Grenelle de l’éducation

Un agenda social, un colloque scientifique, des États généraux du numérique et dix ateliers thématiques, le ministre a « vu grand ». Mais les résultats seront-ils à la hauteur des enjeux et de l’ambition affichée ? Nous en doutons. Nous n’écrirons rien sur les États généraux du numérique car nous n’y avons pas été conviés. On peut lire sur le site ministériel 40 propositions qui ressemblent davantage à de bonnes intentions. Nous savons ce que ces dernières deviennent en général. Par contre, nous avons été conviés, mais la veille seulement, au colloque scientifique et n’avons par conséquent pas pu le suivre. Un replay est possible, toujours sur le site ministériel. À vous de juger.

Agenda social

Un agenda social, c’est le nom donné à des concertations thématiques entre le ministère et les organisations syndicales. Parmi les thèmes retenus figure la fameuse revalorisation des enseignants tant vantée par le ministre et dont on connaît désormais les détails : prime d’attractivité dégressive pour les professeurs ayant au plus 15 années d’ancienneté ; prime d’équipement informatique annuelle pour tous ou presque… ; petite augmentation du taux de promotions d’accès à la hors-classe et mesures dites catégorielles qui restent à préciser. Cela n’est pas rien puisque cela représente la somme de 400 millions pour l’année 2021 (500 millions ensuite, en année pleine). Mais la prime d’attractivité ne concernera que 31 % des enseignants et si, de fait, la hausse salariale sera réelle, il est à douter que nombre de jeunes soient demain aimantés par cette augmentation de pouvoir d’achat pour passer les concours. Nous sommes encore loin des salaires accordés aux enseignants dans d’autres pays européens. La prime d’équipement informatique est la bienvenue, mais cela n’est pas de la revalorisation. Elle devait venir en plus. Et au moment où ces lignes sont écrites, les enseignants documentalistes en seront privés, ce qui est tout bonnement scandaleux. Aussi, si nous ne pouvons que saluer l’effort financier effectué par l’État sur ce chapitre de la revalorisation, nous le jugeons évidemment insuffisant et, surtout, nous ne pouvons accepter qu’il néglige à ce jour une large majorité d’enseignants.

L’incubateur du Grenelle

Le ministère nous objectera qu’il est bien décidé à ce que la revalorisation s’étende, après 2022, aux autres enseignants. Nous sommes cependant sceptiques, car si le ministre actuel peut raisonnablement croire qu’il finira la mandature, ce qui se passera ensuite lui échappe totalement. Et surtout, s’il a arraché au Budget 500 millions d’euros, nous doutons fort qu’il renouvelle cet exploit, vu la situation économique du pays qui risque fort de se dégrader sévèrement dans les années à venir. Mais le ministre veut y croire, il le dit et mise d’ailleurs sur un projet de loi pluriannuelle censée servir à la fois les intérêts des enseignants et de l’École. Que contiendra-t-elle exactement ? On l’ignore ; on sait seulement que les réflexions menées dans les 10 ateliers, c’est cela « l’incubateur du Grenelle », doivent déboucher sur des propositions susceptibles de nourrir le projet de loi. Pour suivre certains de ces ateliers, nous craignons que « l’eau chaude ne soit réinventée ». Car, enfin, ce qu’attendent les enseignants et ce qu’il faut transformer pour que l’École soit celle de toutes et tous, on le sait depuis longtemps, non ?

Voir notre affiche sur le Grenelle : "beaucoup de sauce et peu de lapin"

• Un peu moins de 100 euros nets pour les enseignants ayant atteint le 2^e échelon, c’est la prime d’attractivité. Un peu moins pour les enseignants des échelons suivants. C’est prévu pour 2021.
• Un peu moins de 150 euros nets versés en janvier pour la prime d’équipement informatique.
• 260 promotions supplémentaires pour l’accès à la hors-classe.