre du premier tiers de la carrière.
  3. Un déroulement de carrière plus favorable avec une augmentation des taux de promotion (21% des promouvables en 2023, 22% en 2024, 23% en 2025). L’accès à la classe exceptionnelle sera également défonctionnalisé à compter de 2024. Il n’y aura plus de vivier 1 ou 2 mais des conditions d’accès identiques pour tous (probablement à partir du 4e échelon de la Hors-Classe même si cela n’a pas été confirmé). Enfin, il y aura un meilleur accès à l’échelon spécial de la classe exceptionnelle qui change de nom (5ème échelon) tout en conservant ses trois chevrons.

La partie pacte : le retour du "travailler plus pour gagner plus"

Dans ce deuxième volet du dispositif, les enseignants volontaires pourraient se voir confier des missions complémentaires à l’année. Celles-ci sont regroupées sous forme de « briques ». Ces briques constitueraient le troisième étage de l’indemnité de suivi des élèves : l’ISOE Part fonctionnelle. Une brique équivaut à 1250 € nets défiscalisés et désocialisés (donc ne comptant pas pour la retraite !) Un enseignant de lycée professionnel pourra cumuler jusqu’à 6 briques correspondant à 7500 € net par an (3 briques maximum dans l’enseignement général et technologique).

Mais quelles sont les missions équivalentes à une brique ?

  • Les remplacements de courte durée d’un collègue absent (pas forcément dans la même discipline). C’est une priorité pour le ministère. Une brique équivaudra à un engagement d’effectuer 18h de remplacement sur l’année. Ce dispositif viendra en complément des remplacements qui peuvent actuellement s’effectuer en HSE.
  • La participation à l’orientation et à la découverte des formations de l’enseignement agricole et des métiers du vivant. Cette mission pourrait inclure la participation à des salons ou à des réunions d’orientation dans les établissements alentour.
  • Appui à la prise en charge d’élèves à besoins éducatifs particuliers.
  • Suivi des élèves en difficulté
  • Coordination et prise en charge de pratiques d’innovations pédagogiques éducatives
  • Accompagnement des transitions agroécologiques (en sus des décharges EPA2 mais pour des missions différentes)
  • Ainsi que 3 missions supplémentaires pour l’enseignement professionnel, le « Super Pacte »: suivi intensifié des élèves en difficulté, relation école-entreprise, accompagnement de l’avenir professionnel.

La mise en oeuvre...

Les décrets et les arrêtés en lien avec la revalorisation du métier seront présentés aux élus CCM le 31 mai. Dans un deuxième temps, une note de service précisera le contenu de chaque brique.

Concrètement, le Masa (via les autorités académiques) attribuera un certain nombre de briques à chaque établissement en lien avec le nombre d’agents contractuels de l’Etat (les briques seront donc exclusivement réservées aux agents de l’Etat et non aux collègues en art.44 ou en droit privé). Le remplacement de courte durée constituera une priorité dans l’attribution des briques. Une lettre de mission fixant les attendus sera attribuée à chaque agent acceptant une ou plusieurs briques et il faudra rendre compte à la fin de l’année (les modalités seront précisées dans la note de service).