Enfin une circulaire pour l’accompagnement des jeunes trans à l’école

Publié le 08/10/2021

La circulaire Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire a enfin été publiée au B.O. du 30 septembre, rattrapant ainsi le retard du ministère de l’Éducation nationale sur la question.

C’est une revendication forte du Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire, auquel la Fep-CFDT appartient, qui est enfin écoutée. Le Collectif a en effet maintes fois interpellé le ministère et la Dgesco (Direction générale de l’enseignement scolaire) ces deux dernières années pour signaler l’urgence d’un texte réglementaire qui cadre l’accueil et l’accompagnement des élèves transgenres ou en exploration de leur identité de genre. La Fep ne peut donc qu’être satisfaite de cette avancée, à laquelle elle a en partie contribué, le Collectif ayant participé au travail organisé par la Dgesco. Alors que l’Éducation nationale avait jusqu’à présent abordé les questions d’identité de genre sous l’angle presque exclusif du harcèlement dont sont victimes les jeunes trans, cette circulaire pose un jalon supplémentaire. Elle établit en effet d’entrée de jeu que « la transidentité est un fait qui concerne l’institution scolaire » et qu’il dépend de cette dernière de faciliter l’accompagnement et la protection des jeunes.

Limites de la circulaire

Il s’agit certes d’une avancée, mais de nombreux éléments de ce texte réglementaire interpellent. La circulaire de M. Blanquer continue en effet à donner la primauté à l’autorité parentale, même quand celle-ci peut contrevenir aux besoins fondamentaux et à la sécurité de l’élève trans. Elle dépossède les jeunes de tout pouvoir d’action sur leur transition en milieu scolaire et tranche en faveur des parents, restreignant le champ d’action des autorités scolaires.

De plus, le choix de certains mots pose problème. On lit des phrases telles que « L’identité de genre revendiquée de la part d’un élève ou d’une élève », « L’établissement scolaire doit être attentif à garantir les conditions d’une transition revendiquée ». Ces formulations très maladroites envoient un message ambigu, voire nocif. L’utilisation du terme « revendication » laisse entendre que la transidentité serait une démarche militante et non une question plus fondamentale, concernant la construction psychique et physique de l’identité. Les élèves trans ne « revendiquent » pas leur identité, ils la vivent. De la même façon que l’on ne revendique pas d’être cisgenre1 ou hétérosexuel, on le vit comme partie intégrante de son identité.

Vadémécum nécessaire

Afin d’éviter ce type de maladresses, la publication de la circulaire aurait dû s’accompagner du vadémécum élaboré par le Collectif en lien avec les spécialistes. Le ministère n’a pas suffisamment tiré profit du vaste travail réalisé en amont par les personnes qualifiées, les répresentant·e·s de personnel et les associations trans en lien avec la Dgesco.

À l’avenir, pour que les avancées de cette circulaire aient un effet positif sur la vie des élèves trans, il est fondamental qu’un plan ambitieux attribue l’agrément pour intervenir en milieu scolaire à des associations trans qui travaillent depuis longtemps partout en France. Pour le moment, les autorités scolaires ne sont pas suffisamment formées pour accueillir ces élèves. Et les formations dont elles disposent, contrairement à ce qui est suggéré par la circulaire, ne sont que résiduelles et facultatives, l’inscription se faisant sur la base du volontariat.





1 Qualifie une personne dont l'identité de genre (masculin ou féminin) correspond au sexe avec lequel elle est née. Adjectif antonyme de « transgenre ».