Que penser de la revalorisation des enseignants ?

Publié le 18/11/2020

Le ministre de l’Éducation nationale a rendu public, lundi 16 novembre, son arbitrage concernant l’utilisation d’une enveloppe budgétaire de 400 millions d’euros*. La somme n’est pas négligeable si on la rapporte au contexte économique actuel. Peut-on pour autant s’en satisfaire ?

Une prime dite « d’attractivité » pour les enseignants en « début de carrière » (jusqu’à 15 années de service), soit un peu moins de 100 euros nets par mois pour ceux ayant atteint l’échelon 2, dégressive ensuite ; une prime d’équipement informatique pour tous ou presque (un peu moins de 150 euros nets versés chaque année en janvier) ; un peu plus de promotions (environ 260 pour le privé) pour un accès à la hors-classe et enfin des mesures catégorielles dont on ne sait, pour le moment, si elles concerneront totalement le privé. Le signal paraît positif mais on le sait, le « diable est dans les détails » et surtout dans les non-dits.

La prime d’attractivité

Plutôt qu’une prime, nous aurions évidemment préféré une hausse du point d’indice. Sauf que ce point, c’est bête, est toujours gelé, et ce, depuis quasiment 10 ans... Une prime donc qui servira 31 % des enseignants. Les autres devront attendre, peut-être très longtemps, car qui peut croire encore que le ministre obtiendra chaque année une nouvelle enveloppe de 400 millions ? Concentrer la prime sur les premiers échelons, comme nous le demandions, aurait sans doute rendu plus crédible la promesse d’un plan pluriannuel annoncé pour la suite ». 69 % des professeurs risquent donc d’être bernés. Et globalement, les écarts de rémunérations entre les enseignants français et ceux d’autres pays de l’OCDE persisteront, même en début de carrière. Bonne nouvelle cependant, comme pour la prime d’équipement, les maîtres délégués sont concernés.

La prime d’équipement informatique  

C’est un geste… très symbolique. En économisant un peu, un enseignant, au bout de 7 ou 8 ans, pourra s’acheter un ordinateur ! Il est évident que cette prime ne correspond pas aux besoins réels des personnels. Par ailleurs, elle ne peut être considérée comme une revalorisation. On parle ici d’outils de travail que l’employeur doit mettre à disposition de ses salariés et de ses cadres. Nous avions demandé que cette prime soit sortie de l’enveloppe consacrée à la revalorisation. De plus, à ce jour (le ministère semble vouloir réétudier la question), sous prétexte que les enseignants documentalistes disposeraient de matériel dans leur établissement, ils seraient privés de cette mesure. Ils apprécieront !

Hors-classe et mesures catégorielles

Plus de 1 700 promotions à la hors-classe pour les enseignants du public et du privé, c’est ce qui est annoncé. Cela suffira-t-il pour permettre à tout enseignant de bénéficier réellement de deux grades au moins dans sa carrière, l’accès à la hors-classe ne devant pas avoir lieu la veille de la retraite ? Quant aux mesures catégorielles (45 M€), nous savons qu’elles concerneront les chefs d’établissement du 1er degré (21 M€). Mais pas ceux du privé ! Impossibilité juridique… Et les 24 M€ restants ? Mystère… Pas encore fléchés… nous avons des idées pour utiliser les fonds, il suffit de nous les demander !

Enseignement agricole

La prime d’attractivité et la prime d’équipement concerneront aussi les agents de l’enseignement agricole (5 M€ pris sur les 400 M€). 

 *500 millions en fait sur l’année 2021-2022.