La Fep-CFDT auditionnée au sénat sur l'avenir de l'enseignement agricole

Publié le 02/06/2021

La Fep-CFDT était auditionnée mercredi 26 mai, au Sénat, par la mission d’information sur l’enseignement agricole présidée par le sénateur Jean-Marc Boyer et dont la rapporteure est la sénatrice Nathalie Delattre.

Un rapport courant septembre

Les travaux de cette mission, commencés en février, devraient aboutir à un rapport courant septembre. Ainsi les préconisations pourraient être prises en compte dans la préparation du projet de loi de finances pour 2022. L'examen du projet de loi de finances pour 2021 avait donné lieu à une prise de position forte du Sénat tirant la sonnette d’alarme quant à l’avenir de l’enseignement agricole.

La Fep-CFDT a loué l’initiative de cette mission. En effet, l’enseignement agricole, atypique au niveau européen, arrive sans doute à un tournant de son histoire, vieille de plus de 150 ans. Le constat pourra paraître pessimiste mais certains signaux sont inquiétants. En voici quelques-uns :

Des effectifs en baisse

En premier lieu, on assiste à une crise du recrutement avec des effectifs élèves qui ont chuté ces dernières années, en particulier dans le privé sous contrat et dans certaines filières (services notamment). En cause, la mauvaise image de l’enseignement agricole malgré des efforts de communication récents (« l’Aventure du vivant »), certes un peu stoppés dans leur élan par la crise sanitaire. L’enseignement agricole constitue pourtant bien souvent une seconde chance pour les élèves qui échouent à l’Éducation nationale. Grâce des méthodes pédagogiques innovantes, mêlant le faire au savoir-faire dans des projets interdisciplinaires, les jeunes retrouvent l’envie d’apprendre et développent des compétences, y compris au-delà de la dimension technique. Les taux de réussite et d’insertion professionnelle en témoignent.

Une offre de formations qui doit évoluer

L’enseignement agricole ne s’est pas suffisamment adapté à l’évolution des métiers et ne s’est pas assez investi dans les filières du développement durable, préférant aller sur d’autres terrains en créant des filières services (30 % de l’offre actuellement). En parallèle, on observe une concurrence, de plus en plus vive, des établissements relevant du ministère de l'Éducation nationale.

Des difficultés dans le recrutement des personnels

On observe également des difficultés de recrutement au niveau des enseignants et des formateurs. La multiplication des tâches, toujours grandissantes, les conditions de travail qui se dégradent et le manque de perspectives en termes de rémunération font que le métier perd en attractivité. Du côté des personnels non enseignants, la dénonciation soudaine de la convention collective par les employeurs Cneap (qui pèse 1/3 environ dans l’enseignement agricole) n’est pas non plus un bon signal…

Une certaine inertie administrative

Côté ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, la Fep-CFDT émet quelquefois des doutes sur sa volonté réelle de promouvoir un enseignement privé agricole fort et ambitieux. Incapable de communiquer directement avec ses agents (nous attendons toujours la mise en place d’adresses électroniques professionnelles), il fait souvent preuve d’inertie quand il s’agit de rendre applicables les mesures dont peuvent bénéficier les collègues de l’Éducation nationale ou bien de s’impliquer afin d’éviter la fermeture d’établissements. Le ministère veut-il en finir avec l’enseignement privé agricole ? Souhaite-t-il léguer le volet enseignement à l’Éducation nationale ? La question traverse les esprits, y compris chez certains élus, tous convaincus de la richesse du modèle.

Pour la Fep-CFDT, il est temps que tous les acteurs de l’enseignement agricole agissent ensemble et travaillent à l’amélioration de ce système éducatif si particulier et qui fait la fierté de celles et ceux qui y travaillent. (Voir le dossier de notre magazine de février : Quel avenir pour l’enseignement agricole ?).

Voir les comptes rendus des auditions sur le site du Sénat.

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